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Odes (Horace, Séguier)/II/12 - À Mécène

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Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 69-70).


XII

À MÉCÈNE


N’exige point sur ma lyre futile
Les longs combats des fougueux Numantins,
L’âpre Annibal, les flots de la Sicile
     D’un sang punique autrefois teints,

L’affreux Lapithe, ou l’ivresse d’Hylée,
Ni ces géants que mit à la raison

Le bras d’Hercule, et par qui fut troublée
     La resplendissante maison

Du vieux Saturne : ah ! mieux que moi, Mécène,
En prosateur tu diras de César
Les faits guerriers, puis ces rois pleins de haine,
     Traînés, captifs, devant son char.

Je dois chanter ta belle Licymnie,
Sa douce voix, ses regards éclatants ;
J’honorerai la tendresse infinie
     Qu’elle apporte en vos feux constants.

Un charme vif de sa jeunesse émane,
Soit qu’elle danse, ou lutte de gaîtés,
Ou que son bras, le jour saint de Diane,
     S’unisse aux bras d’autres beautés.

Eh ! voudrais-tu pour tout l’or d’Achémène,
Pour la Phrygie et ses trésors fameux,
Pour tous les biens de la terre africaine,
     Céder un seul de ses cheveux

Quand l’adorée à tes lèvres brûlantes
Livre son col, ou faiblement s’abstient,
Heureuse alors que tu la violentes…
     Si sa bouche ne te prévient ?