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Odes (Horace, Mondot)/7

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Traduction par Jacques Mondot.
Poncelet (p. 18-20).
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À NUMAT PLANQVE


ODE VII.



QVi voudra, suiuant la fureur,
Dont Apollô, enfle son cœur,
Lou’ra la Cité Rhodienne,
Et son bruit semé sur les bords
Plus lointains, par diuers accords,
Ou bien la ville Lesbienne.

Ou d’Éphese les sacrez lieux,
Où Diane amusa ses yeux,
Acceptant les riches ofrandes,
Que la main des superbes Roys
Luy ont offert par tant de fois,
Tesmoings de leurs hautesses grãdes.

Ou bien de Corinthe les murs,
Seul rampart des assaux futurs,
Que de deux eaux le gouffre embrasse
Qu’il sacre à l’immortalité
Thebes où la diuinité
De Baccus, qui là print sa place.

Qu’il seme l’honneur de Delphos,
Du beau fils consacré au los
Du Dieu lupin & de Latone,
Qu’il publie le beau valon
Phocidien, où Apolon
Les Oracles du Ciel entonne.

Qu’il louë le bocage verd
Tempe Thessalien, couuert
De cent & cent couleurs difformes,
La ieunesse des arbrisseaux,
Qui s’enyurent sur les ruisseaux
Pour s’esgaller au sein des ormes.

Plusieurs ne cerchent autre cas
Que de la deesse Pallas

Entonner d’vn mettre la ville
D’Athene, & le fertil rameau
D’vn Olivier, plaisant & beau,
L’honneur de sa tresse gentille.

Les autres redoutans le nom
Et la puissance de Iunon,
Du Ciel, de la terre emperiere,
S’inuitent de Micene au clos
Ou bien prés la cité d"Argos,
Pour franchir leur cource premiere.

Le Sparte bien que patiant,
Ny Larisse ne me meut tant,
Que fait le bruit qui se reueille
Sur la perruque aux nœuds retords,
Comme vn Zephire enfle les bords
D’vne eau, qui pipe mon oreille.

Ou d’Anion le prompt ruisseau
En l’air haussé, qui d’vn coupeau
Esclatant, fait naistre sa cource,
Ou que mes sens sont assaillis
Des plaisirs d’vn herbu taillis
Boyuant quelque argentine source.

Comme quand Éole repaist
Du frein, les vents, & l’air se taist,
Clair void-on du Ciel le visage.
Il faut ainsi d’vn cœur ioyeux
Apres vn Nectar gracieux
Sur tes maux gaigner l’aduantage.

Soit que ton œil mille estendarts
Voye ondoyer en mille parts,
Tristes messagers d’vne guerre,
Ou le meilleur de tes souhaits
De l’heur iouissant d’vne paix,
Au clos de ta maison t’enserre.

Car Teucre prõpt d’vn pied fuyard
Tremblant au furieux regard
De son pere, changea de place
De sa bouche, laissant couler
À ses amis vn doux parler
D’vn beau rondeau ceignit sa face.

Disant, ou le Sort nous verrons
Nous conduire, là nous yrons
Foulans du pied la mesme voye
Mon feu, mon cœur, mes compagnõs
En cuidant perdre nous gaignons
Souuent vne plus riche proye.

Armons nous donq d’vne fierté,
Rendons nostre esprit indomté
Par vn dard aislé de constance,
Tant que sur vous Teucre sera
Maistre & seigneur : Il vous fera
Redouter, & vostre puissance.

Car Apolon n’a dit en vain
 (Ce que ie tiens pour trop certain)
Qu’vne grand ville on verra naistre
De moy ailleurs, qu’on nommera,
Salamine qui lors fera
Sa grandeur par tout recongnoistre.

Chassés d’vn Nectar precieux
Tout semblable à celuy des Dieux,
Des soucis la troupe meurtriere,
Cueillissés d’un oisif seiour
Le doux miel, nous viendrons vn iour
Derechef reuoir nostre terre.