Origine des plantes cultivées/Deuxième partie II

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Deuxième partie
Étude des espèces au point de leur origine, des premiers temps de leur culture et des principaux faits de leur dispersion.

CHAPITRE II

PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU LEURS FEUILLES

Article 1. — Légumes.

Chou ordinaire. — Brassica oleracea, Linné.

Le Chou, tel qu’il est figuré dans l'English botany, t. 637, le Flora Danica, t. 2056, et ailleurs, se trouve sur les rochers du bord de la mer : 1o dans l’île de Laland en Danemark, l’île Heligoland, le midi de l’Angleterre et de l’Irlande, la Normandie, les îles de Jersey et Guernesey et la Charente-Inférieure[1] ; 2o sur la côte septentrionale de la Méditerranée, près de Nice, Gènes et Lucques[2]. Un voyageur du siècle dernier, Sibthorp, disait l’avoir trouvé au mont Athos, mais aucun botaniste moderne ne l’a confirmé, et l’espèce paraît étrangère à la Grèce, aux bords de la mer Caspienne, de même qu’à la Sibérie, où Pallas disait jadis l’avoir vue, et à la Perse[3]. Non seulement les nombreux voyageurs qui ont exploré ces pays ne l’ont pas trouvée, mais les hivers paraissent trop rigoureux pour elle dans l’Europe orientale et la Sibérie. La distribution sur des points assez isolés, et dans deux régions différentes de l’Europe, peut faire soupçonner ou que des pieds en apparence indigènes seraient le résultat, dans plusieurs cas, d’une dissémination provenant des cultures[4], ou que l’espèce aurait été autrefois plus commune et tendrait à disparaître. La présence dans les îles de l’Europe occidentale est favorable à cette dernière hypothèse, mais l’absence dans celles de la mer Méditerranée lui est contraire[5].

Voyons si les données historiques et linguistiques ajoutent quelque chose aux faits de la géographie botanique.

Et d’abord c’est en Europe que les variétés innombrables de choux se sont formées[6], principalement depuis les anciens Grecs. Théophraste en distinguait trois, Pline un nombre double, Tournefort une vingtaine, de Candolle plus de trente. Ce n’est pas d’Orient que sont venues ces modifications, — nouvel indice d’une ancienne culture en Europe et d’une origine européenne.

Les noms vulgaires sont également nombreux dans les langues européennes et rares ou modernes dans les asiatiques. Sans répéter une foule de noms que j’ai cités autrefois[7], je dirai qu’en Europe ils se rattachent à quatre on cinq racines distinctes et anciennes :

Kap ou Kaby dans plusieurs noms celtiques et slaves. Notre nom français Cabus en dérive. L’origine est évidemment la même que pour Caput, à cause de la forme en tête du chou.

Caul, Kohl, de plusieurs langues latines (Caulis, signifiant tige et chou), germaniques (Chôli en ancien allemand, Kohl en allemand moderne, Kaal en danois) et celtiques (Cal en irlandais, Kaol et Kol en breton)[8].

Bresic, Bresych, Brassic, des langues celtiques[9] et latines (Brassica), d’où probablement Berza et Verza des Espagnols et Portugais, Varza des Roumains[10].

Aza, des Basques (Ibères), que M. de Charencey[11] regarde comme propre à la langue euskarienne, mais qui diffère peu des précédents.

Krambai, Crambe, des Grecs et des Latins.

La variété des noms dans les langues celtiques concorde avec l’existence de l’espèce sur les côtes occidentales d’Europe. Si les Aryens Celtes avaient apporté la plante d’Asie, ils n’auraient probablement pas inventé des noms tirés de trois sources différentes. Il est aisé d’admettre, au contraire, que les peuples aryens, voyant le Chou indigène et peut-être employé déjà en Europe par les Ibères ou les Ligures, ont créé des noms ou se sont servis de ceux des peuples plus anciens dans le pays.

Les philologues ont rattaché le Krambai des Grecs au nom persan Karamhy Karam, Kalam, kourde Kalam, arménien Gaghamb[12] ; d’autres à une racine de la langue mère supposée des Aryens, mais ils ne s’accordent pas sur les détails. Selon Fick[13], Karambha, dans la langue primitive indo-germanique, signifie « Gemüsepflanze (légume), Kohl (chou), Karambha voulant dire tige, comme caulis. » Il ajoute que Karambha en sanscrit est le nom de deux légumes. Les auteurs anglo-indiens ne citent pas ce nom prétendu sanscrit, mais seulement un nom des langues modernes de l’Inde, Kopee[14]. Ad. Pictet, de son côté, parle du mot sanscrit Kalamba, « tige de légume, appliqué au chou. » J’ai beaucoup de peine, le l’avoue, à admettre ces étymologies orientales du mot gréco-latin Crambe. Le sens du mot sanscrit est très douteux (si le mot existe), et, quant au mot persan, il faudrait savoir s’il est ancien. J’en doute, car, si le chou avait existé dans l’ancienne Perse, les Hébreux l’auraient connu[15].

Par tous ces motifs, l’espèce me parait originaire d’Europe. La date de sa culture est probablement très ancienne, antérieure aux invasions aryennes, mais on a commencé sans doute par récolter la plante sauvage avant de la cultiver.

Cresson alénois.Lepidium sativum, Linné.

Cette petite Crucifère, usitée aujourd’hui comme salade, était recherchée dans les temps anciens pour certaines propriétés des graines. Quelques auteurs pensent qu’elle répond un Cardamon de Dioscoride ; tandis que d’autres appliquent ce nom à l'Erucaria aleppica[16]. En l’absence de description suffisante, le nom vulgaire actuel étant Cardamon[17], la première des deux suppositions est vraisemblable.

La culture de l’espèce doit remonter à des temps anciens et s’être beaucoup répandue, car il existe des noms très différents : en arabe Reschad, en persan Turehtezuk[18], en albanais, langue dérivée des Pelasges, Diéges[19], sans parler de noms tirés de l’analogie de goût avec le cresson (Nasturtium officinale). Il y a des noms très distincts en hindoustani et bengali, mais on n’en connaît pas en sanscrit[20].

Aujourd’hui, la plante est cultivée en Europe, dans l’Afrique septentrionale, l’Asie occidentale, l’Inde et ailleurs ; mais, d’où est-elle originaire ? C’est assez obscur.

Je possède plusieurs échantillons recueillis dans l’Inde, où sir J. Hooker[21] ne regarde pas l’espèce comme indigène. Kotschy l’a rapportée de l’île Karek ou Karrak, du golfe Persique. L’étiquette ne dit pas que ce fût une plante cultivée. M. Boissier[22] en parle, sans ajouter aucune réflexion, et il mentionne ensuite des échantillons d’Ispahan et d’Égypte recueillis dans les cultures. Olivier est cité pour avoir vu le Cresson alénois en Perse, mais on ne dit pas si c’était à l’état vraiment spontané[23]. On répète dans les livres que Sibthorp l’a trouvé dans l’île de Chypre, et, quand on remonte à son ouvrage, on voit que c’était dans les champs[24]. Poech ne l’a pas mentionné à Chypre[25]. Unger et Kotschy[26] ne le disent pas spontané dans cette île. D’après Ledebour[27], Koch l’a trouvé autour du couvent du Mont Ararat, Pallas près de Sarepta, Palk au bord de l’Oka, affluent du Volga ; enfin H. Martius l’a cité dans sa flore de Moscou ; mais on n’a pas de preuves de la spontanéité dans ces diverses localités. Lindemann[28], en 1860, ne comptait pas l’espèce parmi celles de Russie, et, pour la Crimée, il l’indique seulement comme cultivée[29]. D’après Nyman[30], le botaniste Schur l’aurait trouvée sauvage en Transylvanie, tandis que les flores de l’Autriche-Hongrie ne citent pas l’espèce, ou la disent cultivée ou croissant dans les terrains cultivés.

Je suis porté à croire, d’après l’ensemble de ces données plus ou moins douteuses, que la plante est originaire de Perse, d’où elle a pu se répandre, après l’époque du sanscrit, dans les jardins de l’Inde, de la Syrie, de la Grèce, de l’Égypte et jusqu’en Abyssinie[31].

Pourpier. — Portulaca oleracea, Linné.

Le pourpier est une des plantes potagères les plus répandues dans l’ancien monde, depuis des temps très reculés. On l’a transportée en Amérique, où elle se naturalise, comme en Europe, dans les jardins, les décombres, au bord des chemins, etc. C’est un légume plus ou moins usité, une plante officinale et en même temps une excellente nourriture pour les porcs.

On lui connaît un nom sanscrit, Lonica ou Lounia, qui se retrouve dans les langues modernes de l’Inde[32]. Les noms grec Andrachne et latin Portulaca sont tout autres, de même que le groupe des noms Cholza en persan, Khursa ou Koursa en hindoustani, Kourfa Kara-or en arabe, en tartare, qui paraissent l’origine de Kurza-noga en polonais, Kurj-noha en bohème, Kreusel en allemand, sans parler du nom Schrucha des Russes et de quelques autres de l’Asie orientale[33]. Il n’est pas nécessaire d’être linguiste pour voir certaines dérivations dans ces noms, indiquant que les peuples asiatiques dans leurs migrations diverses ont transporté leurs noms de la plante ; mais cela ne prouve pas qu’ils l’aient transportée elle-même. Ils peuvent l’avoir reconnue dans les pays où ils arrivaient. D’un autre côté l’existence de trois ou quatre racines différentes fait présumer que des peuples européens antérieurs aux migrations des Asiatiques avaient déjà des noms pour l’espèce, et que celle-ci, par conséquent, est très ancienne en Europe comme en Asie.

L’état cultivé, naturalisé autour des cultures ou spontané est bien difficile à connaître pour une plante si répandue et qui se propage facilement au moyen de ses petites graines, en nombre immense.

A l’est du continent asiatique, elle ne paraît pas aussi ancienne que dans l’ouest, et jamais les auteurs ne disent que ce soit une plante spontanée[34]. Dans l’Inde, c’est bien différent. Sir J. Hooker dit[35] : Croissant dans l’Inde jusqu’à 5000 p. dans l’Himalaya. Il indique aussi dans le nord-ouest de l’Inde la variété à tige dressée qu’on cultive, avec l’ordinaire, en Europe. Je ne trouve rien de positif sur les localités de Perse, mais on en mentionne de si nombreuses et dans des pays si peu cultivés, sur les bords de la mer Caspienne, autour du Caucase, et même dans la Russie méridionale[36], qu’il est difficile de ne pas admettre l’indigénat dans cette région centrale d’où les peuples asiatiques ont envahi l’Europe. En Grèce, la plante est spontanée aussi bien que cultivée[37]. Plus loin, vers l’ouest, en Italie, etc., on recommence à trouver dans les flores pour toute indication les champs, les jardins, les décombres et autres stations suspectes[38].

Ainsi les documents linguistiques et botaniques concourent à faire regarder l’espèce comme originaire de toute la région qui s’étend de l’Himalaya occidental à la Russie méridionale et la Grèce.

Tétragone étalée. — Tetragonia expansa, Murray.

Les Anglais appellent cette plante Épinard de la Nouvelle-Zélande, parce qu’elle avait été rapportée de ce pays et cultivée par sir Joseph Banks, lors du célèbre voyage du capitaine Cook. C’est une plante singulière, sous deux points de vue. D’abord elle est la seule espèce cultivée qui provienne de la Nouvelle-Zélande ; ensuite elle appartient à une famille de plantes ordinairement charnues, les Ficoïdes, dont aucune autre espèce n’est employée. Les horticulteurs[39] la recommandent, comme un légume annuel, dont le goût est à peu près celui de l’Épinard, mais qui supporte mieux la sécheresse et devient par ce motif une ressource dans la saison où l’Épinard fait défaut.

Depuis le voyage de Cook, on l’a trouvée sauvage, principalement sur les côtes de la mer, non seulement à la Nouvelle-Zélande, mais en Tasmanie, dans le sud et l’ouest de l’Australie, au Japon et dans l’Amérique australe[40]. Reste à savoir si, dans ces dernières localités, elle n’est pas naturalisée, car elle est indiquée près des villes, au Japon et au Chili[41].

Céleri cultivé. — Apium graveolens, Linné.

Comme beaucoup d’Ombellifères, des lieux humides, le Céleri sauvage a une habitation étendue. Il existe depuis la Suède jusqu’à l’Algérie, l’Égypte, l’Abyssinie, et en Asie depuis le Caucase jusque dans le Belouchistan et les montagnes de l’Inde anglaise[42].

Il en est question déjà dans l’Odyssée, sous le nom de Selinon, et dans Théophraste ; mais plus tard Dioscoride et Pline[43] distinguent le Céleri sauvage et le Céleri cultivé. Dans celui-ci, on fait blanchir les feuilles, ce qui diminue beaucoup l’amertume. L’ancienneté de la culture fait comprendre pourquoi les variétés de jardin sont nombreuses. Une des plus différentes de l’état naturel est le Céleri rave, dont la racine charnue se mange cuite.

Cerfeuil. — Scandix Cerefolium, Linné. — Anthriscus Cerefolium, Hoffmann.

Il n’y a pas longtemps que l’origine de cette petite Ombellifère, si commune dans nos jardins, était inconnue. Comme beaucoup d’espèces annuelles, on la voyait paraître dans les décombres, les bords de haies, les terrains peu cultivés, et l’on ne savait pas s’il fallait la regarder comme spontanée. Dans l’Europe occidentale et méridionale, elle semble adventive, plus ou moins naturalisée ; mais, dans le sud-est de la Russie et dans l’Asie occidentale tempérée, elle paraît spontanée. Steven[44] l’indique dans « les bois de la Crimée, çà et là ». M. Boissier[45] a reçu plusieurs échantillons des provinces au midi du Caucase, de Turcomanie et des montagnes de la Perse septentrionale, localités probablement naturelles de l’espèce. Elle manque aux flores de l’Inde et de l’Asie orientale.

Les auteurs grecs n’en ont pas parlé. La première mention chez les anciens est dans Columelle et Pline[46], c’est-à-dire au commencement de l’ère chrétienne. On la cultivait. Pline l’appelle Cerefolium. Probablement l’espèce s’était introduite dans le monde gréco-romain depuis Théophraste, c’est-à-dire dans le laps des trois siècles qui ont précédé l’ère actuelle.

Persil. — Petroselinum sativum, Moench

Cette Ombellifère bisannuelle est sauvage dans le midi de l’Europe, depuis l’Espagne jusqu’en Macédoine. On l’a trouvée aussi à Tlemcen en Algérie et dans le Liban[47].

Dioscoride et Pline en ont parlé sous le nom de Petroselinon et Petroselinum, mais comme d’une plante sauvage et officinale[48]. Rien ne prouve qu’elle fût cultivée de leur temps. Dans le moyen âge Charlemagne la comptait parmi les plantes qu’il ordonnait de cultiver dans ses jardins[49]. Olivier de Serres, au XVIe siècle, cultivait le Persil. Les jardiniers anglais l’ont reçu en 1548[50].

Quoique la culture ne soit pas ancienne et importante, il s’est produit déjà deux races, qu’on appellerait des espèces, si on les voyait à l’état spontané : le Persil à feuilles frisées et celui dont la racine charnue est comestible.

Ache ou Maceron. — Smyrnium Olus-atrum, Linné.

De toutes les Ombellifères servant de légumes, celle-ci a été une des plus communes dans les jardins pendant environ quinze siècles, et maintenant elle est abandonnée. On peut suivre ses commencements et sa fin. Théophraste en parlait comme d’une plante officinale sous le nom de Ipposelinon, mais trois cents ans plus tard Dioscoride[51] dit qu’on en mangeait la racine ou les feuilles, à volonté, ce qui fait supposer une culture. Les Latins l’appelaient Olus-atrum, Charlemagne Olisatum, et il ordonnait d’en semer dans ses fermes[52]. Les Italiens l’ont beaucoup employée, sous le nom de Macerone[53]. A la fin du XVIIIe siècle, la tradition existait en Angleterre que cette plante était jadis cultivée ; ensuite les horticulteurs anglais ou français n’en parlent plus[54].

Le Smyrnium Olus-atrum est spontané dans toute l’Europe méridionale, en Algérie, en Syrie et dans l’Asie Mineure[55].

Mâche ou Doucette. — Valerianella olitoria, Linné.

Cultivée fréquemment pour salade, cette plante annuelle, de la famille des Valérianées, se trouve à l’état spontané dans toute l’Europe tempérée jusqu’au 60e degré environ, dans l’Europe méridionale, aux îles Canaries, Madère et Açores, dans le nord de l’Afrique, l’Asie Mineure et les environs du Caucase[56]. Elle y est souvent dans les terrains cultivés, aux abords des villages, etc., ce qui rend assez difficile de savoir où elle existait avant d’être cultivée. On la cite cependant, en Sardaigne et en Sicile, dans les prés et pâturages de montagnes[57]. Je soupçonne qu’elle est originaire de ces îles seulement, et que partout ailleurs elle est adventive ou naturalisée. Ce qui me le fait penser, c’est qu’on n’a découvert chez les auteurs grecs ou latins aucun nom qui paraisse pouvoir lui être attribué. On ne peut même citer, d’une manière certaine, aucun botaniste du moyen âge ou du XVIe siècle qui en ait parlé. Il n’en est pas question non plus parmi les légumes usités en France au XVIIe siècle, d’après le Jardinier français de 1651 et l’ouvrage de Laurenberg, Horticultura (Francfort, 1632). La culture et même l’emploi de cette salade paraissent donc modernes, ce qui n’avait pas été remarqué.

Cardon. — Cynara Cardunculus, Linné.

Artichaut. — Cynara Scolymus, Linné. — C. Cardunculus, var. sativa, Moris.

Depuis longtemps, quelques botanistes ont émis l’idée que l’artichaut est probablement une forme obtenue, par la culture, du Cardon sauvage[58]. Aujourd’hui, de bonnes observations en ont donné la preuve. Moris[59], par exemple, ayant cultivé, dans le jardin de Turin, la plante spontanée de Sardaigne à côté de l’Artichaut, affirme qu’on ne pouvait plus les distinguer par de véritables caractères. MM. Wilkomm et Lange[60], qui ont bien observé, en Espagne, la plante spontanée et l’Artichaut qu’on y cultive, ont la même opinion. D’ailleurs l’Artichaut n’a pas été trouvé hors des jardins, et comme la région de la Méditerranée, patrie de tous les Cynara, a été explorée à fond, on peut affirmer qu’il n’existe nulle part spontané.

Le Cardon dans lequel il faut comprendre le C. horrida, de Sibthorp, est indigène à Madère et aux Canaries, dans les montagnes du Maroc près de Mogador, dans le midi et l’orient de la péninsule ibérique, le midi de la France, de l’Italie, de la Grèce et dans les îles de la mer Méditerranée, jusqu’à celle de Chypre[61]. Munby[62] n’admet pas le C. Cardunculus comme spontané en Algérie, mais bien le Cynara humilis Linné, qui est considéré par quelques auteurs comme une variété.

Le Cardon cultivé varie beaucoup au point de vue de la division des feuilles, du nombre des épines et de la taille, diversités qui indiquent une ancienne culture. Les Romains mangeaient le réceptacle qui porte les fleurs, et les Italiens le mangent aussi sous le nom de girello. Les modernes cultivent le Cardon pour la partie charnue des feuilles, usage qui n’est pas encore introduit en Grèce[63].

L’Artichaut présente moins de variétés, ce qui appuie l’opinion qu’il est une dérivation obtenue du Cardon. Targioni[64], dans un excellent article sur cette plante, raconte que l’Artichaut a été apporté de Naples à Florence en 1466, et il prouve que les anciens, même Athénée, ne connaissaient pas l’Artichaut, mais seulement les Cardons sauvages et cultivés. Il faut citer cependant, comme indice d’ancienneté dans le nord de l’Afrique, la circonstance que les Berbères ont deux noms tout à fait particuliers pour les deux plantes : Addad pour le Cardon, Taga pour l’artichaut[65].

On croit que les Kactos, Kinara et Scolimos des Grecs et le Carduus des horticulteurs romains étaient le Cynara Cardunculus[66], quoique la description la plus détaillée, celle des Théophraste, soit assez confuse. « La plante, disait-il, croît en Sicile » ce qui est encore vrai ; et il ajoutait : « non en Grèce. » Il est donc possible que les pieds observés de nos jours dans ce pays soient le résultat de naturalisations par le fait des cultures. D’après Athénée[67] le roi d’Égypte Ptolomée Euergètes, du IIe siècle avant Jésus-Christ, avait trouvé en Lybie une grande quantité de Kinara sauvages, dont ses soldats avaient profité.

Malgré la proximité de l’habitation naturelle de l’espèce je doute beaucoup que les anciens Égyptiens aient cultivé le Cardon ou l’artichaut. Pickering et Unger[68] ont cru le reconnaître dans quelques dessins des monuments ; mais les deux figures que Unger regarde comme le plus admissibles me paraissent extrêmement douteuses. D’ailleurs on ne connaît aucun nom hébreu, et les Juifs auraient probablement parlé de ce légume s’ils l’avaient vu en Égypte. L’extension de l’espèce doit s’être faite en Asie assez tardivement. Il y a un nom arabe, Hirschuff ou Kerschouff et un nom persan, Kunghir[69], mais pas de nom sanscrit, et les Hindous ont pris le nom persan Kunjir[70], ce qui montre l’époque tardive de l’introduction. Les auteurs chinois n’ont mentionné aucun Cynara[71]. En Angleterre, la culture de l’Artichaut n’a été introduite qu’en 1548[72]. L’un des faits les plus curieux dans l’histoire du Cynara Cardunculus est sa naturalisation, dans le siècle actuel, sur une vaste étendue des pampas de Buenos-Ayres, au point de gêner les communications[73]. Il devient incommode également au Chili[74]. On ne dit pas que l’Artichaut se naturalise de cette manière nulle part, ce qui est encore l’indice d’une origine artificielle.

Laitue. — Lactuca Scariola, var. sativa.

Les botanistes s’accordent à considérer la laitue cultivée comme une modification de l’espèce sauvage appelée Lactuca Scariola[75].

Celle-ci croît dans l’Europe tempérée et méridionale, aux îles Canaries et Madère[76], en Algérie[77], en Abyssinie[78] et dans l’Asie occidentale tempérée. M. Boissier en cite des échantillons de l’Arabie Pétrée jusqu’à la Mésopotamie et le Caucase[79]. Il mentionne une variété à feuilles crispées, par conséquent analogue à certaines laitues de nos jardins, que le voyageur Hausknecht lui a apportée d’une montagne du Kurdistan. J’ai un échantillon de Sibérie, près du fleuve Irtysch, et on sait maintenant d’une manière certaine que l’espèce croît dans l’Inde septentrionale, du Cachemir au Nepaul[80]. Dans tous ces pays, elle est souvent près des cultures ou dans les décombres, mais souvent aussi dans des rocailles, des taillis ou des prés, comme une plante bien spontanée.

La laitue cultivée se sème fréquemment dans la campagne, hors des jardins. Personne, à ma connaissance, ne l’a suivie dans ce cas pendant quelques générations ou n’a essayé de cultiver le L. Scariola sauvage, pour voir si le passage d’une forme à l’autre est facile. Ils se pourrait que l’habitation primitive de l’espèce se fût étendue par la diffusion de laitues cultivées faisant retour à la forme sauvage. Ce qui est connu, c’est l’accroissement du nombre des variétés cultivées, depuis environ 2000 ans. Théophraste en indiquait trois[81] ; Le Bon jardinier, de 1880, une quarantaine, existant en France.

Les anciens Grecs et les Romains cultivaient la laitue, surtout comme salade. En Orient, la culture remonte peut-être à une époque plus ancienne. Cependant, d’après les noms vulgaires originaux, soit en Asie, soit en Europe, il ne semble pas que cette plante ait été généralement et très anciennement cultivée. On ne cite pas de nom sanscrit, ni hébreu, ni de la langue reconstruite des Aryens. Il existe un nom grec, Tridax ; latin, Lactuca ; persan et hindoustani, Kahu, et l’analogue arabe Chuss ou Chass. Le nom latin existe aussi, légèrement modifié, dans plusieurs langues slaves et germaniques[82], ce qui peut signifier ou que les Aryens occidentaux l’ont répandu, ou que la culture s’est propagée plus tard, avec le nom, du midi au nord de l’Europe.

Le Dr Bretschneider a confirmé ma supposition[83] que la Laitue n’est pas très ancienne en Chine et qu’elle y a été introduite de l’ouest. Il dit que le premier ouvrage où elle soit mentionnée date de 600 à 900 de notre ère[84]

Chicorée sauvage. — Cichorium Intybus, Linné.

La Chicorée sauvage, vivace, qu’on cultive comme légume, salade, fourrage, et pour les racines, servant de café, croît dans toute l’Europe, excepté la Laponie, dans le Maroc et l’Algérie[85], de l’Europe orientale à l’Afghanistan et le Bélouchistan[86], dans le Punjab et le Cachemir[87], et de la Russie au lac Baïkal en Sibérie[88]. La plante est certainement spontanée dans la plupart de ces pays ; mais, comme elle croit souvent au bord des chemins et des champs, il est probable qu’elle a été transportée par l’homme en dehors de sa patrie primitive. Ce doit bien être le cas dans l’Inde, car on ne cite aucun nom sanscrit.

Les Grecs et les Romains employaient cette espèce, sauvage et cultivée[89] mais ce qu’ils en disent est trop abrégé pour être clair. D’après M. de Heldreich, les Grecs modernes emploient sous le nom général de Lachana, comme légume et salade, dix-sept Cichoracées différentes, dont il donne la liste[90]. Selon lui, l’espèce ordinairement cultivée est le Cichorium divaricatum, Schousboe (C. pumilum, Jacquin), mais il est annuel, et la Chicorée dont parle Théophraste était vivace.

Chicorée Endive. — Cichorium Endivia, Linné.

Les Chicorées blanches, Endives ou Scarole, des jardins, se distinguent du Cichorium Intybus en ce qu’elles sont annuelles et d’une saveur moins amère. En outre, les lanières de leur aigrette au-dessus de la graine sont quatre fois plus longues, et inégales, au lieu d’être égales. Aussi longtemps qu’on comparait cette plante avec le C. Intybus, il était difficile de ne pas admettre deux espèces. On ne connaissait pas l’origine du C. Endivia. Lorsque nous reçûmes, il y a quarante ans, des échantillons d’un Cichorium de l’Inde appelé par Hamilton C. Cosmia, ils nous parurent tellement semblables à l’Endive que nous eûmes l’idée de voir l’origine de celle-ci dans l’Inde, comme on l’avait quelquefois supposé[91] ; mais les botanistes anglo-indiens disaient, et ils affirment de plus en plus, que la plante indienne est seulement cultivée[92]. L’incertitude continuait donc sur l’origine géographique. Dès lors, plusieurs botanistes[93] ont eu l’idée de comparer l’Endive avec une espèce annuelle, spontanée dans la région méditerranéenne, le Cichorium pumilum, Jacquin (C. divaricatum, Schousboe), et les différences ont été trouvées si légères que les uns ont soupçonné, les autres ont affirmé l’identité spécifique. Quant à moi, après avoir vu des échantillons sauvages, de Sicile, et comparé les bonnes figures publiées par Reichenbach (Icones, vol. 19, pl. 1357 et 1358), je n’ai aucune objection à prendre les Endives cultivées pour des variétés de la même espèce que le C. pumilum. Dans ce cas, le nom le plus ancien étant C. Endivia, c’est celui qu’on doit conserver, comme l’a fait Schultz. Il rappelle d’ailleurs un nom vulgaire commun à plusieurs langues.

La plante spontanée existe dans toute la région dont la Méditerranée est le centre, depuis Madère[94], le Maroc[95] et l’Algérie[96], jusqu’à la Palestine[97], le Caucase et le Turkestan[98]. Elle est commune surtout dans les îles de la Méditerranée et en Grèce. Du côté ouest, par exemple en Espagne et à Madère, il est probable qu’elle s’est naturalisée par un effet des cultures, d’après les stations qu’elle occupe dans les champs et au bord des routes.

On ne trouve pas, dans les textes anciens, une preuve positive de l’emploi de cette plante chez les Grecs et les Romains[99] ; mais il est probable qu’ils s’en servaient comme de plusieurs autres Chicoracées. Les noms vulgaires n’indiquent rien, parce qu’ils ont pu s’appliquer aux deux espèces de Cichorium. Ils sont peu variés[100] et font présumer une culture sortie du milieu gréco-romain. On cite un nom hindou, Kasni, et tamul, Koschi[101], mais aucun nom sanscrit, ce qui indique une extension tardive de la culture dans l’est.

Épinard. — Spinacia oleracea, Linné.

Ce légume était inconnu aux Grecs et aux Romains[102]. Il était nouveau en Europe au XVIe siècle[103], et l’on a discuté pour savoir s’il devait s’appeler Spanachia, comme venant d’Espagne, ou Spinacia, à cause des épines du fruit[104]. La suite a montré que le nom vient de l’arabe Isfânâdsch, Esbanach ou Sebanach, suivant les auteurs[105]. Les Persans disent Ispany ou Ispanaj[106], et les Hindous Isfany ou Palak, d’après Piddington, ou encore Pinnis, d’après le même et Roxburgh. L’absence de nom sanscrit indique une culture peu ancienne dans ces régions. Loureiro a vu l’Épinard cultivé à Canton, et M. Maximowicz en Mandschourie[107] ; mais M. Brestschneider nous apprend que le nom chinois signifie Herbe de Perse, et que les légumes occidentaux ont été introduits ordinairement en Chine un siècle avant l’ère chrétienne[108]. Il est donc probable que la culture a commencé en Perse depuis la civilisation gréco-romaine, ou qu’elle ne s’est pas répandue promptement à l’est ni à l’ouest de son origine persane. On ne connaît pas de nom hébreu, de sorte que les Arabes doivent avoir reçu des Persans la plante et le nom. Rien ne fait présumer qu’ils aient apporté ce légume en Espagne. Ebn Baithar, qui vivait en 1235, était de Malaga ; mais les ouvrages arabes qu’il cite ne disent pas où la plante était cultivée, si ce n’est l’un d’eux qui parle de sa culture commune à Ninive et Babylone. L’ouvrage de Herrera sur l’agriculture espagnole ne mentionne l’espèce que dans un supplément, de date moderne, d’où il est probable que l’édition de 1513 n’en parlait pas. Ainsi la culture en Europe doit être venue d’Orient à peu près dans le XVe siècle.

On répète dans quelques livres populaires que l’Épinard est originaire de l’Asie septentrionale, mais rien ne peut le faire présumer. Il vient évidemment de l’ancien empire des Mèdes et des Perses. D’après Bosc[109], le voyageur Olivier en avait rapporté des graines recueillies, en Orient, dans la campagne. Ce serait une preuve positive si le produit de ces graines avait été examiné par un botaniste pour s’assurer de l’espèce et de la variété. Dans l’état actuel des connaissances, il faut convenir qu’on n’a pas encore trouvé l’Épinard à l’état sauvage, à moins qu’il ne soit une modification cultivée du Spinacia tetrandra Steven, qui est spontané au midi du Caucase, dans le Turkestan, en Perse et dans l’Afghanistan, et qu’on emploie comme légume sous le nom de Schamum[110].

Sans entrer ici dans une discussion purement botanique, je dirai qu’en lisant les descriptions citées par M. Boissier, en regardant la planche de Wight[111] du Spinacia tetrandra Roxb., cultivé dans l’Inde, et quelques échantillons d’herbier, je ne vois pas de caractère bien distinctif entre cette plante et l’Épinard cultivé à fruits épineux. Le terme de tetrandra exprime l’idée que l’une des plantes aurait cinq et l’autre quatre étamines, mais le nombre varie dans nos Épinards cultivés[112].

Si, comme cela paraît probable, les deux plantes sont deux variétés, l’une cultivée, l’autre tantôt sauvage et tantôt cultivée, le nom le plus ancien S. oleracea doit subsister, d’autant plus que les deux plantes se voient dans les cultures du pays d’origine.

L’Épinard de Hollande ou gros Épinard, dont le fruit n’a pas d’épines, est évidemment un produit des jardins. Tragus, soit Bock, en a parlé le premier dans le XVIe siècle[113].

Brède de Malabar. — Amarantus gangeticus, Linné.

Plusieurs Amarantes annuelles sont cultivées, comme légume vert, dans les îles Maurice, Bourbon et Seychelles, sous le nom de Brède de Malabar[114]. Celle-ci paraît la principale. On la cultive beaucoup dans l’Inde. Les botanistes anglo-indiens l’ont prise pendant quelque temps pour l’Amarantus oleraceus de Linné, et Wight en a donné une figure sous ce nom[115], mais on a reconnu qu’elle en diffère et qu’elle se rapporte à l’A. gangeticus. Ses variétés, fort nombreuses, de taille, de couleur, etc., portent dans la langue télinga le nom de Tota Kura, avec addition quelquefois d’un adjectif pour chacune. Il y a d’autres noms en bengali et hindoustani. Les jeunes pousses remplacent quelquefois les asperges sur la table des Anglais[116]. L’A. melancholicus, souvent cultivé dans les jardins d’Europe pour l’ornement, est regardé comme une des formes de l’espèce.

Le pays d’origine est peut-être l’Inde, mais je ne vois pas qu’on y ait récolté la plante à l’état spontané ; du moins les auteurs ne l’affirment pas. Toutes les espèces du genre Amarante se répandent dans les terrains cultivés, les décombres, les bords de routes, et se naturalisent ainsi à moitié, dans les pays chauds comme en Europe. De là une extrême difficulté pour distinguer les espèces et surtout pour deviner ou constater leur origine. Les espèces les plus voisines du gangeticus paraissent asiatiques.

L’A. gangeticus est indiqué comme spontané en Égypte et en Abyssinie, par des auteurs très dignes de confiance[117] ; mais ce n’est peut-être que le fait de naturalisations du genre de celles dont je parlais. L’existence de nombreuses variétés et de noms divers dans l’Inde rend l’origine indienne très probable. Les Japonais cultivent comme légume les Amarantus caudatus, mangostanus et melancholicus (ou gangeticus), de Linné[118], mais rien ne prouve qu’aucun d’entre eux soit indigène. A Java, on cultive l’A. polystachyus, Blume, très commun dans les décombres, au bord des chemins[119], etc.

Je parlerai plus loin des espèces cultivées pour leurs graines.

Poireau ou Porreau. — Allium Ampeloprasum, var. Porrum.

D’après la monographie très soignée de J. Gay[120], le Porreau, conformément aux soupçons d’anciens auteurs[121], ne serait qu’une variété cultivée de l’Allium Ampeloprasum de Linné, si commun en Orient et dans la région de la mer Méditerranée, spécialement en Algérie, lequel, dans l’Europe centrale, se naturalise quelquefois dans les vignes et autour d’anciennes cultures[122]. Gay semble s’être défié beaucoup des indications des flores du midi de l’Europe, car, à l’inverse de ce qu’il fait pour les autres espèces dont il énumère les localités hors de l’Algérie, il ne cite dans le cas actuel que les localités algériennes, admettant néanmoins la synonymie des auteurs pour d’autres pays.

La forme du Porrum cultivé n’a pas été trouvée sauvage. On la cite seulement dans des localités suspectes, comme les vignes, les jardins, etc. Ledebour[123] indique, pour l’A. Ampeloprasum, les confins de la Crimée et les provinces au midi du Caucase. Wallich en a rapporté un échantillon de Kamaon, dans l’Inde[124], mais on ne peut pas être sûr qu’il fût spontané. Les ouvrages sur la Cochinchine (Loureiro), la Chine (Bretschneider), le Japon (Franchet et Savatier) n’en parlent pas.

Article 2, — Fourrages.

Luzerne. — Medicago sativa, Linné.

La Luzerne était connue des Grecs et des Romains. Ils l’appelaient en grec Medicai, en latin Medica ou Herba medica, parce qu’elle avait été apportée de Médie, lors de la guerre contre les Perses, environ 470 ans avant l’ère chrétienne[125]. Les Romains la cultivaient fréquemment, du moins depuis le commencement du Ie ou IIe siècle. Caton n’en parle pas[126], mais bien Varron, Columelle, Virgile, etc. De Gasparin[127] fait remarquer que Crescenz, en 1478, n’en faisait pas mention pour l’Italie, et qu’en 1711 Tull ne l’avait pas vue au delà des Alpes. Targioni cependant, qui n’a pas pu se tromper sur ce point, dit que la culture de la Luzerne s’est maintenue en Italie, surtout en Toscane, depuis les anciens[128]. Dans la Grèce moderne, elle est rare[129].

Les cultivateurs français ont souvent appliqué à la Luzerne le nom de Sainfoin (jadis Sain foin), qui est celui de l’Onohrychis sativa, et cette transposition existe encore aux environs de Genève, par exemple. Le nom de Luzerne a été supposé venir de la vallée de Luzerne, en Piémont, mais il y a une autre origine plus probable. Les Espagnols avaient un ancien nom, Eruye, cité par J. Bauhin[130], et les Catalans disent Userdas[131], d’où vient peut-être le nom patois du midi de la France, Laouzerdo, très voisin de Luzerne. La culture en était si commune en Espagne que les Italiens ont quelquefois appelé la plante Herba spagna[132]. Les Espagnols, outre les noms indiqués, disent Mielga ou Melga, qui paraît venir de Medica, mais ils emploient surtout les noms tirés de l’arabe Alfafa, Alfasafat, Alfalfa, Dans le XIIIe siècle, le célèbre médecin Abn Baithar, qui écrivait à Malaga, emploie le mot arabe Fisfisat, qu’il rattache au nom persan Isfist[133]. On voit que si l’on se fiait aux noms vulgaires l’origine de la plante serait ou l’Espagne, ou le Piémont, ou plutôt la Perse. Heureusement les botanistes peuvent fournir des preuves directes et positives sur la patrie de l’espèce.

Elle a été recueillie spontanée, avec toutes les apparences d’une plante indigène, dans plusieurs provinces de l’Anatolie, au midi du Caucase, dans plusieurs localités de Perse, en Afghanistan, dans le Belouchistan[134], et en Cachemir[135]. D’autres localités dans le midi de la Russie, indiquées par les auteurs, sont peut-être le résultat des cultures, comme cela se voit dans l’Europe méridionale. Les Grecs peuvent donc avoir tiré la plante de l’Asie Mineure aussi bien que de la Médie, qui s’entendait surtout de la Perse septentrionale.

Cette origine, bien constatée, de la Luzerne, me fait apercevoir, comme une chose singulière, qu’on ne lui connaît aucun nom sanscrit[136]. Le Trèfle et le Sainfoin n’en avaient pas non plus, ce qui fait supposer que les Aryens n’avaient pas de prairies artificielles.

Sainfoin. Esparcette. — Hedysarum Onobrychis, Linné. — Onobrychis sativa, Lamarck.

Cette Légumineuse, dont l’utilité est incontestable dans les terrains secs et calcaires des régions tempérées, n’est pas d’un usage ancien. Les Grecs ne la cultivaient pas, et aujourd’hui encore leurs descendants ne Font pas introduite dans leur agriculture[137]. La plante nommée Onobrychis dans Dioscoride et Pline est l'Onobrychis Caput-Galli des botanistes modernes[138], espèce sauvage en Grèce et ailleurs, qu’on ne cultive pas. L’Esparcette, Lupinella des Italiens, était fort estimée, comme fourrage, dans le midi de la France, à l’époque d’Olivier de Serres[139], c’est-à-dire au XVIe siècle ; mais en Italie c’est surtout dans le XVIIIe que la culture s’en est répandue, particulièrement en Toscane[140].

L’Esparcette ou Sainfoin (autrefois Sain foin) est une plante vivace qui croît spontanément dans l’Europe tempérée, au midi du Caucase, autour de la mer Caspienne[141] et même au delà du lac Baïkal[142]. Dans le midi de l’Europe, elle est seulement sur les collines. Gussone ne la compte pas dans les espèces spontanées de Sicile, ni Moris dans celles de Sardaigne, ni Munby dans celles d’Algérie.

On ne connaît pas de nom sanscrit, persan ou arabe. Tout indique pour la culture une origine du midi de la France, peut-être aussi tardive que le XVe siècle.

Sulla ou Sainfoin d’Espagne. — Hedysarum coronarium, Linné.

La culture de cette Légumineuse, analogue au Sainfoin, dont on peut voir une bonne figure dans la Flore des serres et des jardins, vol. 13, pl. 1382, s’est répandue, dans les temps modernes, en Italie, en Sicile, à Malte et dans les îles Baléares[143]. Le marquis Grimaldi, qui l’a signalée le premier aux agriculteurs, en 1766, l’avait vue à Seminara, dans la Calabre ultérieure ; de Gasparin[144] la recommande pour l’Algérie, et il est probable que les agriculteurs de pays analogues en Australie, au Cap et dans l’Amérique méridionale ou le Mexique feraient bien de l’essayer La plante a péri aux environs d’Orange par un froid de - 6° C.

L’Hedysarum coronarium croit en Italie, depuis Gènes jusqu’à la Sicile et la Sardaigne[145], dans le midi de l’Espagne[146] et en Algérie, où elle est indiquée comme rare[147]. C’est donc une espèce assez limitée quant à son aire géographique.

Trèfle. — Trifolium pratense, Linné.

La culture du Trèfle n’existait pas dans l’antiquité, quoique sans doute la plante fût connue de presque tous les peuples d’Europe et de l’Asie tempérée occidentale. L’usage s’en est introduit d’abord dans les Flandres, au XVIe siècle, peut-être même plus tôt, et, d’après Schwerz, les protestants expulsés par les Espagnols la portèrent en Allemagne, où ils s’établirent sous la protection de l’Électeur palatin. C’est aussi de Flandre que les Anglais la reçurent, en 1633, par l’influence de Weston, comte de Portland, lord Chancelier[148].

Le Trifolium pratense est indigène dans toutes les parties de l’Europe, en Algérie[149], sur les montagnes de l’Anatolie, en Arménie et dans le Turkestan[150], en Sibérie vers l’Altaï[151], et dans le Cachemir et le Garwall[152].

L’espèce existait donc, en Asie, dans la région des peuples aryens, mais on ne lui connaît pas de nom sanscrit, d’où l’on peut inférer qu’elle n’était pas cultivée.

Trèfle incarnat ou FarouchTrifolium incarnatum, Linné.

Fourrage annuel, dont la culture, dit Vilmorin, longtemps limitée à quelques-uns des départements méridionaux, devient tous les jours plus générale en France[153]. De Candolle, au commencement du siècle actuel, ne l’avait vue effectivement que dans l’Ariège[154]. Elle existe, depuis à peu près soixante ans, aux environs de Genève. Targioni ne pense pas qu’elle soit ancienne en Italie[155], et le nom très insignifiant de Trafogliolo appuie cette opinion.

Les noms catalans , Fench[156] et des patois du midi de la France[157] Farradje (Roussillon), Farratage (Languedoc), Féroutgé (Gascogne), d’où le nom de Farouch, ont au contraire une originalité qui dénote une culture ancienne autour des Pyrénées. Le terme, usité quelquefois, de Trèfle du Roussillon, le montre également.

La plante spontanée existe en Galice, dans la Biscaie et la Catalogne[158] mais non dans les îles Baléares[159] ; elle est en Sardaigne[160] et dans la province d’Alger[161]. On l’indique dans plusieurs localités de France, d’Italie, de Dalmatie, de la région danubienne et de la Macédoine, sans savoir, dans beaucoup de cas, si ce n’est point l’effet des cultures voisines. Une localité singulière, qui parait naturelle, au dire des auteurs anglais, est la côte de Cornouaille, près de la pointe de Lizard. Il s’agit dans ce cas, dit M. Bentham, de la variété jaune pâle, qui est vraiment sauvage sur le continent, tandis que la variété cultivée à fleurs rouges est seulement naturalisée, en Angleterre, par suite des cultures[162]. Je ne sais jusqu’à quel point cette observation de M. Bentham sur la spontanéité de la seule forme à couleur jaunâtre (var. Molinerii, Seringe) sera confirmée dans tous les pays où croît l’espèce. Elle est la seule indiquée en Sardaigne par Moris et en Dalmatie par Visiani[163], dans des localités qui paraissent naturelles (in pascuis collinis, in montanis, in herbidis). Les auteurs du Bon jardinier[164] affirment, comme M. Bentham, que le Trèfle Molinerii est spontané dans le nord de la France, celui à fleurs rouges étant importé du midi, et, tout en admettant l’absence de bonne distinction spécifique, ils notent que, dans la culture, la forme Molinerii est d’une végétation plus lente, souvent bisannuelle, au lieu d’être annuelle.

Trèfle d’Alexandrie. — Trifolium alexandrinum, Linné.

On cultive beaucoup en Égypte, comme fourrage, cette espèce annuelle de Trèfle, dont le nom arabe est Bersym ou Berzun[165]. Rien ne prouve que ce soit un usage ancien. Le nom n’est pas dans les livres sur la botanique des Hébreux ou des Araméens.

L’espèce n’est pas sauvage en Égypte, mais elle l’est certainement en Syrie et dans l’Asie Mineure[166].

Ers. — Ervum Ervilia, Linné. — Vicia Ervilia, Willdenow.

Bertoloni[167] ne mentionne pas moins de dix noms vulgaires italiens, Ervo, Lero, Zirlo, etc. C’est un indice de culture générale et ancienne. M. de Heldreich[168] dit que les Grecs modernes cultivent la plante en abondance, pour fourrage. Ils la nomment Robai, de l’ancien grec Orobos, de même que Ervos vient du latin Ervum. La culture de l’espèce est indiquée dans les auteurs de l’antiquité grecque et latine[169]. Les anciens Grecs se servaient des graines, car on en a retrouvé dans les fouilles de Troie[170]. On cite beaucoup de noms vulgaires en Espagne, même des noms arabes[171] ; mais l’espèce y est moins cultivée depuis quelques siècles[172]. En France, elle l’est si peu que bien des ouvrages modernes d’agriculture n’en parlent pas. Elle est inconnue dans l’Inde anglaise[173].

Les ouvrages généraux indiquent l’Ervum Ervilia comme croissant dans l’Europe méridionale" ; mais, si l’on prend l’une après l’autre les flores plus estimées, on voit qu’il s’agit de localités telles que les champs, les vignes ou les terrains cultivés. De même dans l’Asie occidentale, où M. Boissier[174] parle d’échantillons de Syrie, de Perse et de l’Afghanistan. Quelquefois, dans des catalogues abrégés[175], la station n’est pas indiquée, mais nulle part je ne rencontre l’assertion que la plante ait été vue spontanée dans des endroits éloignés des cultures. Les échantillons de mon herbier ne sont pas plus probants à cet égard.

Selon toute vraisemblance, l’espèce était jadis sauvage en Grèce, en Italie, et peut-être en Espagne et en Algérie, mais la fréquence de sa culture, dans les terrains mêmes où elle existait, empêche de voir maintenant des pieds sauvages.

Vesce. — Vicia sativa, Linné.

Le Vicia sativa est une Légumineuse annuelle, spontanée dans toute l’Europe, à l’exception de la Laponie. Elle est commune également en Algérie[176] et au midi du Caucase, jusqu’à la province de Talysch[177]. Roxburgh la donne pour indigène dans le nord de l’Inde et au Bengale ; ce que sir Joseph Hooker admet seulement en ce qui concerne la variété appelée angustifolia[178]. On ne lui connaît aucun nom sanscrit, et dans les langues modernes de l’Inde seulement des noms hindous[179]. Targioni croit que c’est le Ketsach des Hébreux[180]. J’ai reçu des échantillons du Cap et de Californie. L’espèce n’y est certainement pas indigène, mais naturalisée hors des cultures.

Les Romains semaient cette plante, comme fourrage et pour les graines, déjà du temps de Caton[181]. Je n’ai pas découvert de preuve d’une culture plus ancienne. Le nom Vik, d’où Vicia, est d’une date très reculée en Europe, car il existe dans l’albanais[182], qu’on regarde comme la langue des Pélasges, et chez les peuples slaves, suédois et germains, avec de légères modifications. Cela ne prouve pas que l’espèce fût cultivée. Elle est assez distincte et assez utile aux herbivores pour avoir reçu de tout temps des noms vulgaires.

Jarosse, Garousse, Gessette. — Lathyrus Cicera, Linné.

Légumineuse annuelle, estimée comme fourrage, mais dont la graine, prise comme aliment dans une certaine proportion, présente des dangers[183].

On la cultive en Italie sous le nom de Mochi[184], Quelques auteurs soupçonnent que c’est le Cicera de Columelle et l’Ervilia de Varron[185], mais le nom vulgaire italien est très différent de ceux-ci. L’espèce n’est pas cultivée en Grèce[186]. Elle l’est, plus ou moins, en France et en Espagne, sans indice que l’usage y remonte à des temps anciens. Cependant M. Wittmack[187] lui attribue, avec doute, certaines graines rapportées par M. Virchow des fouilles de Troie.

D’après les flores, elle est évidemment spontanée dans des endroits secs, hors des cultures, en Espagne et en Italie[188]. Elle l’est aussi dans la basse Égypte, d’après MM. Schweinfurth et Ascherson[189] ; mais on n’a aucun indice d’ancienne culture dans ce pays ou par les Hébreux. Vers l’orient, la qualité spontanée devient moins certaine. M. Boissier indique la plante dans « les terrains cultivés depuis la Turquie d’Europe et l’Égypte jusqu’au midi du Caucase et à Babylone[190] ». Elle n’est mentionnée dans l’Inde ni comme spontanée ni comme cultivée[191] et n’a pas le nom sanscrit.

Probablement, l’espèce est originaire de la région comprise entre l’Espagne et la Grèce, peut-être aussi d’Algérie[192] et une culture, pas très ancienne, l’a propagée dans l’Asie occidentale.

Gesse. — Lathyrus sativus, Linné.

Légumineuse annuelle, cultivée dans le midi de l’Europe, depuis un temps fort ancien, comme fourrage et accessoirement pour les graines. Les Grecs la nommaient Lathyros[193] et les Latins Cicercula[194]. On la cultive aussi dans l’Asie occidentale tempérée et même dans l’Inde septentrionale[195] ; mais elle n’a pas de nom hébreu[196] ni sanscrit[197], ce qui fait présumer que la culture n’en est pas très ancienne dans ces régions.

Presque toutes les flores du midi de l’Europe et d’Algérie donnent la plante comme cultivée et presque spontanée, rarement, et pour quelques localités seulement, comme spontanée. On comprend la difficulté de reconnaître la spontanéité quand il s’agit d’une espèce souvent mélangée avec les céréales et qui se maintient aisément ou se répand à la suite des cultures. M. de Heldreich n’admet pas l’indigénat en Grèce[198]. C’est une assez forte présomption que dans le reste de l’Europe et en Algérie la plante est sortie des cultures.

Les probabilités me paraissent en sens contraire pour l’Asie occidentale. Les auteurs mentionnent en effet des localités assez sauvages, dans lesquelles l’agriculture joue un rôle moins considérable qu’en Europe. Ainsi Ledebour[199] a vu des échantillons récoltés dans le désert près de la mer Caspienne et dans la province de Lenkorar. G.—A. Meyer[200] le confirme pour Lenkoran. Baker, dans la flore de l’Inde, après avoir indiqué l’espèce comme répandue çà et là dans les provinces septentrionales, ajoute « souvent cultivée », d’où l’on peut croire qu’il la regarde comme indigène, au moins dans le nord. M. Boissier n’affirme rien à l’égard des localités de Perse qu’il mentionne dans sa flore d’Orient[201].

En somme, je regarde comme probable que l’espèce existait, avant d’être cultivée, du midi du Caucase ou de la mer Caspienne jusqu’au nord de l’Inde, et qu’elle s’est propagée vers l’Europe, à la suite d’anciennes cultures, mélangée peut-être avec les céréales.

Gesse Ochrus. — Pisum Ochrus, Linné. — Lathyrum Ochrus, de Candolle.

Cultivée comme fourrage annuel en Catalogne, sous le nom de Tapisots[202], et en Grèce, particulièrement dans l’île de Crète, sous celui de Ochros[203], mentionné dans Théophraste[204], mais sans la moindre description. Les auteurs latins n’en parlent pas, ce qui fait présumer une culture locale et rare dans l’antiquité.

L’espèce est certainement spontanée en Toscane[205]. Elle paraît l’être aussi en Grèce et en Sardaigne, où elle est indiquée dans les haies[206], et en Espagne, où elle croît dans des lieux incultes[207], mais, quant au midi de la France, à l’Algérie et la Sicile, les auteurs ne s’expliquent pas sur la station ou indiquent ordinairement les champs et les terrains cultivés. Vers l’Orient, on ne connaît pas la plante plus loin que la Syrie[208], où probablement elle n’est pas spontanée.

La belle planche publiée par Sibthorp, Flora græca, t. 689, fait penser que l’espèce mériterait d’être cultivée plus souvent.

Fenu grec. — Trigonella Fœnum-græum, Linné.

La culture de cette Légumineuse annuelle était fréquente chez les anciens, en Grèce et en Italie[209], comme fourrage de printemps ou comme donnant des graines officinales. Abandonnée presque partout en Europe, notamment en Grèce[210], elle continue en Orient et dans l’Inde[211], où probablement elle remonte à une époque très ancienne, et dans toute la région du Nil[212].

L’espèce est spontanée dans le Punjab et le Cachemir[213], dans les déserts de la Mésopotamie et de la Perse[214], et dans l’Asie Mineure[215], où cependant les localités indiquées ne paraissent pas assez distinctes des terrains cultivés. On l’indique aussi[216] dans plusieurs endroits de l’Europe méridionale, comme le mont Hymette et autres localités de Grèce, les collines au-dessus de Bologne et de Gênes, quelques lieux incultes en Espagne ; mais plus on avance vers l’ouest, plus les stations mentionnées sont les champs, les terrains cultivés, etc. ; aussi les auteurs attentifs ont-ils soin de noter que l’espèce est probablement sortie des cultures[217]. Je ne crains pas de dire qu’une plante de cette sorte si elle était originaire de l’Europe méridionale, y serait beaucoup plus commune et ne manquerait pas, par exemple, aux flores insulaires, comme celles de Sicile, d’Ischia et des Baléares[218].

L’ancienneté de l’espèce et de son emploi dans l’Inde est appuyée par l’existence de plusieurs noms différents, selon les peuples, et surtout d’un nom sanscrit et hindou moderne, Methi[219]. Il existe un nom persan, Schemlit, et un nom arabe, Helbeh[220], très connu en Égypte ; mais on ne cite aucun nom hébreu[221]. L’un des noms de la plante en grec ancien, Tailis (Τηλις), sera peut-être pour les philologues un dérivé du nom sanscrit[222], ce dont je ne suis pas juge. L’espèce pourrait avoir été introduite par les Aryens et le nom primitif n’avoir laissé aucune trace dans les langues du nord, parce qu’elle ne peut vivre que dans le midi de l’Europe.

Serradelle. — Ornithopus sativus, — Brotero. — 0. isthmocarpus, Gosson.

La véritable Serradelle, spontanée et cultivée en Portugal, a été décrite pour la première fois, en 1804, par Brotero[223], et M. Cosson l’a distinguée plus clairement des espèces voisines[224]. Quelques auteurs l’avaient confondue avec l’Ornithopus roseus de Dufour, et les agriculteurs lui ont attribué quelquefois le nom d’une espèce bien différente, l’O. perpusillus, qui serait par son extrême petitesse impropre à la culture. Il suffit de voir le fruit ou légume de l’O. sativus pour être certain de l’espèce, car il est, à maturité, étranglé de place en place et arqué fortement. S’il y a dans les champs des individus de même apparence, mais à légumes droits et non étranglés, ils doivent provenir de quelque mélange de graines avec l’O. roseus, et, si le légume est courbé, mais non étranglé, ce serait l’O. compressus. D’après l’aspect de ces plantes, elles paraissent pouvoir être cultivées semblablement et auraient, je le suppose, es mêmes avantages.

La Serradelle ne convient que dans les terrains sablonneux et arides. C’est une plante annuelle, qui fournit en Portugal un fourrage très précoce au printemps. Sa culture, introduite dans la Campine, a bien réussi[225].

L’O. sativus parait spontané dans plusieurs localités de Portugal et du midi de l’Espagne. J’en ai un échantillon de Tanger (Salzmann), et M. Cosson l’a récolté en Algérie. Souvent on le trouve dans des champs abandonnés et même ailleurs. Il peut être difficile de savoir si les échantillons ne sont point échappés des cultures, mais on cite des localités où cela n’est pas probable, par exemple un bois de pins, près de Chiclana, dans le midi de l’Espagne (Willkomm).

Spergule ou Spargoule. — Spergula arvensis, Linné.

Cette plante annuelle, sans apparence, de la famille des Caryophyllées (tribu Alsinées), croit dans les champs sablonneux et terrains analogues en Europe, dans l’Afrique septentrionale même en Abyssinie[226] et dans l’Asie occidentale jusque dans l’Inde[227] et même à Java[228]. Il est difficile de savoir dans quelle étendue de l’ancien monde elle était primitivement indigène. Pour beaucoup de localités, on ignore si elle est vraiment spontanée ou si elle provient des cultures. Quelquefois on peut soupçonner une introduction récente. Dans l’Inde, par exemple, on en a recueilli depuis quelques années de nombreux échantillons mais Roxburgh n’a pas mentionné l’espèce, lui qui avait tant herborisé à la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci. On ne lui connaît aucun nom sanscrit ou de l’Inde moderne[229], et on ne l’a pas récoltée dans les pays entre l’Inde et la Turquie.

Les noms vulgaires peuvent indiquer quelque chose sur l’origine de l’espèce et sa culture.

On ne connaît aucun nom grec ni des auteurs latins. Celui de Spergula, en italien Spergola, a toute l’apparence d’un nom vulgaire ancien en Italie. Un autre nom italien, Erba renaiola, indique seulement la croissance dans le sable (rena). Les noms français, espagnol (Esparcillas), portugais {Esparguta), allemand (Spark) ont la même racine. Il semble que dans tout le midi de l’Europe l’espèce ait été portée de pays en pays par les Romains, avant la division des langues latines. Dans le nord, c’est toute autre chose. Il y a un nom russe, Toritsa[230] ; plusieurs noms danois, Humb ou Hum, Girr ou Kirr[231], et suédois, Knutt, Fryle, Nägde, Skorff[232]. Cette grande diversité montre que l’attention s’était portée depuis longtemps sur la plante dans cette partie de l’Europe, et fait présumer que la culture y est ancienne. Elle était pratiquée autour de Montbelliard dans le XVIe siècle[233], et l’on ne dit pas qu’elle y fût récente. Probablement elle a pris naissance dans le midi de l’Europe à l’époque de l’empire romain, et dans le nord peut-être plus tôt. En tout cas, la patrie originelle doit avoir été l’Europe.

Les agriculteurs distinguent une forme plus haute de Spergule[234], mais les botanistes s’accordent à ne pas lui trouver des caractères suffisants pour la séparer comme espèce, et plusieurs n’en font pas même une variété.

Herbe de Guinée. — Panicum maximum, Jacquin[235].

La Graminée vivace, dite Herbe de Guinée (Guinea grass des Anglais), a une grande réputation dans les pays intertropicaux comme fourrage nutritif, aisé à cultiver. Avec un peu de soin, on peut faire durer un pré jusqu’à vingt ans[236].

La culture paraît avoir commencé dans les Antilles. P. Browne en parle dans son ouvrage sur la Jamaïque au milieu du siècle dernier, et après lui Swartz.

Le premier mentionne le nom Guinea grass, sans aucune réflexion sur la provenance de l’espèce. Le second dit : « apporté autrefois des côtes d’Afrique aux Antilles ». Il s’est fié probablement à l’indication donnée par le nom vulgaire, mais nous savons à quel point les origines indiquées de cette manière sont quelquefois fausses, témoin le blé dit de Turquie, qui vient d’Amérique.

Swartz, excellent botaniste, dit que la plante croît « dans les pâturages cultivés secs des Indes occidentales, où elle est aussi cultivée », ce qui peut s’entendre d’une espèce naturalisée dans des terrains qui ont été cultivés. Je ne vois pas qu’aux Antilles on ait constaté un état vraiment spontané. Il en est autrement au Brésil. D’après les documents recueillis par de Martius et étudiés par Nees[237], documents augmentés depuis et encore mieux étudiés par M. Dœll[238], le Panicum maximum croît dans les éclaircies des forêts voisines de l’Amazone, près de Santarem, dans les provinces de Bahia, Ceara, Rio-de-Janeiro et Saint-Paul. Quoique la plante soit souvent cultivée dans ces pays, les localités citées, par leur nature et leur multiplicité, font présumer l’indigénat. M. Dœll a vu aussi des échantillons de la Guyane française et de la Nouvelle-Grenade.

Voyons ce qui concerne l’Afrique.

Sir W. Hooker[239] mentionnait des échantillons rapportés de Sierra Leone, d’Aguapim, des bords du Quorra et de l’île de Saint-Thomas, dans l’Afrique occidentale. Nees[240] indique l’espèce dans plusieurs localités de la colonie du Cap, même dans des broussailles et dans des pays montueux ; A. Richard[241] mentionne des localités d’Abyssinie, qui paraissent aussi en dehors des cultures, mais il convient n’être pas très sûr de l’espèce. M. Anderson, au contraire, n’hésite pas en indiquant le P. maximum comme rapporté des bords du Zambèze et de Mozambique par le voyageur Peters[242].

On sait positivement que l’espèce a été introduite à l’île Maurice par l’ancien gouverneur Labourdonnais[243], et qu’elle s’y est répandue hors des cultures, de même qu’à Rodriguez et aux Seychelles[244]. L’introduction en Asie ne peut pas être ancienne, car Roxburgh (Fl. ind.) et Miquel (Fl. ind.-bat.) ne mentionnent pas l’espèce. A Ceylan, elle est uniquement cultivée[245].

En définitive, il y a un peu plus de probabilité, ce me semble, en faveur de l’origine africaine, conformément à l’indication du nom vulgaire et à l’opinion générale, mais peu approfondie, des auteurs. Cependant, puisque la plante se répand si aisément, il est singulier qu’elle ne soit pas arrivée d’Abyssinie ou de Mozambique en Égypte et qu’on l’ait reçue si tard dans les îles de l’Afrique orientale. Si l’existence, antérieurement aux cultures, d’une même espèce phanérogame en Afrique et en Amérique n’était une chose extrêmement rare, on pourrait la supposer ; mais c’est peu vraisemblable pour une plante cultivée, dont la diffusion est évidemment très facile.

Article 3. — Emplois divers des tiges ou des feuilles.

Thé. — Thea sinensis, Linné.

Au milieu du XVIIIe siècle, lorsqu’on connaissait encore très peu l’arbuste qui produit le thé, Linné le nomma Thea sinensis. Bientôt après, dans la seconde édition du Species plantarum, il crut mieux faire en distinguant deux espèces, Thea Bohea et Thea viridis, qu’il croyait répondre à la distinction commerciale des thés noirs et verts. On a prouvé depuis qu’il n’y a qu’une espèce, comprenant plusieurs variétés, et qu’on obtient des thés noirs ou verts au moyen de toutes les variétés, selon les procédés de fabrication. Cette question était réglée lorsqu’il s’en est élevé une autre sur la réalité du genre Thea, en tant que distinct du Camellia. Quelques auteurs font du Thea une section de l’ancien genre Camellia ; mais, si l’on réfléchit aux caractères indiqués d’une manière très précise par Seemann[246], il est permis, ce me semble, de conserver le genre Thea, avec la nomenclature ancienne et usitée de l’espèce principale.

On mentionne souvent une légende japonaise racontée par Kæmpfer[247]. Un prêtre venu de l’Inde en Chine, dans l’année 519 de notre ère, ayant succombé au sommeil lorsqu’il voulait veiller et prier, aurait coupé ses deux paupières, dans un mouvement d’indignation, et elles se seraient changées en un arbuste, le Thé, dont les feuilles sont éminemment propres à empêcher de dormir. Malheureusement pour les personnes qui admettent volontiers les légendes en tout ou en partie, les Chinois n’ont jamais entendu parler de celle-ci, quoique l’événement se fût passé chez eux. Le thé leur était connu bien avant l’année 519, et probablement il n’avait pas été apporté de l’Inde. C’est ce que nous apprend le Dr Bretschneider, dans son opuscule, riche de faits botaniques et linguistiques[248]. Le Pent-sao, dit-il, mentionne le Thé 2700 ans avant Jésus-Christ, le Rya 5 à 600 ans aussi avant Jésus-Christ, et le commentateur de ce dernier ouvrage, au quatrième siècle de notre ère, a donné des détails sur la plante et sur l’emploi de ses feuilles en infusion. L’usage est donc très ancien en Chine. Il l’est peut-être moins au Japon, et s’il existe depuis longtemps en Cochinchine, ce qui est possible, on ne voit aucune preuve qu’il se soit répandu jadis du côté de l’Inde ; les auteurs ne mentionnent aucun nom sanscrit, ni même des langues indiennes modernes. Le fait paraitra singulier quand on verra ce que nous savons à dire sur l’habitation naturelle de l’espèce.

Les graines de Thé se répandent souvent hors des cultures et mettent les botanistes dans le doute sur la qualité spontanée des pieds qu’on a rencontrés çà et là. Thunberg croyait l’espèce sauvage au Japon, mais MM. Franchet et Savatier[249] le nient complètement. Fortune[250], qui a si bien examiné la culture du Thé en Chine, ne parle pas de la plante spontanée. M. H. Fontanier[251] affirme que le Thé croit généralement à l’état sauvage en Mandschourie. Il est probable qu’il existe dans les districts montueux du sud-ouest de la Chine, où les naturalistes n’ont pas pénétré jusqu’à présent. Loureiro le dit « cultivé et non cultivé » en Cochinchine[252]. Ce qui est plus certain, les voyageurs anglais l’ont recueilli dans l’Assam supérieur[253] et la province de Cachar[254]. Ainsi le Thé doit être indigène dans les pays montueux qui séparent les plaines de l’Inde de celles de la Chine, mais l’emploi des feuilles n’était pas connu jadis dans l’Inde.

La culture du Thé, introduite aujourd’hui dans plusieurs colonies, donne des résultats admirables à Assam. Non seulement le produit y est d’une qualité supérieure à la moyenne des thés de Chine, mais la quantité obtenue augmente rapidement. En 1870, on a récolté dans l’Inde anglaise treize millions de livres de thé, en 1878 trente-sept millions, et l’on espérait pour 1880 une récolte de soixante et dix millions de livres[255] ! Le Thé ne supporte pas la gelée et souffre par la sécheresse. Comme je l’ai dit une fois[256], les conditions qui le favorisent sont tout à fait l’opposé de celles qui conviennent à la vigne. On m’a objecté que le thé prospère aux îles Açores, où l’on a du bon vin[257] ; mais on peut cultiver dans les jardins ou sur une petite échelle bien des plantes qui ne donnent pas, en grand, des produits rémunérateurs. On a de la vigne en Chine, et la vente des vins y joue un très petit rôle. Inversement aucun pays de vignobles n’a donné du thé pour l’exportation. Après la Chine, le Japon et Assam, c’est à Java, à Ceylan et au Brésil qu’on fait le plus de thé, et assurément on n’y cultive pas du tout ou fort peu la vigne, tandis que les vins de régions sèches, comme l’Australie, le Cap, etc., se répandent déjà dans le commerce.

Lin. — Linum usitatissimum, Linné.

La question de l’origine du Lin, ou plutôt des Lins cultivés, est une de celles qui ont donné lieu aux recherches les plus intéressantes.

Pour comprendre les difficultés qu’elle présente, il faut d’abord se rendre compte des formes, très voisines, que les auteurs désignent tantôt comme espèces distinctes du genre Linum et tantôt comme variétés d’une seule espèce.

Le premier travail important sur ce point a été fait par M. J.-E. Planchon, en 1848[258]. Il a montré clairement les différences des Linum usitatissimum, humile, et angustifolium, qu’on connaissait mal. Ensuite M. Oswald Heer[259], à l’occasion de recherches approfondies sur les anciennes cultures, a revu les caractères indiqués, et en ajoutant l’étude de deux formes intermédiaires, ainsi que la comparaison de nombreux échantillons, il est arrivé à l’idée d’admettre une seule espèce composée de plusieurs états légèrement différents. Je transcrirai, en français, son résumé latin des caractères, avec la seule addition de mettre un nom pour chaque forme distincte, suivant l’usage dans les livres de botanique.

Linum usitatissimum.

1. Annuum (annuel). Racine annuelle ; tige unique, droite ; capsules de 7 à 8 mill. de longueur ; graines de 4 à 6 mill., terminées par un bec. α. Vulgare (ordinaire). Capsules de 7 mill. ne s’ouvrant pas à maturité, et offrant des replis intérieurs glabres. — Chez les Allemands : Schliesslein, Dreschlein. β.  Humile (petit). Capsules de 8 mill., s’ouvrant à maturité d’une manière brusque, à replis intérieurs ciliés. — Linum humile Miller. L. crepitans Bœninghausen. Chez les Allemands : Klanglein, Springlein.

2. Hyemale (d’hiver). Racine annuelle ou bisannuelle ; tiges nombreuses, diffuses à la base, arquées ; capsules de 7 mill., terminées par un bec. — Linum hyemale romanum. En allemand : Winterlein.

3. Ambiguum (ambigu). Racine annuelle ou vivace ; tiges nombreuses ; feuilles acuminées ; capsules de 7 mill., à replis peu ciliés ; graines de 4 mill., terminées par un court bec. — Linum ambiguum, Jordan.

4. Angustifolium (à feuilles étroites). Racine annuelle ou vivace ; tiges nombreuses, diffuses à la base, arquées ; capsules de 6 mill., à replis ciliés ; graines de 3 mill., à peine crochues au sommet. — Linum angustifolium Hudson. On voit combien de passages existent entre les formes. La qualité de plante annuelle, bisannuelle ou vivace, dont M. Heer soupçonnait le peu de fixité, est assez, vague, en particulier pour l’angustifolium, car M. Loret, qui a observé ce Lin aux environs de Montpellier, s’exprime ainsi[260] : « Dans les pays très chauds, il est presque toujours annuel, et c’est ce qui a lieu en Sicile, d’après le témoignage de Gussone ; chez nous il est annuel, bisannuel ou même vivace, selon la nature physique du sol où il croît, et l’on peut s’en assurer en l’observant sur le littoral, notamment à Maguelone. On y remarquera que le long des sentiers fréquemment piétines il a une durée plus longue que dans les sables, où le soleil dessèche promptement ses racines et où l’aridité du sol ne lui permet de vivre qu’une seule année. »

Lorsque des formes ou des états physiologiques passent de l’un à l’autre et se distinguent par des caractères variables selon les circonstances extérieures, on est conduit à les considérer comme constituant une seule espèce, quoique ces formes ou états aient un certain degré d’hérédité et remontent peut-être à des temps très anciens. Nous sommes cependant obligés, dans des recherches sur les origines, de les considérer séparément. J’indiquerai d’abord dans quels pays on a trouvé chaque forme à l’état spontané ou quasi spontané. Ensuite je parlerai des cultures, et nous verrons jusqu’à quel point les faits géographiques ou historiques confirment l’opinion de l’unité d’espèce.

Le Lin annuel ordinaire n’a pas encore été trouvé dans un état spontané parfaitement certain. Je possède plusieurs échantillons de l’Inde, et M. Planchon en avait vu d’autres dans les herbiers de Kew, mais les botanistes anglo-indiens n’admettent pas que la plante soit indigène dans leur région. La flore récente de sir Joseph Hooker en parle comme d’une espèce cultivée, principalement pour l’huile qu’on tire des graines, et M. G.-B. Clarke, ancien directeur du jardin de Calcutta, m’écrit que les échantillons récoltés doivent venir des cultures, très fréquentes en hiver, dans le nord de l’Inde. M. Boissier[261] mentionne un L. humile à feuilles étroites, que Kotschy a récolté « près de Schiraz, en Perse, au pied de la montagne Sabst Buchom. » Voilà peut-être une localité bien en dehors des cultures, mais je ne puis donner à cet égard des informations suffisantes. Hohenacker a trouvé le L. usitatissimum « subspontané » dans la province de Talysch, au sud du Caucase, vers la mer Caspienne[262]. Steven est plus affirmatif pour la Russie méridionale[263]. Selon lui, le L. usitatissimum « se trouve assez souvent sur les collines stériles de la Crimée méridionale, entre Jalta et Nikita, et le professeur Nordmann l’a récolté sur la côte orientale de la mer Noire. » En avançant vers l’ouest dans la Russie méridionale ou la région de la mer Méditerranée, on ne cite plus l’espèce que rarement et comme échappée des cultures ou quasi spontanée. Malgré ces doutes et la rareté des documents, je regarde comme très possible que le lin annuel, sous l’une ou l’autre de ses deux formes, soit spontané dans la région qui s’étend de la Perse méridionale à la Grimée, au moins dans certaines localités.

Le Lin d’hiver est connu seulement comme cultivé, dans quelques provinces d’Italie[264].

Le Linum ambiguum de Jordan croît sur la côte de Provence et du Languedoc, dans les endroits secs[265].

Enfin le Linum angustifolium, dont le précédent diffère à peine, présente une habitation bien constatée et assez vaste. Il croît spontanément, surtout sur les collines, dans toute l’étendue de la région dont la mer Méditerranée est le centre, savoir dans les îles Canaries et Madère, au Maroc[266], en Algérie[267] et jusque dans la Cyrénaïque[268], au midi de l’Europe jusqu’en Angleterre[269] jusqu’aux Alpes et aux Balkans, et enfin en Asie, du midi du Caucase[270] au Liban et à la Palestine[271]. Je ne le vois pas mentionné en Crimée, ni au delà de la mer Caspienne. Voyons ce qui concerne la culture, destinée le plus souvent à fournir une matière textile, souvent aussi à donner de l’huile ou, chez certains peuples, une matière nutritive au moyen des graines. Je me suis occupé de la question d’origine, en 1855[272]. Elle se présentait alors de la manière suivante :

Il était démontré surabondamment que les anciens Égyptiens et les Hébreux se servaient d’étoffes de lin. Hérodote l’affirmait. On voit d’ailleurs la plante figurée dans les dessins de l’ancienne Égypte, et l’examen au microscope des bandelettes qui entourent les momies ne laisse subsister aucun doute[273]. La culture du Lin était ancienne en Europe, par exemple chez les Celtes, et dans l’Inde, d’après les notions historiques. Enfin des noms vulgaires très différents indiquaient aussi une culture ancienne ou des usages anciens dans divers pays. Le nom celte Lin et gréco-latin Linon ou Linum n’a aucune analogie avec le nom hébreux Pischta[274] ni avec les noms sanscrits Ooma (prononcez Ouma), Atasi, Utasi[275]. Quelques botanistes citaient le Lin comme « à peu près spontané » dans le sud-est de la Russie, au midi du Caucase et dans la Sibérie occidentale, mais on ne connaissait pas une véritable spontanéité. Je résumais alors les probabilités en disant : « L’étymologie multiple des noms, l’ancienneté de la culture en Égypte, en Europe et dans le nord de l’Inde à la fois, la circonstance que dans ce dernier pays on cultive le Lin seulement pour faire de l’huile, me font croire que deux ou trois espèces d’origine différente, confondues sous le nom de Linum usitatissimum par la plupart des auteurs, ont été cultivées jadis dans divers pays, sans imitation ou communication de l’un à l’autre… Je doute, en particulier, que l’espèce cultivée par les anciens Égyptiens fut l’espèce indigène en Russie et en Sibérie. »

Une découverte très curieuse de M. Oswald Heer, est venue, dix ans après, confirmer mes prévisions. Les habitants des palafittes de la Suisse orientale, à une époque où ils n’avaient que des instruments de pierre et ne connaissaient pas le chanvre, cultivaient déjà et tissaient un lin qui n’est pas notre lin ordinaire annuel, mais le lin vivace appelé Linum angustifolium spontané au midi des Alpes. Cela résulte de l’examen des capsules, des graines et surtout de la partie inférieure d’une plante extraite soigneusement du limon de Robenhausen[276]. La figure publiée par M. Heer montre clairement une racine surmontée de deux à quatre tiges, à la manière des plantes vivaces. Les tiges avaient été coupées, tandis qu’on arrache notre Lin ordinaire, ce qui prouve encore la qualité persistante de la plante. Avec les restes du Lin de Robenhausen se trouvaient des graines du Silene cretica, espèce également étrangère à la Suisse, qui abonde en Italie dans les champs de Lin[277]. M. Heer en a tiré la conclusion que les lacustres suisses faisaient venir des graines de Lin d’Italie. Il semble en effet que ce devait être nécessaire, à moins de supposer jadis un autre climat en Suisse que celui de notre époque, car le Lin vivace ne supporterait pas habituellement aujourd’hui les hivers de la Suisse orientale[278]. L’opinion de M. Heer est appuyée par le fait, assez inattendu, que le Lin n’a pas été trouvé dans les restes lacustres de Laybach et Mondsee, des États autrichiens, qui renferment du bronze[279]. L’époque tardive de l’arrivée du Lin dans cette région empêche de supposer que les habitants de la Suisse l’aient reçu de l’Europe orientale, dont ils étaient séparés d’ailleurs par d’immenses forêts.

Depuis les observations ingénieuses du savant de Zurich, on a découvert un Lin employé par les habitants des tourbières préhistoriques de Lagozza, en Lombardie ; et M. Sordelli a constaté, que c’était celui de Robenhausen, le L. angustifolium[280]. Ces anciens habitants ne connaissaient pas le Chanvre ni les métaux, mais possédaient les mêmes céréales que les lacustres de l’âge de pierre en Suisse et mangeaient comme eux les glands de Chêne Rouvre. Il y avait donc une civilisation, déjà un peu développée, en deçà et au delà des Alpes, avant que les métaux, même le bronze, y fussent d’un usage habituel, et que le chanvre et la poule domestique y fussent connus[281]. Ce serait avant l’arrivée des Aryens en Europe, ou un peu après[282].

Les noms vulgaires du Lin dans les anciennes langues d’Europe peuvent jeter quelque jour sur cette question.

Le nom Lin, Llin, Linu, Linon, Linum, Lein, Lan, existe dans toutes les langues européennes, d’origine aryenne, du centre et du midi de l’Europe, celtiques, slaves, grecques ou latines. Ce n’est pas un nom commun avec les langues aryennes de l’Inde ; par conséquent, dit avec raison Ad. Pictet[283], la culture du Lin doit avoir commencé par les Aryens occidentaux et avant leur arrivée en Europe. J’ai fait cependant une réflexion qui m’a conduit à une nouvelle recherche, mais sans résultat. Puisque le Lin, me suis-je dit, était cultivé par les lacustres de Suisse et d’Italie avant l’arrivée des peuples aryens, il l’était probablement par les Ibères, qui occupaient alors l’Espagne et la Gaule, et il en est resté peut-être quelque nom spécial chez les Basques, qu’on suppose descendre des Ibères. Or, d’après plusieurs dictionnaires de leur langue[284], Liho, Lino ou Li, suivant les dialectes, signifient Lin, ce qui concorde avec le nom répandu dans toute l’Europe méridionale. Les Basques paraissent donc avoir reçu le Lin des peuples d’origine aryenne, ou peut-être ils ont perdu un ancien nom auquel ils auraient substitué celui des Celtes et des Romains. Le nom Flachs ou Flax, des langues germaniques, vient de l’ancien allemand Flahs[285]. Il y a aussi, dans le nord-ouest de l’Europe, , des noms particuliers pour le lin : Pellawa, Aiwina en finlandais[286] ; Hor, Hör, Härr en danois[287] ; Hôr et Tone en vieux goth[288]. Haar existe aussi dans l’allemand de Salzburg[289]. Sans doute on peut expliquer ce mot par le sens ordinaire en allemand de fil, cheveu, comme le nom de Li peut être rattaché à une même racine que ligare, lier, et comme Hör, au pluriel Hörvar, est rattaché par les érudits[290] à Harva, radical allemand pour Flachs, mais le fait n’en existe pas moins que dans les pays Scandinaves et en Finlande on a employé d’autres expressions que dans tout le midi de l’Europe. Cette diversité indique l’ancienneté de la culture et concorde avec le fait que les lacustres de Suisse et d’Italie cultivaient un Lin avant les premières invasions des Aryens. Il est possible, je dirai même probable, que ceux-ci ont apporté le nom Li, plutôt que la plante ou sa culture ; mais, comme aucun Lin n’est spontané dans le nord de l’Europe, ce serait un ancien peuple, les Finnois, d’origine touranienne, qui auraient introduit le Lin dans le nord avant les Aryens. Dans cette hypothèse, ils auraient cultivé le Lin annuel, car le Lin vivace ne supporterait pas les rigueurs des pays septentrionaux, tandis que nous savons à quel point le climat de Riga est favorable en été à la culture du Lin ordinaire annuel. La première introduction dans la Gaule, en Suisse et en Italie a pu venir du midi, par les Ibères, et en Finlande par les Finnois ; après quoi les Aryens auraient répandu les noms les plus habituels chez eux, celui de Lin dans le midi et de flahs dans le nord. Peut-être eux et les Finnois avaient-ils apporté d’Asie le Lin annuel, qu’on aurait vite substitué au Lin vivace, moins avantageux et moins adapté aux pays froids. On ne sait pas exactement à quelle époque la culture du Lin annuel a remplacé, en Italie, celle du Linum angustifolium vivace, mais ce doit être avant l’ère chrétienne, car les auteurs parlent d’une culture bien établie, et Pline dit qu’on semait le Lin au printemps et qu’on l’arrachait en été[291]. On ne manquait pas alors d’instruments de métal, ainsi on aurait coupé le Lin s’il avait été vivace. D’ailleurs celui-ci semé au printemps n’aurait pas été mûr avant l’automne.

Par les mêmes raisons, le Lin cultivé chez les anciens Égyptiens devait être annuel. On n’a pas trouvé jusqu’à présent dans les catacombes des plantes entières ou des capsules nombreuses, de nature à donner des preuves directes et incontestables. Seulement Unger[292] a pu examiner une capsule tirée des briques d’un monument que Lepsius attribue au XIIIe ou XIVe siècle avant J.-C, et il l’a trouvée plus semblable à celles du L. usitatissimum que du L. angustifolium. Sur trois graines que Braun[293] a vues dans le musée de Berlin, mélangées avec d’autres de plantes diverses cultivées, une lui a paru appartenir au L. angustifolium et les deux autres au L. humile, mais il faut convenir qu’une seule graine, sans la plante ou la capsule, n’est pas une preuve suffisante. Les peintures de l’ancienne Égypte montrent qu’on ne récoltait pas le Lin comme les céréales avec une faucille. On l’arrachait[294]. En Égypte, le Lin est une culture d’hiver, car la sécheresse de l’été ne permettrait pas plus d’une variété persistante que le froid dans les pays septentrionaux où l’on sème au printemps pour récolter en été. Ajoutons que le Lin annuel, de la forme appelée humile, est le seul cultivé de nos jours en Abyssinie, le seul également que les collecteurs modernes aient vu cultivé en Égypte[295].

M. Heer soupçonne que les anciens Égyptiens auraient cultivé le Linum angustifolium, de la région méditerranéenne, en le semant comme une plante annuelle[296]. Je croirais plutôt qu’ils ont emporté ou reçu leur Lin d’Asie, et déjà sous la forme de l’humile. Les usages et les figures montrent que leur culture du Lin datait d’une antiquité très reculée. Or, on sait maintenant que les Égyptiens des premières dynasties avant Chéops appartenaient à une race proto-sémitique, venue par l’isthme de Suez[297]. Le Lin a été retrouvé dans un tombeau de l’ancienne Chaldée, antérieur à Babylone[298], et son emploi dans cette région se perd dans la nuit des temps. Ainsi les premiers Égyptiens de la race blanche ont pu transporter le Lin cultivé, et, à défaut, leurs successeurs immédiats ont pu le recevoir d’Asie avant l’époque des colonies phéniciennes en Grèce et avant les rapports directs de la Grèce avec l’Égypte sous la XIVe dynastie[299].

Une introduction très ancienne d’Asie en Égypte n’empêche pas d’admettre des transports successifs de l’est à l’ouest dans des temps moins anciens que les premières dynasties égyptiennes. Ainsi les Aryens occidentaux et les Phéniciens ont pu transporter en Europe le Lin, ou un Lin plus avantageux que le L. angustifolium, pendant la période de 2500 à 1200 ans avant notre ère.

L’extension par les Aryens aurait marché plus au nord que celle par les Phéniciens. En Grèce, dans le temps de la guerre de Troie, on tirait encore les belles étoffes de Lin de la Colchide, c’est-à-dire de cette région au pied du Caucase, où l’on a trouvé de nos jours le Lin annuel ordinaire sauvage. Il ne semble pas que les Grecs aient cultivé la plante à cette époque[300]. Les Aryens en avaient peut-être déjà introduit la culture dans la région voisine du Danube. Cependant j’ai noté tout à l’heure que les restes des lacustres de Laybach et Mondsee n’ont indiqué aucun Lin. Dans les derniers siècles avant l’ère chrétienne, les Romains tiraient de très beau Lin d’Espagne ; cependant les noms de la plante dans ce pays ne font pas présumer que les Phéniciens en aient été les introducteurs. Il n’existe pas en Europe un nom oriental du Lin, venant ou de l’antiquité ou du moyen âge. Le nom arabe Kattan, Kettane ou Kittane, d’origine persane[301], s’est propagé vers l’ouest seulement jusqu’aux Kabiles d’Algérie[302].

L’ensemble des faits et des probabilités me parait conduire à quatre propositions, acceptables jusqu’à nouvelles découvertes :

1. Le Linum angustifolium, ordinairement vivace, rarement bisannuel ou annuel, spontané depuis les îles Canaries jusqu’à la Palestine et au Caucase, a été cultivé en Suisse et dans le nord de l’Italie par des populations plus anciennes que les conquérants de race aryenne. Sa culture a été remplacée par celle du lin annuel.

2. Le Lin annuel (L. usitatissimum), cultivé depuis 4 ou 5000 ans au moins dans la Mésopotamie, l’Assyrie et l’Égypte était spontané et l’est encore dans des localités comprises entre le golfe Persique, la mer Caspienne et la mer Noire.

3. Le Lin annuel paraît avoir été introduit dans le nord de l’Europe par les Finnois (de race touranienne) ; ensuite dans le reste de l’Europe par les Aryens occidentaux, et peut-être, çà et là, par les Phéniciens ; enfin dans la péninsule indienne par les Aryens orientaux, après leur séparation des occidentaux.

4. Ces deux formes principales ou états du Lin existent dans les cultures et sont probablement spontanées dans leurs localités actuelles depuis au moins 5000 ans. Il n’est pas possible de deviner leur état antérieur. Leurs transitions et variations sont si nombreuses qu’on peut les considérer comme une espèce, pouryue de deux ou trois races ou variétés héréditaires, ayant elles-mêmes des sous-variétés.

Jute. — Corchorus capsularis et Corchorus olitorius, Linné.

Les fils de Jute, qu’on importe en grande quantité depuis quelques années, surtout en Angleterre, se tirent de la tige de ces deux Corchorus, plantes annuelles de la famille des Tiliacées. On emploie aussi leurs feuilles comme légume.

Le C. capsularis a un fruit presque sphérique, déprimé au sommet et bordé de côtes longitudinales. On peut en voir une bonne figure coloriée dans l’ouvrage de Jacquin fils, Eclogæ, pl. 119. Le C. olitorius, au contraire, a un fruit allongé, comme une silique de crucifère. Il est figuré dans le Botanical magazine, t. 2810, et dans Lamarck, Illustr., t. 478.

Les espèces du genre sont distribuées assez également dans les régions chaudes d’Asie, d’Afrique et d’Amérique ; par conséquent, l’origine de chacune ne peut cas être présumée. Il faut la chercher dans les flores et les herbiers, en s’aidant de données historiques ou autres.

Le Corchorus capsularis est cultivé fréquemment dans les îles de la Sonde, à Ceylan, dans la péninsule indienne, au Bengale, dans la Chine méridionale, aux îles Philippines[303] ; en général dans l’Asie méridionale. Forster n’en parle pas dans son volume sur les plantes usitées par les habitants des îles de la mer Pacifique, d’où l’on peut inférer que, lors du voyage de Cook, il y a un siècle, la culture ne s’en était pas répandue dans cette direction. On peut même soupçonner, d’après cela, qu’elle ne date pas d’une époque très reculée dans les îles de l’archipel Indien.

Blume dit que le Corchorus capsularis croît dans les terrains marécageux de Java, près de Parang[304], et je possède deux échantillons de Java qui ne sont pas donnés pour cultivés[305]. Thwaites l’indique à Ceylan comme « très commun »[306]. Sur le continent indien, les auteurs en parlent plutôt comme d’une espèce cultivée au Bengale et en Chine. Wight, qui a donné une bonne figure de la plante, n’indique aucun lieu de naissance. Edgeworth[307], qui a vu de près la flore du district de Banda, indique « les champs ». Dans la flore de l’Inde anglaise, M. Masters, qui a rédigé l’article des Tiliacées, d’après les herbiers de Kew, s’exprime ainsi : « Dans les parties les plus chaudes de l’Inde ; cultivé dans la plupart des pays tropicaux[308]. » J’ai un échantillon du Bengale qui n’est pas donné pour cultivé. Loureiro dit : « sauvage, et cultivé dans la province de Canton en Chine[309], » ce qui signifie probablement sauvage en Cochinchine et cultivé dans la province de Canton. Au Japon, la plante croît dans les terrains cultivés[310]. En somme, je ne suis pas persuadé que l’espèce existe, à l’état vraiment spontané, au nord de Calcutta. Elle s’y est peut-être semée çà et là par suite des cultures.

Le C. capsularis a été introduit dans divers pays intertropicaux d’Afrique ou même d’Amérique, mais il n’est cultivé en grand, pour la production des fils de jute, que dans l’Asie méridionale, surtout au Bengale.

Le Corchorus olitorius est plus usité comme légume que pour les fibres. Hors d’Asie, il est employé uniquement pour les feuilles. C’est une des plantes potagères les plus communes des Égyptiens et Syriens modernes, qui la nomment en arabe Melokych, mais il n’est pas probable que les anciens en aient eu connaissance, car on ne cite aucun nom hébreu[311]. Les habitants actuels de la Crète la cultivent sous le nom de Mouchlia[312], évidemment tiré de l’arabe, et les anciens Grecs ne la connaissaient pas.

D’après, les auteurs[313], ce Corchorus est spontané dans plusieurs provinces de l’Inde anglaise. Thwaites dit qu’il est commun dans les parties chaudes de Ceylan, mais à Java Blume l’indique seulement dans les décombres (in ruderatis). Je ne le vois pas mentionné en Cochinchine et au Japon. M. Boissier (Fl. or.) a vu des échantillons de Mésopotamie, de l’Afghanistan, de Syrie et d’Anatolie, mais il donne pour indication générale : « Culta et in ruderatis subspontanea. » On ne connaît pas de nom sanscrit pour les deux Corchorus cultivés[314].

Quant à l’indigénat en Afrique, M. Masters, dans Oliver, Flora of tropical Africa (1, p. 262), s’exprime ainsi : « Sauvage, ou cultivé comme légume dans toute l’Afrique tropicale. » Il rapporte à la même espèce deux plantes de Guinée que G. Don avait décrites comme différentes et sur la spontanéité desquelles il ne savait probablement rien. J’ai un échantillon du Cordofan recueilli par Kotschy, n° 45, « au bord des champs de Sorgho. ». Le seul auteur, à ma connaissance, qui affirme la spontanéité est Peters. Il a trouvé le C. olitorius « dans les endroits secs et aussi dans les prés aux environs de Seha et de Tette. » Schweinfurth ne l’indique dans toute la région du Nil que comme cultivé[315]. Il en est de même dans la flore de Sénégambie de Guillemin, Perrotet et Richard.

En résumé, le C. olitorius paraît spontané dans les régions d’une chaleur modérée de l’Inde occidentale, du Cordofan et probablement de quelques pays intermédiaires. Il se serait répandu du côté de Timor et jusque dans l’Australie septentrionale (Bentham, Fl. austr.), en Afrique et vers l’Anatolie à la suite d’une culture qui ne date peut-être pas de plus loin que l’ère chrétienne, même dans son point d’origine.

Malgré ce qu’on répète dans beaucoup d’ouvrages, la culture de cette plante est rarement indiquée en Amérique. Je note cependant que, d’après Grisebach[316], elle a amené à la Jamaïque une naturalisation hors des jardins, comme cela se présente souvent pour les plantes annuelles cultivées.

Sumac. — Rhus Coriaria, Linné.

On cultive cet arbuste en Espagne et en Italie[317], pour faire sécher les jeunes branches, avec les feuilles, et en faire une poudre, qui se vend aux tanneurs. J’en ai vu naguère une plantation en Sicile, dont les produits s’exportaient en Amérique. Comme les écorces de chêne deviennent plus rares et qu’on recherche beaucoup les matières tannantes, il est probable que cette culture s’étendra ; d’autant plus qu’elle convient aux localités sèches et stériles. En Algérie, en Australie, au Cap, dans la république Argentine, ce serait peut-être une introduction à essayer[318].

Les anciens se servaient des fruits comme assaisonnement, un peu acide, de leurs mets, et l’usage s’en est conservé çà et là ; mais je ne vois pas de preuve qu’ils aient cultivé l’espèce.

Elle croit spontanément aux Canaries et à Madère, dans la région de la mer Méditerranée et de la mer Noire, de préférence sur les rocailles et dans les terrains desséchés. En Asie, son habitation s’étend jusqu’au midi du Caucase, à la mer Caspienne et la Perse[319]. L’espèce est assez commune pour qu’on ait commencé à l’employer avant de la cultiver. Sumach est le nom persan et tartare[320], Rous, Rhus (prononcez Rhous) l’ancien nom chez les Grecs et les Romains[321]. Une preuve de la persistance de certains noms vulgaires est qu’en français on dit le Roux ou Roure des corroyeurs.

Cat. — Catha edulis, Porskal. — Celastrus edulis, Vahl.

Cet arbuste, de la famille des Célastracées, est cultivé beaucoup en Abyssinie, sous le nom de Tchut ou Tchat, et dans l’Arabie Heureuse sous celui de Cat ou Gat. On mâche ses feuilles, à l’état frais, comme celles du Coca en Amérique. Elles ont les mêmes propriétés excitantes et fortifiantes. Celles des pieds non cultivés ont un goût plus fort et peuvent même enivrer. Botta a vu dans le Yemen des cultures de Cat aussi importantes que celles du café, et il note qu’un cheikh obligé de recevoir poliment beaucoup de visiteurs achetait pour 100 francs de feuilles par jour[322]. En Abyssinie, on emploie aussi les feuilles en infusion comme une sorte de thé[323]. Malgré la passion avec laquelle on recherche les excitants, cette espèce ne s’est pas répandue dans les pays voisins où elle réussirait, comme le Belouchistan, l’Inde méridionale, etc.

Le Catha est spontané en Abyssinie[324]. On ne l’a pas encore trouvé tel en Arabie. Il est vrai que l’intérieur du pays est à peu près inconnu aux botanistes. Les pieds non cultivés dont parle Botta sont-ils spontanés et aborigènes, ou échappés des cultures et plus ou moins naturalisés ? C’est ce qu’on ne peut dire d’après son récit. Peut-être le Catha a-t-il été introduit d’Abyssinie avec le caféier, qu’on n’a pas vu davantage spontané en Arabie.

Maté. — Ilex paraguariensis, Saint-Hilaire.

Les habitants du Brésil et du Paraguay font usage, depuis un temps immémorial, des feuilles de cet arbuste, comme les Chinois de celles du thé. Ils les récoltent surtout dans les forêts humides de l’intérieur, entre les 20e et 30e degrés de latitude sud, et le commerce les transporte séchées, à de grandes distances, dans la plus grande partie de l’Amérique méridionale. Ces feuilles renferment, avec de l’arôme et du tannin, un principe analogue à celui du thé et du café ; cependant on ne les aime guère, dans les pays où le thé de Chine est répandu. Les plantations de Maté ne sont pas encore aussi importantes que l’exploitation des arbustes sauvages, mais elles pourront augmenter à mesure que la population augmentera. D’ailleurs la préparation est plus facile que celle du thé, parce qu’on ne roule pas les feuilles.

Des figures et descriptions de l’espèce, avec de nombreux détails sur son emploi et ses propriétés, se trouvent dans les ouvrages de Saint-Hilaire, sir W. J. Hooker et de Martius[325].

Coca. — Erythroxylon Coca, Lamarck.

Les indigènes du Pérou et des provinces voisines, du moins dans les parties chaudes et humides, cultivent cet arbuste, dont ils mâchent les feuilles, comme on fait dans l’Inde pour le Bétel. L’usage en est très ancien. Il s’était répandu même dans les régions élevées, où l’espèce ne peut pas vivre. Depuis qu’on a su extraire la partie essentielle du Coca et qu’on a reconnu ses avantages comme tonique, propre à faire supporter des fatigues sans avoir les inconvénients des boissons alcooliques, il est probable qu’on essayera d’en répandre la culture, soit en Amérique, soit ailleurs. Ce sera, par exemple, dans la Guyane, l’archipel Indien ou les vallées de Sikkim et Assam, dans l’Inde. car il faut de l’humidité dans l’air et de la chaleur. La gelée surtout est nuisible à l’espèce. Les meilleures localités sont sur les pentes de collines, où l’eau ne séjourne pas. Une tentative faite autour de Lima n’a pas réussi, à cause de la rareté des pluies et peut-être d’une chaleur insuffisante[326].

Je ne répéterai pas ici ce qu’on peut trouver dans plusieurs excellentes publications sur le Coca[327] ; je dirai seulement que la patrie primitive de l’espèce, en Amérique, n’est pas encore suffisamment certaine. Le Dr Gosse a constaté que les anciens auteurs, tels que Joseph de Jussieu, de Lamarck et Cavanilles, n’avaient vu que des échantillons cultivés. Mathews en avait récolté au Pérou dans le ravin (quebrada) de Chinchao[328], ce qui parait devoir être une localité hors des cultures. On cite aussi comme spontanés des échantillons de Cuchero, rapportés par Poeppig[329] ; mais le voyageur lui-même n’était pas assuré de la condition spontanée[330]. D’Orbigny pense avoir vu le Coca sauvage sur un coteau de la Bolivie orientale[331]. Enfin M. André a eu l’obligeance de me communiquer les Erythroxylon de son herbier, et j’ai reconnu le Coca dans plusieurs échantillons de la vallée de la rivière Cauca, dans la Nouvelle-Grenade, portant l’indication : en abondance, spontané ou subspontané. M. Triana cependant ne reconnaît pas l’espèce comme spontanée dans son pays, la Nouvelle-Grenade[332]. L’extrême importance au Pérou, sous le régime des Incas, comparée à la rareté de l’emploi à la Nouvelle-Grenade, fait penser que les localités de ce dernier pays sont en effet des cultures, et que l’espèce est originaire seulement de la partie orientale du Pérou et de la Bolivie, conformément aux indications de divers voyageurs susnommés.

Indigotier des teinturiers. — Indigofera tinctoria, Linné.

Il a un nom sanscrit, Nili[333]. Le nom latin Indicum montre que les Romains connaissaient l’indigo pour une substance venant de l’Inde. Quant à la qualité spontanée de la plante, Roxburgh dit : « Lieu natal inconnu, car, quoique commune maintenant à l’état sauvage dans la plupart des provinces de l’Inde, elle n’est pas éloignée ordinairement des endroits où elle est cultivée actuellement ou l’a été. » Wight et Royle, qui ont publié des figures de l’espèce, n’apprennent rien à cet égard, et les flores plus récentes de l’Inde mentionnent la plante comme cultivée[334]. Plusieurs autres Indigofera sont spontanés dans l’Inde. On a trouvé celui-ci dans les sables du Sénégal[335], mais il n’est pas indiqué dans d’autres localités africaines, et il est souvent cultivé au Sénégal, ce qui me fait présumer une naturalisation. L’existence d’un nom sanscrit rend l’origine asiatique assez probable.

Indigotier argenté. — Indigofera argentea, Linné.

Celui-ci est décidément spontané en Abyssinie, Nubie. Kordofan et Sennaar[336] On le cultive en Égypte et en Arabie. D’après cela, on pourrait croire que c’est l’espèce dont les anciens Égyptiens tiraient une couleur bleue[337], mais ils faisaient peut-être venir l’indigo de l’Inde, car la culture en Égypte ne remonte probablement pas au delà du moyen âge[338].

Une forme un peu différente que Roxburgh désignait comme espèce (Indigofera cærulea), et qui paraît plutôt une variété, est sauvage dans les plaines de la péninsule indienne et du Belouchistan.

Indigotiers d’Amérique.

Il existe probablement un ou deux Indigofera originaires d’Amérique, mais mal définis, souvent mélangés dans les cultures avec les espèces de l’ancien monde et naturalisés hors des cultures. La synonymie en est trop incertaine pour que j’ose faire quelque recherche sur leur patrie. Quelques auteurs ont pensé que l’I. Anil de Linné était une de ces espèces. Linné dit cependant que sa plante était de l’Inde (Mantissa, p. 273). La teinture bleue des anciens Mexicains était tirée d’un végétal bien différent des Indigofera, d’après ce que raconte Hernandez[339].

Henné. — Lawsonia alba, Lamarck (Lawsonia inermis et L. spinosa de divers auteurs).

L’usage des femmes de l’Orient de se teindre les ongles en rouge avec le suc tiré des feuilles du Henné remonte à une grande antiquité. La preuve en est dans les anciennes peintures et momies égyptiennes.

Il est difficile de savoir quand et dans quel pays on a commencé à cultiver l’espèce pour subvenir aux nécessités de cette mode aussi ridicule que persistante, mais cela peut remonter à une époque très ancienne, puisque les habitants de Babylone, de Ninive et des villes d’Égypte avaient des jardins. Les érudits pourront constater si l’usage de teindre les ongles a commencé en Égypte sous telle ou telle dynastie, avant ou après certaines communications avec les peuples orientaux. Il suffit, pour notre but, de savoir que le Lawsonia, arbuste de la famille des Lythracées, est plus ou moins spontané dans les régions chaudes de l’Asie occidentale et de l’Afrique, au nord de l’équateur.

J’en possède des échantillons venant de l’Inde, de Java, de Timor, même de Chine[340] et de Nubie, qu’on ne dit pas recueillis sur des pieds cultivés, et d’autres échantillons de la Guyane et des Antilles, qui proviennent sans doute d’importations de l’espèce. Stoks l’a trouvé indigène dans le Belouchistan[341]. Roxburgh le regardait aussi comme spontané sur la côte de Coromandel[342] et Thwaites[343] l’indique pour Ceylan d’une manière qui fait supposer une espèce spontanée. M. Clarke[344] la dit « très commune et cultivée dans l’Inde, peut-être sauvage dans la partie orientale ». Il est possible qu’elle se soit répandue dans l’Inde, hors de la patrie primitive, comme cela est arrivé au XVIe siècle à Amboine[345] et plus récemment peut-être aux Antilles[346] à la suite de cultures, car la plante est recherchée pour le parfum de ses fleurs, outre la teinture, et se propage beaucoup par ses graines. Les mêmes doutes s’élèvent sur l’indigénat en Perse, en Arabie, en Égypte (pays essentiellement cultivé), en Nubie et jusqu’en Guinée, où des échantillons ont été recueillis[347]. Il n’est pas fort improbable que l’habitation de cet arbuste s’étendit de l’Inde à la Nubie ; cependant c’est toujours un cas assez rare qu’une telle distribution géographique. Voyons si les noms vulgaires indiquent quelque chose.

On attribue à l’espèce un nom sanscrit, Sakachera[348] ; mais, comme il n’a laissé aucune trace dans les divers noms des langues modernes de l’Inde, je doute un peu de sa réalité. Le nom persan Hanna s’est répandu et conservé plus que les autres Hina des Indous, Henneh et Alhenna des Arabes, Kinna des Grecs modernes). Celui de Cypros, usité par les Syriens du temps de Dioscoride[349], n’a pas eu la même faveur. Ce détail vient à l’appui de l’opinion que l’espèce était originairement sur les confins de la Perse et de l’Inde, ou en Perse, et que l’usage, ainsi que la culture, ont avancé jadis de l’est à l’ouest, d’Asie en Afrique.

Tabac. — Nicotiana Tabacum, Linné, et autres Nicotiana.

A l’époque de la découverte de l’Amérique, l’usage de fumer, de priser ou chiquer était répandu dans la plus grande partie de ce vaste continent. Les récits des premiers voyageurs, recueillis d’une manière très complète par le célèbre anatomiste Tiedemann[350] montrent que dans l’Amérique méridionale on ne fumait pas, mais on prisait ou chiquait, excepté dans la région de la Plata, de l’Uruguay et du Paraguay, où le Tabac n’était employé d’aucune manière. Dans l’Amérique du Nord, depuis l’isthme de Panama et les Antilles jusqu’au Canada et en Californie, l’usage de fumer était général, avec des circonstances qui indiquent une grande ancienneté. Ainsi on a trouvé des pipes dans les tombeaux des Atztecs au Mexique[351] et dans les tertres (mounds) des États-Unis. Elles y sont en grand nombre et d’un travail extraordinaire. Quelques-unes représentent des animaux étrangers à l’Amérique du Nord[352].

Comme les Tabacs sont des plantes annuelles, qui donnent une immense quantité de graines, il était aisé de les semer et de les cultiver ou de les naturaliser plus ou moins dans le voisinage des habitations, mais il faut remarquer qu’on employait des espèces différentes du genre Nicotiana, dans diverses régions de l’Amérique, ce qui indique des origines différentes.

Le Nicotiana Tabacum, ordinairement cultivé, était l’espèce la plus répandue et quelquefois la seule usitée dans l’Amérique méridionale et aux Antilles. Ce sont les Espanols qui ont introduit l’usage du tabac dans la Plata, l’Uruguay et le Paraguay[353] ; par conséquent il faut chercher l’origine de la plante plus au nord. De Martius ne pensait pas qu’elle fût indigène au Brésil[354], et il ajoute que les anciens Brésiliens fumaient les feuilles d’une espèce de leur pays appelée par les botanistes Nicotiana Langsdorffîi. Lorsque j’ai examiné la question d’origine en 1855[355], je n’avais pu connaître d’autres échantillons de N. Tabacum paraissant spontanés que ceux envoyés par Blanchet, de la province de Bahia, sous le no 3223, a. Aucun auteur, avant ou après cette époque, n’a été plus heureux, et je vois que MM. Flückiger et Hanbury, dans leur excellent ouvrage sur les drogues d’origine végétale[356], disent positivement : « Le tabac commun est originaire du nouveau monde, et cependant on ne l’y trouve pas aujourd’hui à l’état sauvage. » J’oserai contredire cette assertion, quoique la qualité de plante spontanée soit toujours contestable quand il s’agit d’une espèce aussi facile à répandre hors des plantations.

Je dirai d’abord qu’on rencontre dans les herbiers beaucoup d’échantillons récoltés au Pérou, sans indication qu’ils fussent cultivés ou voisins des cultures. L’herbier de M. Boissier en contient deux, de Pavon, venant de localités différentes[357]. Pavon dit dans sa flore (vol. 2, p. 16) que l’espèce croît dans les forêts humides et chaudes des Andes péruviennes, et qu’on la cultive. Mais, ce qui est plus significatif, M. Édouard André a recueilli dans la république de l’Équateur, à Saint-Nicolas, sur la pente occidentale du volcan Corazon, dans une forêt vierge, loin de toute habitation, des échantillons, qu’il a bien voulu me communiquer et qui sont évidemment le N. Tabacum à taille élevée (2 à 3 mètres) et à feuilles supérieures étroites, longuement acuminées, comme on les voit dans les planches de Hayne et de Miller[358]. Les feuilles inférieures manquent. La fleur, qui donne les vrais caractères de l’espèce, est certainement du N. Tabacum, et il est bien connu que cette plante varie dans les cultures sous le rapport de la taille et de la largeur des feuilles[359].

La patrie primitive s’étendait-elle au nord jusqu’au Mexique, au midi vers la Bolivie, à l’est dans le Venezuela ? C’est très possible.

Le Nicotiania rustica, Linné, espèce à fleurs jaunâtres, très différente du Tabacum[360], et qui donne un tabac grossier, était plus souvent cultivé chez les anciens Mexicains et les indigènes au nord du Mexique. Je possède un échantillon rapporté de Californie par Douglas, en 1839, époque à laquelle les colons étaient encore rares, mais les auteurs américains n’admettent pas la plante comme spontanée, et le Dr Asa Gray dit qu’elle se sème dans les terrains vagues[361]. C’est peut-être ce qui était arrivé pour des échantillons de l’herbier Boissier, que Pavon a récoltés au Pérou et dont il ne parle pas dans la flore péruvienne. L’espèce croit abondamment autour de Cordova, dans la république Argentine[362], mais on ignore depuis quelle époque. D’après l’emploi ancien de la plante et la patrie des espèces les plus analogues, les probabilités sont en faveur d’une origine du Mexique, du Texas ou de Californie.

Plusieurs botanistes, même des Américains, ont cru l’espèce de l’ancien monde. C’est bien certainement une erreur, quoique la plante se répande çà et là, même dans nos forêts et quelquefois en abondance[363], à la suite des cultures. Les auteurs du XVIe siècle en ont parlé comme d’une plante étrangère, introduite dans les jardins et qui en sortait quelquefois[364]. On la trouve dans quelques herbiers sous les noms de N. tatarica, turcica ou sibirica, mais il s’agit d’échantillons cultivés dans les jardins, et aucun botaniste n’a rencontré l’espèce en Asie ou sur les confins de l’Asie, avec l’apparence qu’elle fût spontanée.

Ceci me conduit à réfuter une erreur plus générale et plus tenace, malgré ce que j’ai démontré en 1855, celle de considérer quelques espèces mal décrites d’après des échantillons cultivés, comme originaires de l’ancien monde, en particulier d’Asie. Les preuves de l’origine américaine sont devenues si nombreuses et si bien concordantes que, sans entrer dans beaucoup de détails, je puis les résumer de la manière suivante :

A. Sur une cinquantaine d’espèces du genre Nicotiana trouvées à l’état sauvage, deux seulement sont étrangères à l’Amérique, savoir : 1o le N. suaveolens, de la Nouvelle-Hollande, auquel on réunit maintenant le N. rotundifolia du même pays, et celui que Ventenat avait appelé par erreur N. undulata ; 2o le N. fragrans Hooker (Bot. mag., t. 4865), de l’île des Pins, près de la Nouvelle-Calédonie, qui diffère bien peu du précédent.

B. Quoique les peuples asiatiques soient très amateurs de tabac et que dès une époque reculée ils aient recherché la fumée de certaines plantes narcotiques, aucun d’eux n’a employé le Tabac antérieurement à la découverte de l’Amérique. Tiedemann l’a très bien démontré par des recherches approfondies dans les écrits des voyageurs du moyen âge[365]. Il cite même pour une époque moins ancienne et qui a suivi de près la découverte de l’Amérique, celle de 1540 à 1603, plusieurs voyageurs dont quelquesuns étaient des botanistes, tels que Belon et Rauwolf, qui ont parcouru l’empire turc et la Perse, observant les coutumes avec beaucoup d’attention, et qui n’ont pas mentionné une seule fois le Tabac. Évidemment il s’est introduit en Turquie au commencement du XVIIe siècle, et les Persans l’ont reçu très vite par les Turcs. Le premier Européen qui ait dit avoir vu fumer en Perse est Thomas Herbert, en 1626. Aucun des voyageurs suivants n’a oublié de mentionner l’usage du narguilé comme bien établi. Olearius décrit cet appareil, qu’il avait vu en 1633. La première mention du Tabac dans l’Inde est de 1605[366] et il est probable que l’introduction en est venue par les Européens. Elle commençait à Arracan et au Pégu en 1619, d’après le voyageur Methold[367]. Il s’est élevé quelques doutes à l’égard de Java, parce que Rumphius, observateur très exact, qui écrivait dans la seconde moitié du XVIIe siècle, a dit[368] que, selon la tradition de quelques vieillards, le tabac était employé comme médicament avant l’arrivée des Portugais en 1496, et que l’usage de fumer avait seul été communiqué par les Européens. Rumphius ajoute, il est vrai, que le nom Tabaco ou Tambuco, répandu dans toutes les localités, est d’origine étrangère. Sir Stamford Raffles[369], à la suite de nombreuses recherches historiques sur Java, donne au contraire l’année 1601 pour la date de l’introduction du tabac à Java. Les Portugais avaient bien découvert les côtes du Brésil de 1500 à 1504 ; mais Vasco de Gama et ses successeurs allaient en Asie par le Cap ou la mer Rouge, de sorte qu’ils ne devaient guère établir des communications fréquentes ou directes entre l’Amérique et Java. Nicot avait vu la plante en Portugal en 1560 ; ainsi les Portugais l’ont portée en Asie probablement dans la seconde moitié du XVIe siècle. Thunberg affirme[370] que l’usage du Tabac a été introduit au Japon par les Portugais, et, d’après d’anciens voyageurs que cite Tiedemann, c’était au commencement du XVIIe siècle. Enfin les Chinois n’ont aucun signe original et, ancien pour indiquer le Tabac ; leurs dessins sur porcelaines, dans la collection de Dresde, montrent fréquemment depuis l’année 1700 et jamais auparavant des détails relatifs au Tabac[371] ; enfin les sinologues s’accordent à dire que les ouvrages chinois ne mentionnent pas cette plante avant la fin du XVIe siècle[372]. Si l’on fait attention à la rapidité avec laquelle l’usage du tabac s’est répandu partout où il a été introduit, ces renseignements sur l’Asie ont une force incontestable.

C. Les noms vulgaires du Tabac confirment une origine américaine. S’il y avait eu des espèces indigènes dans l’ancien monde, il existerait une infinité de noms différents ; mais au contraire les noms chinois, japonais, javanais, indiens, persans, etc., dérivent des noms américains Petum, ou Tabak, Tahok, Tamboc, légèrement modifiés. Piddington, il est vrai, cite des noms sanscrits, Dhumrapatra et Tamrakouta[373] ; mais je tiens d’Adolphe Pictet que le premier de ces noms, qui n’est pas dans le dictionnaire de Wilson, signifie feuille à fumer et paraît d’une composition moderne, tandis que le second n’est probablement pas plus ancien et semble quelque modification moderne des noms américains. Le mot arabe Docchan veut dire simplement fumée[374].

Enfin nous devons chercher ce que signifient deux Nicotiana qu’on prétend asiatiques. L’une, appelée par Lehmann Nicotiana chinensis, venait du botaniste russe Fischer ; qui la disait de Chine. Lehmann l’avait vue dans un jardin ; or on sait à quel point les origines des plantes cultivées par les horticulteurs sont fréquemment erronées, et d’ailleurs, d’après la description, il semble que c’était simplement le N. Tabacum, dont on avait reçu des graines, peut-être de Chine[375]. La seconde espèce est le N. persica, de Lindley, figurée sans le Botanical register (pl. 1592), dont les graines avaient été envoyées d’Ispahan à la Société d’horticulture de Londres comme celles du meilleur Tabac cultivé en Perse, celui de Schiraz. Lindley ne s’est pas aperçu que c’était exactement le N. alata, figuré trois ans auparavant par Link et Otto[376] d’après une plante du jardin de Berlin. Celle-ci venait de graines du Brésil méridional, envoyées par Sello. C’est une espèce certainement brésilienne, à corolle blanche, fort allongée, voisine du N. suaveolens de la Nouvelle-Hollande. Ainsi le Tabac cultivé quelquefois en Perse, concurremment avec l’ordinaire et qu’on a dit supérieur pour le parfum, est d’origine américaine, comme je l’avais prévu dans ma Géographie botanique en 1855. Je ne m’explique pas comment cette espèce a été introduite en Perse. Ce doit être par des graines tirées d’un jardin ou venues, par hasard, d’Amérique, et il n’est pas probable que la culture en soit habituelle en Perse, car Olivier et Bruguière, ainsi que d’autres naturalistes qui ont vu les cultures de Tabac dans ce pays, n’en font aucune mention.

Par tous ces motifs, il n’existe point d’espèce de Tabac originaire d’Asie. Elles sont toutes d’Amérique, excepté les N. suaveolens, de la Nouvelle Hollande, et N. fragrans, de l’Île des Pins, au sud de la Nouvelle-Calédonie.

Plusieurs Nicotiana, autres que les Tabacum et rustica, ont été cultivés çà et là par des sauvages ou, comme curiosité, par des Européens. Il est singulier qu’on s’occupe si rarement de ces essais, au moyen desquels on obtiendrait peut-être des tabacs très particuliers. Les espèces à fleurs blanches donneraient probablement des tabacs légers et parfumés, et comme certains fumeurs recherchent les tabacs les plus forts, les plus désagréables possible aux personnes qui ne fument pas, je leur recommanderai le Nicotiana angustifolia, du Chili, que les indigènes appellent Tabaco del Diablo[377].

Cannelier. — Cinnamomum zeylanicun, Breyn.

Le petit arbre, de la famille des Lauracées, dont l’écorce des jeunes rameaux est la cannelle du commerce, existe en grande quantité dans les forêts de Ceylan. Certaines formes qui se trouvent sauvages dans l’Inde continentale étaient regardées autrefois comme autant d’espèces distinctes, mais les botanistes anglo-indiens s’accordent à les réunir avec celle de Ceylan[378].

Les écorces du Cannelier et d’autres Cinnamomum non cultivés, qui produisent le cassia ou cassia de Chine, ont été l’objet d’un commerce important dès les temps les plus reculés. MM. Flückiger et Hanbury[379] ont traité ce point historique avec une érudition si complète que nous devons simplement renvoyer à leur ouvrage. Ce qui nous importe, à notre point de vue, c’est de constater combien la culture du cannelier est moderne relativement à l’exploitation de l’espèce. C’est seulement de 1765 à 1770 qu’un colon de Ceylan, appelé de Koke, soutenu par le gouverneur de l’île, Falck, fit des plantations qui réussirent à merveille. Elles ont diminué depuis quelques années à Ceylan ; mais on en a fait ailleurs, dans les pays tropicaux de l’ancien et du nouveau monde. L’espèce se naturalise facilement hors des cultures[380], parce que les oiseaux en recherchent les fruits avec avidité et sèment les graines dans les forêts.

Ramié. — China grass, des Anglais, — Boehmeria nivea, Hooker et Arnott.

La culture de cette précieuse Urticacée a été introduite dans le midi des États-Unis et de la France, depuis une trentaine d’années ; mais le commerce avait fait connaître auparavant la valeur extraordinaire de ses fibres, plus tenaces que le chanvre et, dans certains cas, flexibles comme la soie. On peut lire dans plusieurs ouvrages des détails intéressants sur la manière de cultiver la plante et d’en extraire les fils[381]. Je me bornerai à préciser ici, le mieux que je pourrai, l’origine géographique.

Dans ce but, il ne faut pas se fier aux phrases assez vagues de la plupart des auteurs, ni aux étiquettes des échantillons dans les herbiers, car il est arrivé souvent qu’on n’a pas distingué les pieds cultivés, échappés des cultures ou véritablement sauvages, et qu’on a oublié aussi la diversité des deux formes Boehmeria nivea (Urtica nivea, Linné, et Boehmeria tenacissima, Gaudichaud, ou B. candicans, Hasskarl), qui paraissent deux variétés d’une même espèce, à cause des transitions notées par quelques botanistes. Il y a même une sous-variété, à feuilles vertes des deux côtés, cultivée par les Américains et par M. de Malartic dans le midi de la France.

La forme anciennement connue (Urtica nivea L.), à feuilles très blanches en dessous, est indiquée comme croissant en Chine et dans quelques pays voisins. Linné dit qu’elle se trouve sur les murs en Chine, ce qui s’appliquerait à une plante des décombres, originaire des cultures ; mais Loureiro[382] dit : Habitat, et abundanter colitur in Cochinchina et China, et, selon M. Bentham[383], le collecteur Champion l’a trouvée, en abondance, dans les ravins de l’île de Hong-Kong. D’après MM. Franchet et Savatier[384], elle existe au Japon, dans les taillis et les haies (in fruticetis umbrosis et sepibus). Blanco[385] la dit commune aux îles Philippines. Je ne trouve aucune preuve qu’elle soit spontanée à Java, Sumatra et autres îles de l’archipel Indien. Rumphius[386] ne la connaissait que comme plante cultivée. Roxburgh[387] la croyait native de Sumatra, ce que Miquel[388] ne confirme pas.

Les autres formes n’ont été trouvées nulle part sauvages, ce qui appuie l’idée que ce sont des variétés survenues dans les cultures.

Chanvre. — Cannabis saliva, Linné.

Le chanvre est mentionné, avec ses deux états, mâle et femelle, dans les plus anciens ouvrages chinois, en particulier dans le Shu-King, écrit 500 ans avant Jésus-Christ[389]. Il a des noms sanscrits, Banga et Gangika[390] orthographiés Bhanga et Gunjika par Piddington[391]. La racine de ces noms ang ou an se retrouve dans toutes les langues indo-européennes et sémitiques modernes : Bang en hindou et persan, Ganga en bengali[392], Hanf en allemand, Hemp en anglais, Kanas en celtique et bas-breton moderne[393], Cannabis en grec et en latin, Cannab en arabe[394].

D’après Hérodote (né en 484 avant Jésus-Christ), les Scythes employaient le Chanvre, mais de son temps les Grecs le connaissaient à peine[395]. Hiéron II, roi de Syracuse, achetait le chanvre de ses cordages pour vaisseaux dans la Gaule, et Lucilius est le premier écrivain romain qui ait parlé de la plante (100 ans avant Jésus-Christ). Les livres hébreux ne mentionnent pas le Chanvre[396]. Il n’entrait pas dans la composition des enveloppes de momies chez les anciens Égyptiens. Même à la fin du XVIIIe siècle, on ne cultivait le Chanvre, en Égypte, que pour le hachich, matière enivrante[397]. Le recueil des lois judaïques appelé Mischna, fait sous la domination romaine, parle de ses propriétés textiles comme d’une chose peu connue[398]. Il est assez probable que les Scythes avaient transporté cette plante de l’Asie centrale et de la Russie à l’ouest, dans leurs migrations, qui ont eu lieu vers l’an 1500 avant Jésus-Christ, un peu avant la guerre de Troie. Elle aurait pu s’introduire aussi par les invasions antérieures des Aryens en Thrace et dans l’Europe occidentale ; mais alors l’Italie en aurait eu connaissance plus tôt. On n’a pas trouvé le Chanvre dans les palafittes des lacs de Suisse[399] et du nord de l’Italie[400].

Ce qu’on a constaté sur l’habitation du Cannabis sativa concorde bien avec les données historiques et linguistiques. J’ai eu l’occasion de m’en occuper spécialement dans une des monographies du Prodromus, en 1869[401].

L’espèce a été trouvée sauvage, d’une manière certaine, au midi de la mer Caspienne[402], en Sibérie, près de l’Irtysch, dans le désert des Kirghiz, au delà du lac Baical, en Daourie (gouvernement d’Irkutsk). Les auteurs l’indiquent dans toute la Russie méridionale et moyenne, et au midi du Caucase[403], mais la qualité spontanée y est moins sûre, attendu que ces pays sont peuplés et que les graines de Chanvre peuvent se répandre aisément hors jardins. L’ancienneté de la culture en Chine me fait croire que l’habitation s’étend assez loin vers l’est, quoique les botanistes ne l’aient pas encore constaté[404]. M. Boissier indique l’espèce en Perse comme « presque spontanée ». Je doute qu’elle y soit indigène, parce que les Grecs et les Hébreux l’auraient connue plus tôt si elle l’était.

Mûrier blanc. — Morus alba, Linné.

Le Mûrier dont on sert le plus communément en Europe pour l’éducation des vers à soie est le Morus alba. Ses variétés, très nombreuses, ont été décrites avec soin par Seringe[405] et plus récemment par M. Bureau[406]. La plus cultivée dans l’Inde, le Morus indica, Linné (Morus alba, var. indica, Bureau), est sauvage dans le Punjab et à Sikim, d’après Brandis, inspecteur général des forêts de l’Inde anglaise[407]. Deux autres variétés, serrata et cuspidata, sont aussi indiquées comme sauvages dans diverses provinces de l’Inde septentrionale[408]. L’abbé David a trouvé en Mongolie une variété parfaitement spontanée, décrite sous le nom de Mongolica par M. Bureau, et le Dr Bretschneider[409] cite un nom Yen, d’anciens auteurs chinois, pour le Mûrier sauvage. Il ne dit pas, il est vrai, si ce nom s’applique au Mûrier blanc : Pe (blanc)-Sang (Mûrier), des cultures chinoises[410]. L’ancienneté de la culture en Chine[411] et au Japon, ainsi que la quantité de formes différentes qu’on y a obtenues, font croire que la patrie primitive s’étendait à l’est jusqu’au Japon, mais on connaît peu la flore indigène de la Chine méridionale, et les auteurs les plus dignes de confiance pour les plantes japonaises n’affirment pas la qualité spontanée. MM. Franchet et Savatier[412] disent : « cultivé depuis un temps immémorial et devenu sauvage çà et là. » Notons aussi que le Mûrier blanc paraît s’accommoder surtout des pays montueux et tempérés, par où l’on peut croire qu’il aurait été jadis introduit du nord de la Chine dans les plaines du midi. On sait que les oiseaux recherchent ses fruits et en portent les graines à de grandes distances dans des localités incultes, ce qui empêche de constater les habitations vraiment anciennes.

Cette facilité de naturalisation explique sans doute la présence, à des époques successives, du Mûrier blanc dans l’Asie occidentale et le midi de l’Europe. Elle a dû agir surtout depuis que des moines eurent apporté le ver à soie à Constantinople, sous Justinien, dans le VIe siècle, et que graduellement la sériculture s’est propagée vers l’ouest. Cependant Targioni a constaté que le mûrier noir, M. nigra, était seul connu en Sicile et en Italie, lorsque l’industrie de la soie s’est introduite en 1148 en Sicile et deux siècles plus tard en Toscane[413]. D’après le même auteur, l’introduction du Mûrier blanc en Toscane date, au plus tôt, de l’année 1340. De la même manière, l’industrie de la soie peut avoir commencé en Chine, parce que le ver à soie s’y trouvait naturellement ; mais il est très probable que l’arbre existait aussi dans l’Inde septentrionale, où tant de voyageurs l’ont trouvé à l’état sauvage. En Perse, en Arménie et dans l’Asie Mineure, je le crois plutôt naturalisé depuis une époque ancienne, contrairement à l’opinion de Grisebach, qui le regarde comme originaire de la région de la mer Caspienne (Végét. du globe, trad. française, I, p. 424). M. Boissier ne le cite pas comme spontané dans ces pays[414]. M. Buhse[415] l’a trouvé en Perse, près d’Erivan et de Baschnaruschin, et il ajoute : « naturalisé en abondance dans le Ghilan et le Masenderan. » La flore de Russie par Ledebour[416] indique de nombreuses localités autour du Caucase, sans parler de spontanéité, ce qui peut signifier une espèce naturalisée. En Crimée, en Grèce et en Italie, il est seulement à l’état de culture[417]. Une variété tatarica, souvent cultivée dans le midi de la Russie, s’est naturalisée près du Volga[418].

Si le Mûrier blanc n’existait pas primitivement en Perse et vers la mer Caspienne, il doit y avoir pénétré depuis longtemps. Je citerai pour preuve le nom de Tut, Tuth, Tuta, qui est persan, arabe, turc et tartare. Il y a un nom sanscrit, Tula[419], qui doit se rattacher à la même racine que le nom persan ; mais on ne connaît pas de nom hébreu, ce qui vient à l’appui de l’idée d’une extension successive vers l’Asie occidentale.

Ceux de mes lecteurs qui désirent des renseignements plus détaillés sur l’introduction des Mûriers et des vers à soie les trouveront surtout dans les savants ouvrages de Targioni et de Ritter que j’ai cités. Les découvertes faites récemment par divers botanistes m’ont permis d’ajouter des données plus précises que celles de Ritter sur l’origine, et, s’il y a quelques contradictions apparentes entre nos opinions sur d’autres points, cela vient surtout de ce que l’illustre géographe a considéré une foule de variétés comme des espèces, tandis que les botanistes les ont réunies après un examen attentif.

Mûrier noir. — Morus nigra, Linné.

Il est plus recherché pour ses fruits que pour ses feuilles, et, d’après cela, je devrais l’énumérer dans la catégorie des arbres fruitiers. Cependant on ne peut guère séparer son histoire de celle du Mûrier blanc. D’ailleurs on emploie sa feuille dans beaucoup de pays pour l’élève des vers à soie, sans se laisser arrêter par la qualité inférieure du produit.

Le Mûrier noir se distingue du blanc par plusieurs caractères, indépendamment de la couleur noire du fruit, qui se trouve également chez certaines variétés du M. alba[420]. Il n’a pas une infinité de formes comme celui-ci, ce qui peut faire présumer une culture moins ancienne, moins active, et une patrie primitive moins étendue.

Les auteurs grecs et latins, même les poètes, ont souvent mentionné le Morus nigra, qu’ils comparaient au Ficus Sycomorus, et qu’ils confondaient même dans l’origine avec cet arbre égyptien. Les commentateurs répètent depuis deux siècles une foule de passages qui ne laissent aucun doute à cet égard, mais ne présentent guère d’intérêt en eux-mêmes[421]. Ils ne fournissent aucune preuve sur l’origine de l’espèce, qu’on présume de Perse, à moins de prendre au sérieux la fable de Pyrame et Thisbé, dont la scène était en Babylonie, d’après Ovide.

Les botanistes n’ont pas constaté d’une manière bien certaine l’indigénat en Perse. M. Boissier, qui possède plus de matériaux que personne sur l’Orient, se contente de citer Hohenacker comme ayant trouvé le M. nigra dans les forêts de Lenkoran, sur la côte méridionale de la mer Caspienne, et il ajoute : « probablement spontané dans la Perse septentrionale vers la mer Caspienne[422] ». Avant lui, Ledebour, dans sa flore de Russie, indiquait, d’après divers voyageurs, la Crimée et les provinces au midi du Caucase[423] ; mais Steven nie que l’espèce existe en Crimée autrement qu’à l’état de culture[424]. M. de Tchihatcheff et C Koch[425] ont trouvé des pieds de Mûrier noir dans des localités élevées et sauvages d’Arménie. Il est bien probable que, dans la région au midi du Caucase et de la mer Caspienne, le Morus nigra est spontané, originaire, plutôt que naturalisé. Ce qui me le fait croire, c’est : 1o qu’il n’est pas connu, même à l’état cultivé, dans l’Inde, en Chine ou au Japon ; 2o qu’il n’a aucun nom sanscrit ; 3o qu’il s’est répandu de bonne heure en Grèce, pays dont les communications avec l’Arménie ont été anciennes.

Le Morus nigra s’était si peu propagé au midi de la Perse qu’on ne lui connaît pas, d’une manière certaine, un nom hébreu ni même un nom persan distinct de celui du Morus alba. On le cultivait beaucoup en Italie, jusqu’à ce qu’on eût reconnu la supériorité du Mûrier blanc pour la nourriture des vers à soie. En Grèce, le Mûrier noir est encore le plus cultivé[426]. Il s’est naturalisé çà et là dans ces pays et en Espagne[427].

Maguey. — Agave americana, Linné.

Cette plante ligneuse, de la famille des Amaryllidées, est cultivée, depuis un temps immémorial, au Mexique, sous les noms de Maguey ou Metl, pour en extraire, au moment où se développe la tige florale, le vin dit pulque, Humboldt a décrit clairement cette culture[428] et il nous dit ailleurs[429] que l’espèce croit dans toute l’Amérique méridionale, jusqu’à 1600 toises d’élévation. On la cite[430] dans la Jamaïque, à Antigua, à la Dominique, à Cuba ; mais il faut remarquer qu’elle se multiplie facilement de drageons et qu’on la plante volontiers loin des habitations, pour en former des haies ou en tirer le fil appelé pite, ce qui empêche de savoir dans quel pays elle existait primitivement. Transportée depuis longtemps dans la région de la mer Méditerranée, on la rencontre avec toutes les apparences d’une espèce indigène, quoique son origine ne soit pas douteuse[431]. Probablement, d’après les emplois variés qu’on en faisait au Mexique avant l’arrivée des Européens, c’est de là qu’elle est sortie.

Canne à sucre. — Saccharum officinarum, Linné.

Les origines de la Canne à sucre, de sa culture et de la fabrication du sucre ont été l’objet d’un travail très remarquable du géographe Karl Ritter[432] Je n’ai pas à le suivre dans les détails uniquement agricoles et économiques ; mais pour l’habitation primitive de l’espèce, qui nous intéresse particulièrement, c’est le meilleur guide, et les faits observés depuis quarante ans appuient, en général, ou confirment ses opinions.

La Canne à sucre est cultivée aujourd’hui dans toutes les régions chaudes du globe, mais il est démontré par une foule de témoignages historiques qu’elle a été employée d’abord dans l’Asie méridionale, d’où elle s’est répandue en Afrique et plus tard en en Amérique. La question est donc de savoir dans quelles parties du continent, ou des îles du midi de l’Asie, la plante existe ou existait quand on a commencé à s’en servir. Ritter a procédé selon les bonnes méthodes pour arriver à une solution.

Il note d’abord que toutes les espèces connues à l’état sauvage et rapportées, avec sûreté, au genre Saccharum, croissent dans l’Inde, excepté une qui est en Égypte[433]. On a décrit depuis cinq espèces des îles de Java, la Nouvelle-Guinée, Timor ou les Philippines[434]. La probabilité est toute en faveur de l’origine en Asie si l’on part des données de la géographie botanique.

Malheureusement aucun botaniste n’avait trouvé à l’époque de Ritter et n’a encore trouvé le Saccharum officinarum sauvage dans l’Inde, dans les pays adjacents ou dans l’Archipel au midi de l’Asie. Tous les auteurs anglo-indiens, Roxburgh, Wallich, Royle, etc., et plus récemment Aitchison[435] ne mentionnent la plante que comme cultivée. Roxburgh, qui a herborisé si longtemps dans l’Inde, dit expressément : « Where wild I do not know. » La famille des Graminées n’a pas encore paru dans la flore de sir J. Hooker. Pour l’île de Ceylan, Thwaites a si peu trouvé l’espèce spontanée qu’il ne l’énumère pas même comme plante cultivée[436]. Rumphius, qui a décrit soigneusement la culture dans les possessions hollandaises, ne dit rien sur la patrie de l’espèce. Miquel, Hasskarl, Blanco (Fl. Filip.) ne parlent d’aucun échantillon sauvage dans les îles de Sumatra, Java ou les Philippines. Grawfurd aurait voulu en découvrir et n’y est pas parvenu[437]. Lors du voyage de Cook, Forster ne trouva la Canne à sucre qu’à l’état de plante cultivée dans les petites îles de la mer Pacifique[438]. Les indigènes de la Nouvelle Calédonie cultivent une quantité de variétés de la Canne et en font un usage continuel en suçant la matière sucrée ; mais Vieillard[439] a eu soin de dire : « De ce qu’on rencontre fréquemment au milieu des broussailles et même sur les montagnes des pieds isolés de Saccharum officinarum, on aurait tort d’en conclure que cette plante est indigène, car ses pieds, faibles et rachitiques, accusent simplement d’anciennes plantations, ou proviennent de fragments de Cannes oubliés par les naturels, qui voyagent rarement sans avoir un morceau de canne à sucre à la main. » En 1861, M. Bentham, qui avait à sa disposition les riches herbiers de Kew, s’exprimait ainsi dans la flore de l’île de Hongkong ; » Nous n’avons aucune preuve authentique et certaine d’une localité où la Canne à sucre ordinaire soit spontanée. »

Je ne sais cependant pourquoi Ritter et tout le monde a négligé une assertion de Loureiro dans la flore de Cochinchine[440] : « Habitat, et colitur abundantissime in omnibus provinciis regni Cochinchinensis : simul in aliquibus imperii sinensis, sed minori copia. » Le mot habitat, séparé du reste par une virgule, est bien affirmatif. Loureiro n’a pas pu se tromper sur le Saccharum officinarum, qu’il voyait cultivé autour de lui et dont il énumère les principales variétés. Il doit avoir vu des pieds spontanés, au moins en apparence. Peut-être venaient-ils de quelque culture du voisinage, mais je ne connais rien qui rende invraisemblable la spontanéité dans cette partie chaude et humide du continent asiatique.

Forskal[441] a cité l’espèce comme spontanée dans les montagnes de l’Arabie Heureuse, sous un nom qu’il croit indien. Si elle était d’Arabie, elle se serait répandue depuis longtemps en Égypte, et les Hébreux l’auraient connue.

Roxburgh avait reçu au jardin botanique de Calculta, en 1796, et avait introduit dans les cultures du Bengale, un Saccharum qu’il a nommé S. sinense et dont il a publié une figure dans son grand ouvrage des Plantæ Coromandelianæ (vol. 3, p. 232). Ce n’est peut-être qu’une forme du S. officinarum, et d’ailleurs, comme elle n’est connue qu’à l’état cultivé, elle n’apprend rien sur la patrie soit de cette l’orme, soit des autres.

Quelques botanistes ont prétendu que la canne à sucre fleurit plus souvent en Asie qu’en Amérique ou en Afrique, et même que sur les bords du Gange elle donne des graines[442], ce qui serait, d’après eux, une preuve d’indigénat. Macfadyen le dit sans fournir aucune preuve. C’est une assertion qu’il a reçue, à la Jamaïque, de quelque voyageur ; mais sir W. Hooker a soin d’ajouter en note ; « Le Dr Roxburgh, malgré sa longue résidence au bord du Gange, n’a jamais vu de graines de la canne à sucre. » Elle fleurit et surtout fructifie rarement, comme en général les plantes qu’on multiplie par boutures ou drageons, et, si quelque variété de la canne était disposée à donner des graines, elle serait probablement moins productive de sucre, et bien vite on l’abandonnerait. Rumphius, meilleur observateur que beaucoup de botanistes modernes et qui a si bien décrit la canne cultivée dans les îles hollandaises, fait une remarque intéressante[443] « Elle ne produit jamais de fleurs ou de graines, à moins qu’elle ne soit restée pendant quelques années dans un endroit pierreux. » Ni lui, ni personne, à ma connaissance, n’a décrit ou figuré la graine. Au contraire, les fleurs ont été souvent figurées, et j’en ai un bel échantillon de la Martinique[444]. Schacht est le seul qui ait donné une bonne analyse de la fleur, y compris le pistil ; il n’a pas vu la graine mûre[445]. De Tussac[446], qui a donné une analyse fort médiocre, parle de la graine, mais il ne l’a vue que jeune, à l’état d’ovaire.

À défaut de renseignements précis sur l’indigénat, les moyens accessoires, historiques et linguistiques, de prouver l’origine asiatique, ont de l’intérêt. Ritter les donne avec soin. Je me contenterai de les résumer.

Le nom de la canne à sucre en sanscrit était Ikshu, Ikshura ou Ikshava ; mais le sucre se nommait Sarkara ou Sakkara, et tous les noms de cette substance dans nos langues européennes d’origine aryenne, à partir des anciennes comme le grec, en sont clairement dérivés. C’est un indice de l’origine asiatique et de l’ancienneté du produit de la canne dans les régions méridionales de l’Asie avec lesquelles le peuple parlant le vieux sanscrit pouvait avoir eu des rapports commerciaux. Les deux mots sanscrits sont restés en bengali sous la forme de Ik et Akh[447], Mais dans les autres langues, au delà de l’Indus, on trouve une variété singulière de noms, du moins quand elles ne descendent pas de celle des Aryens, par exemple : Panchadara en telinga, Kyam chez les Birmans, Mia en Cochinchinois, Kan et Tche ou Tsche en chinois, et plus au midi, chez les peuples malais, Tubu ou Tabu, pour la plante, et Gula, pour le produit. Cette diversité montre une ancienneté très grande de la culture dans les régions asiatiques, où déjà les indications botaniques font présumer l’origine de l’espèce. L’époque d’introduction de la culture en divers pays concorde avec l’idée d’une origine de l’Inde, de la Cochinchine ou de l’archipel Indien.

En effet, les Chinois ne connaissent pas la canne à sucre depuis un temps très reculé, et ils l’ont reçue de l’ouest. Ritter contredit les auteurs qui avaient admis une culture très ancienne, et j’en vois la confirmation la plus positive dans l’opuscule du Dr Bretschneider, rédigé à Péking avec les ressources les plus complètes sur la littérature chinoise[448]. « Je n’ai pu découvrir, dit-il, aucune allusion à la canne à sucre dans les plus anciens livres chinois (les cinq classiques). » Elle paraît avoir été mentionnée pour la première fois par les auteurs du IIe siècle avant J.-C. La première description se trouve dans le Nan-fang-tsao-mu-chuang, au IVe siècle : « Le Chê-chê, Kan-chê (Kan, doux ; chê, Bambou) croît, dit-il, en Cochinchine (Kiaochi). Il a plusieurs pouces de circonférence et ressemble au Bambou. La tige, rompue par fragments, est mangeable et très douce. Le jus qu’on en tire est séché au soleil. Après quelques jours, il devient du sucre (ici un caractère chinois composé), qui se fond dans la bouche… Dans l’année 286 (de l’ère chrétienne), le royaume de Funan (dans l’Inde, au delà du Gange) envoyait du sucre en tribut. » Selon le Pent-sao, un empereur qui a régné dans les années 627 à 650 de notre ère avait envoyé un homme dans la province indienne de Bahar, pour apprendre la manière de fabriquer le sucre.

Il n’est pas question dans ces ouvrages de spontanéité en Chine, et au contraire l’origine cochinchinoise, indiquée par Loureiro, se trouve appuyée d’une manière inattendue. L’habitation primitive la plus probable me parait avoir été de la Cochinchine au Bengale. Peut-être s’étendait-elle dans les îles de la Sonde et les Moluques, dont le climat est très semblable ; mais il y a tout autant de raisons de croire à une introduction ancienne venant de Cochinchine ou de la péninsule malaise.

La propagation de la canne à sucre à l’occident de l’Inde est bien connue. Le monde gréco-romain avait une notion approximative du roseau (calamus), que les Indiens se plaisaient à sucer et duquel ils obtenaient le sucre[449]. D’un autre côté, les livres hébreux ne parlent pas du sucre[450], d’où l’on peut inférer que la culture de la canne n’existait pas encore à l’ouest de l’Indus à l’époque de la captivité des Juifs à Babylone. Ce sont les Arabes, dans le moyen âge, qui ont introduit cette culture en Égypte, en Sicile et dans le midi de l’Espagne[451], où elle a été florissante, jusqu’à ce que l’abondance du sucre des colonies ait obligé d’y renoncer. Don Henrique transporta la canne à sucre de Sicile à Madère, d’où elle fut portée aux îles Canaries en 1503[452]. De ce point, elle fut introduite au Brésil dans le commencement du XVIe siècle[453]. Elle a été portée à Saint-Domingue vers l’an 1520 et peu après au Mexique[454] ; à la Guadeloupe en 1644, à la Martinique vers 1650, à Bourbon dès l’origine de la colonie[455]. La variété dite d’O-taïti — qui n’est point spontanée dans cette île — et qu’on appelle aussi de Bourbon, a été introduite dans les colonies françaises et anglaises à la fin du siècle dernier et au commencement du siècle actuel[456].

Les procédés de culture et de préparation du sucre sont décrits dans un très grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels on peut recommander les suivants : en français : de Tussac, Flore des Antilles, 3 vol. in-folio, Paris, 1808, vol. 1, p. 151-182 ; en anglais : Macfadyen, dans Hooker, Botanical miscellanies, in-8o 1830, vol. 1, p. 103-116.



  1. Fries, Summa, p. 29 ; Nylander, Conspectus, p. 46 : Bentham, Handb. brit. flora, éd. 4 p. 40 ; Mackay, Fl. hibern., p. 28 ; Brebisson, Flore de Normandie, éd. 2, p. 18 ; Babington, Primitiæ fl. sarnicae, p. 8 ; Clavaud, Flore de la Gironde, I, p. 68.
  2. Bertoloni, Fl. ital., 7, p. 146 ; Nylander, l. c.
  3. Ledebour, Fl. ross. ; Grisebach, Spicilegium fl. tummel ; Boissier, Fl. or., etc.
  4. Watson, si attentif aux questions de ce genre, doute de l’indigénat en Angleterre. (Compendium of the Cybele, p. 103), mais la plupart des auteurs de flores britanniques l’admettent.
  5. Les Brassica balearica et Br. cretica sont vivaces, presque ligneux, non bisannuels. On s’accorde à les séparer du Br. oleracea.
  6. Aug. Pyr. de Candolle a publié, sur les divisions et subdivisions du Brassica oleracea, un mémoire spécial (Transactions of the hortic. Soc., vol. 5, traduit en allemand, et en français dans la Bibl. univ. agricult., vol. 8), qui est souvent cité comme un modèle dans ce genre.
  7. Alph. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 839.
  8. Ad. Pictet, Les origines indo-européennes, éd. 2, vol. 1, p. 380.
  9. Alph. de Candolle, l. c. ; Ad. Pictet, l. c.
  10. Brandza, Prodr. fl. romane, p. 122.
  11. De Charencey, Recherches sur les noms basques, dans Actes de la Société philologique, 1er mars 1869.
  12. Ad. Pictet. l. c.
  13. Fick, Vörterb, d. indo-germ. Sprachen, p. 34.
  14. Piddington, Index ; Ainsiies, Mat. méd. ind.
  15. Rosenmüller, Bibl. Alterk., ne cite aucun nom.
  16. Voir Fraas, Syn. fl. class., p. 120, 124 ; Lenz, Bot. d. Alten, p. 617.
  17. Sibthorp, Prodr. fl. graec., 2, p. 6 ; Heidreich, Nutzpfl. Griechen., p. 47.
  18. Ainslies, Mat. méd. ind., 1, p. 95.
  19. Heidreich, l. c.
  20. Piddington, Index ; Ainslies, l. c.
  21. Hooker, Fl. brit. India, 1, p. 160.
  22. Boissier. Fl. orient., vol. 1.
  23. De Candolle, Syst., 2, p. 533.
  24. Sibthorp et Smith, Prodr. fl. græcæ, 2, p. 6.
  25. Poech, Enum. plant. Cypri, 1842.
  26. Unger et Kotschy, Inseln Cypern, p. 331.
  27. Ledebour, F. ross., 1, p. 203.
  28. Lindemann, Index plant. in Ross., Bull. Soc. nat. Mosc. 1860, vol. 33.
  29. Lindemann, Prodr. fl. Cherson. p. 21.
  30. Nyman, Conspectus fl. europ., 1878, p. 65.
  31. Schweinfurth, Beitr. fl. Æth., p. 270.
  32. Piddington, Index to indian plants.
  33. Nemnich, Polygl. Lexicon Naturgesch., 2, p. 1047.
  34. Loureiro, Fl. Cochinch. 1, p. 359 ; Franchet et Savatier, Enum. plant. Japon., 1, p. 53 ; Bentham, Fl. Hongkong, p. 127.
  35. Hooker, Fl. brit. Ind., 1, p. 240.
  36. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 145. Lindemann, Prodr. fl. Chers., p. 74, dit : In desertis et arenosis inter Cherson et Berislaw, circa Odessam.
  37. Lenz, Bot. d. Alt., p. 632 ; Heldreich, Fl. attisch. Ebene, p. 483.
  38. Bertol., Fl. it., v. 5 ; Gussone, Fl. sic. vol 1 ; Moris, Fl. sard., v, 2 ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., v. 3.
  39. Botanical magazine, t. 2362 ; Bon jardinier, 1880, p. 567.
  40. Sir J. Hooker, Handbook of New Zealand flora, p. 84 ; Bentham, Flora australiensis, 3, p. 327 ; Franchet et Savatier, Enum, plant, Japoniæ, I, p. 177.
  41. Cl. Gay, Flora chilena, 2, p. 468.
  42. Fries, Summa veget. Scandinaviæ, Munby, Catal. Alger., p. 11 ; Boissier, Flora orientalis, 2, p. 856 ; Schweinfurth et Ascherson, Aufzàhlung, p. 272 ; Hooker, Flora of brit, India, 2 p. 679.
  43. Dioscoride, Mat med., l. 3, c. 67, 68 ; Pline, Hist., l. 19, c. 7, 8 ; Lenz, Bot. d. alten Griechen und Rœmer, p. 557.
  44. Steven, Verzeichniss taurischen Halbinseln, p. 183.
  45. Boissier, Flora orient., 2, p. 913.
  46. Lenz, Botanik der alten Griechen und Rœmer, p. 572.
  47. Munby, Catal. Alger., éd. 2, p. 22 ; Boissier, Flora orientalis, 2 p., 857.
  48. Dioscorides, Mat. medica, 1. 3, c. 70 ; Pline, Hist., l. 20, c. 12.
  49. La liste de ces plantes est dans Meyer, Geschichte der Botanik, 3>. p. 401.
  50. Phillips, Companion to kitchen garden, 2, p. 33.
  51. Theophrastes, Hist., l. 1, 9 ; l. 2, 2 ; l. 7, 6 ; Dioscorides, Mat. med., l. 3, c. 71.
  52. E. Meyer, Geschichte der Botanik, 3, p. 401.
  53. Targioni, Cenni storici, p. 58.
  54. English botany, t. 230 ; Phillips, Companion to the kitchen garden ; Le bon jardinier.
  55. Boissier, Flora orientalis, 2, p. 927.
  56. Krok, Monographie des Valerianella, Stockolm, 1864, p. 88 ; Boissier, Flora orient., 3, p. 104.
  57. Bertoloni, Flora ital., 1, p. 185 ; Moris, Flora sardoa, 2, p. 314 ; Gussone, Synopsis fl. Siculæ, éd. 2, vol. 1, p. 30.
  58. Dodoens, Hist. plant., p. 724 ; Linné, Species, p. 1159 ; de Candolle, Prodromus, 6, p. 620.
  59. Moris, Flora sardoa, 2, p. 61.
  60. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 2, p. 180.
  61. Webb, Phyt. Canar., 3, sect. 2, p. 384 ; Ball, Spicilegium fl. marocc., p. 524 ; Willkomm et Lange, /. c. ; Bertoloni, fl. ital., 9 p. 86 ; Boissier, fl. orient., 3, p. 357 ; Unger et Kotschy, Inseln Cypern, p. 246.
  62. Munby, Catal., éd. 2.
  63. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 27.
  64. Targioni, Cenni storici, p. 52.
  65. Dictionnaire français-berbère, publié par le gouvernement, 1 vol. in-8.
  66. Theophrastes, Hist., l. 6, c. 4 ; Pline, Hist., l. 19, c. 8 ; Lenz, Botanik der alten Griechen und Rœmer, p. 480.
  67. Athénée, Deipn., 2, 84.
  68. Pickering, Chronol. arrangement, p. 71 ; Unger, Pflanzen des alten Ægyptens, p. 46, fig. 27 et 28.
  69. Ainslies, Mat. méd. ind., 1, p. 22.
  70. Piddington, Index.
  71. Bretschneider, Study, etc., et Lettres de 1881.
  72. Phillips, Companion to the kitchengarden, p. 22.
  73. Aug. de Saint-Hilaire, Plantes remarq. du Brésil, Introd., p. 58 ; Darwin, Animals and plants under domestication, 2, p. 34.
  74. Cl. Gay, Flora chilena, 4, p. 317.
  75. L’auteur qui a examiné cette question avec le plus de soin est Bischoff, dans ses Beiträge zur flora Deutschlands und der Schweiz, p. 184. Voir aussi Moris, Fl. sardoa, 2, p. 530.
  76. Webb, Phytogr. canar., 3, p. 422 ; Lowe, Fl. of Madeira, p. 544.
  77. Munby, Catal., éd. 2, p. 22, sous le nom de L. sylvestris.
  78. Schweinrurth et Ascherson, Aufzählung, p. 285.
  79. Boissier, Fl. orient., 3, p. 809.
  80. Clarke, Compos. indicæ, p. 263.
  81. Theophrastes, l. 7, cap. 4.
  82. Nemnich, Polygl. Lexicon.
  83. A. de Candolle, Géogr. bot. rais., p. 843.
  84. Bretschneider, Study and value of chinese botanical works, p. 17.
  85. Ball, Spicilegium Fl. marocc., p. 534 ; Munby, Catal., éd. 2, p. 21.
  86. Boissier, fl. orient., 3 p. 715.
  87. Clarke, Compos. ind., p. 250.
  88. Ledebour, Fl. ross., 2, p. 774.
  89. Dioscorides, II, cap. 160 ; Pline, XIX, cap. 8 ; Palladius, XI, cap. 11. Voir d’autres auteurs cités dans Lenz, Botanik d. Alten, p. 483.
  90. Heldreich, Die Nutzvflanzen Griechenland’s, p. 28 et 76.
  91. Aug. Pyr. de Gandolle, Prodr. 7 p. 84 ; Alph. de Candolle, Géogr. bot. p. 845.
  92. Clarke, Compos. ind., p. 250.
  93. De Visiani, Flora dalmat., II, p. 97 ; Schultz, dans Webb, Phyt. canar., sect. II, p. 391 ; Boissier, Fl. orient., III, p. 716.
  94. Lowe, Flora of Madeira, p. 521.
  95. Ball, Spicileg., p. 534.
  96. Munby, Cat., éd. 2, p. 21.
  97. Boissier, l. c.
  98. Bunge, Beitr. zur flora Russland’s und Central-Asien’s, p. 197.
  99. Lenz, Botanik der Alten, p. 483, cite les passages des auteurs. Voir aussi Heldreich, Die Nutzpflanzen GriechenL, p. 74.
  100. Nemnich, Polygl. Lexic., au mot Cichorium Endivia.
  101. Royle, Ill. Himal., p. 247 ; Piddington, Index.
  102. J. Bauhin, Hist., II, p. 964 ; Fraas, Syn. fl. class. ; Lenz, Bot. d. Alten.
  103. Brassavola, p. 176.
  104. Mathioli, éd. Valgr. p. 343.
  105. Ebn Baithar, ueberttz von Sondtheimer, I, p. 34 ; Forskal, Egypt, p. 77 ; Delile, ///. Ægypt., , p. 29.
  106. Roxburgh, Fl. ind., éd. 1832, v. III, p. 771, appliqué au Spinacia tetrandra, qui paraît la même espèce.
  107. Maximowicz, Primitiæ fl. Amur., p. 222.
  108. Bretschneider, Study, etc. of chinese bot. works, p. 17 et 15.
  109. Dict. d’agric., V, p. 906.
  110. Boissier, Fl. orient., VI, p. 234.
  111. Wight, Icones, t. 818.
  112. Nees, Gen. plant. fl. germ., livr. 7, pl. 15.
  113. Bauhin, Hist., II, p. 965.
  114. A. gangeticus, tristis et hybridus, de Linné, d’après Baker, Flora of Mauritius, p. 266.
  115. Wight, Icones, pl. 715.
  116. Roxburgh, Flora indica, éd. 2, vol. III, p. 606.
  117. Boissier, Flora orientalis, IV, p. 990 ; Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, etc., p. 289.
  118. Franchet et Savatier, Enum. plant. Japoniæ, I, p. 390.
  119. Hasskarl, Plantæ javan. rariores, p. 431.
  120. Gay, Ann. des sc. nat., 3e série, vol. 8.
  121. Linné, Species ; de Candolle, Fl. franc., III, p. 219.
  122. Koch, Synopsis fl. germ. ; Babington, Manual of brit. fl. ; English botany, etc., etc.
  123. Ledebour, Flora ross., IV, p. 163.
  124. Baker, Journal of bot., 1874, p. 293.
  125. Strabon, 12, p. 560 ; Pline, livre 18, chap. 16.
  126. Hehn, Culturpflanzen, etc., p. 355.
  127. Gasparin, Cours d’agric., IV, p. 424.
  128. Targioni, Cenni storici, p. 34.
  129. Fraas, Synopsis floræ classicæ, p. 63 ; Heldreich, Die Nutzpflanzen Griechenlands, p. 70.
  130. Bauhin, Hist. plant., II, p. 381.
  131. Colmeiro, Catal.
  132. Tozzetti, Dizion. bot.
  133. Ebn Baithar, Heil und Nahrungsmittel, trad. de l’arabe par Sontheimer, vol. 2, p. 257.
  134. Boissier, Fl. orient., II, p. 94.
  135. Royle, Ill. Himal., p. 197.
  136. Piddington, Index.
  137. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 72.
  138. Fraas, Synopsis fl. class., p. 58 ; Lenz, Bot. alt. Griechen und Rœmer, p. 731.
  139. 0. de Serres, Théâtre de l’agric., p. 242.
  140. Targioni Tozzetti, Cenni storici, p. 34.
  141. Ledebour, Fl. ross., I, p. 708 ; Boissier, Fl. or., p. 532.
  142. Turczaninow, Flora baical, Dahur., 1, p. 340.
  143. Targioni Tozzetti, Cenni storici, p. 35 ; Marès et Vigineix, Catal. des Baléares, p. 100.
  144. De Gasparin, Cours d’agric., 4, p. 472.
  145. Bertoloni, Flora ital., 8, p. 6.
  146. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 262.
  147. Munby, Catal., éd. 2, p 12.
  148. De Gasparin, Cours d’agriculture, 4, p. 445, d’après Schwerz et A. Young.
  149. Munby, Catal., éd. 2, p. 11.
  150. Boissier, Flora orient., 1, p. 115.
  151. Ledebour, Flora ross., 1, p. 548.
  152. Baker, dans Hooker, Flora of brit. India, 2, p. 86.
  153. Bon jardinier, 1880, part. 1, p. 618.
  154. De Candolle, Flore franç. 4, p. 528.
  155. Targioni, Cenni storici, p 35.
  156. Costa, Introd. fl. di Catal., p. 60.
  157. Moritzi, Dict. mss. rédigé d’après les flores publiées avant le milieu du siècle actuel.
  158. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 366.
  159. Marès et Virgineix, Catal. 1880.
  160. Moris, Flora sardoa, 1, p. 467.
  161. Munby, Catal., éd. 2.
  162. Bentham, Handbook of bristish flora, éd. 4, p. 117.
  163. Moris, Flora sardoa, 1, p. 467 ; Visiani, FL dalmat, , 3, p. 290.
  164. Bon jardinier, 1880, p. 619.
  165. Forskal, Flora ægypt., p. 71 ; Delile, Plant. cult. en Égypte, p. 10 ; Wilkinson, Manners and customs of ancient Egyptians, 2, p. 398.
  166. Boissier, Flora orient., 2, p. 127.
  167. Bertoloni, Fl. it., 7, p. 600.
  168. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 71.
  169. Voir Lenz, Botanik d. Alten, p. 727 ; Fraas, Fl. class., p. 54.
  170. Wittmack, Sitzungsber. bot. Vereins Brandenburg, 19 déc. 1870.
  171. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 308.
  172. Herrera, Agricultura, éd. 1819, 4, p. 72.
  173. Baker, dans Hooker, Fl. brit. India.
  174. Boissier, Fl. orient., 2, p. 595.
  175. Par exemple:Munby, Catal. plant. Algeriæ, éd. 2, p. 12.
  176. Munby, Catal., éd. 2.
  177. Ledebour, Fl. ross., 1, p. 666 ; Hohenacker, Enum. plant. Talych, p. 113 ; C.-A. Meyer, Verzeichiss. p. 147.
  178. Roxburgh, Fl. ind., éd. 1832, v. 3, p. 323; Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 178.
  179. Piddington, Index, en indique quatre.
  180. Targioni, Cenni storici, p. 30.
  181. Cato, De re rustica, éd. 1535, p. 34 ; Pline, l. 18, c. 15.
  182. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 71. Dans la langue antérieure aux Indo-Européens Vik a un autre sens, celui de hameau (Fick, Vorterb. indo-germ., p. 189).
  183. Vilmorin, Bon jardinier, 1880, p. 603.
  184. Targioni, Cenni storici, p. 31 ; Bertoloni, F. ital., 7, p. 444, 447.
  185. Lenz, Botanik d. Alten, p. 730.
  186. Fraas, Fl. class. ; Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands.
  187. Wittmack, Sitz. ber. bot. Vereins Brandenburg, 19 déc. 1879.
  188. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 313 ; Bertoloni, l. c.
  189. Schweinfurth et Ascherson, Aufählung, etc., p. 257.
  190. Boissier, Fl. orient., 2, p. 605.
  191. J. Baker, dans Hooker, Fl. of brit. India.
  192. Munby, Catal.
  193. Theophrastes, Hist. plant., 8, c. 2, 10.
  194. Columella, De re rustica, 2, c. 10 ; Pline, 18, c 13, 32.
  195. Roxburgh, Fl. ind., 3 ; Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 178.
  196. Rosenmüller, Handb. bibl. Alterk. vol., 1.
  197. Piddington, Index.
  198. Heldreich, Pflanzen d. attisch. Ebene, p. 476 ; Nutzpflanzen Griechenlands, p. 72.
  199. Ledebour, Flora rossica, 1, p. 681.
  200. C.-A. Meyer, Verzeichniss, p 148.
  201. Boissier, Fl. orient., 2, p. 606.
  202. Willkomm et Lange, Prodr. Fl. hisp., 3, p. 312.
  203. Lenz, Bot. d. Alterth., p. 730 ; Heldreich, Nutzpfl. Griechenl. p. 72.
  204. Lenz. l. c.
  205. Caruel, Fl. tosc., p. 193 ; Gussone, Syn. fl. sic. éd. 2.
  206. Boissier, fl. orient. 2, p. 602 ; Moris, fl. sardoa, 1, p. 582.
  207. Willkomm et Lange, l. c.
  208. Boissier, l. c.
  209. Theophrastes, Hist. plant., 8, c. 8 ; Golumella, De re rust., 2, c. 10 ; Pline, Hist., 18, c. 16.
  210. Fraas, Syn. fl. class., p. 63 ; Lenz, Bot. d. Alterth., p. 719.
  211. Baker, dans Hooker, Fl. brit. Ind., II, p. 57.
  212. Schweinfurth, Beitr. z. Fl. Æthiop. p. 258.
  213. Baker, l. c.
  214. Boissier, Fl. orient. II, p. 70.
  215. Boissier, ibid.
  216. Sibthorp, Fl. græca, t. 766 ; Lenz, l. c ; Bertoloni, Fl. ital., 8, p. 250 ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 3, p. 390.
  217. Caruel, Fl. tosc., p. 256 ; Willkomm et Lange, l. c.
  218. Les plantes qui se répandent d’un pays à l’autre arrivent plus difficilement dans les îles, selon les observations que j’ai publiées autrefois (Géogr. bot. raisonnée, p. 706).
  219. Piddington, Index.
  220. Ainslie, Mat. med. ind., I, p. 130.
  221. Rosenmüller, Bibl. Alterkunde.
  222. Comme d’ordinaire le dictionnaire classique de Fick, des langues indo-européennes, ne mentionne pas le nom de cette plante, que les Anglais disent être sanscrit.
  223. Brotero, Flora lusitanica, II, p. 160.
  224. Cosson, Notes sur quelques plantes nouvelles ou critiques du midi de l’Espagne, p. 36.
  225. Bon jardinier, 1880, p. 512.
  226. Boissier, Fl. or. 1, p. 731.
  227. Hooker, Fl. brit. India, 1, p. 243, et plusieurs échantillons des Nilghiries et de Ceylan dans mon herbier.
  228. Zollinger, n° 2556, dans mon herbier.
  229. Piddington, Index.
  230. Sobolewski, Flora petrop., p. 109.
  231. Rafn. Danmarks flora, 2, p. 799.
  232. Wahlenberg, cité dans Moritzi, Dict. ms. ; Svensk Botanik, t. 308.
  233. Bauhin, Hist. plant., 3, p. 722.
  234. Spergula maxima Bœhninghausen, figurée sans Reichenbach, Plantæ crit., 6, p. 513.
  235. Panicum maximum Jacq., Coll. 1, p. 71 (en 1786) ; Jacq. icones, 1, t. 13 ; Swartz, Fl. Indiæ occ., 7, p. 170. P. polygamum Swartz, Prodr. p. 24 (1788). P. jumentorum Persoon Ench., 1, p. 83 (1805). P. altissimum, de quelques jardins et auteurs modernes. D’après la règle, le nom le plus ancien doit être adopté.
  236. À la Dominique, d’après Imray, dans Kew Report for 1879, p. 16.
  237. Nees, dans Martius, Fl. brasil., in-8o, vol. 2, p. 166.
  238. Dœll, dans Flora brasil., in-fol., vol. 2, part. 2.
  239. Sir W. Hooker, Niger flora, p. 560.
  240. Nees, Floræ Africæ austr. Graminæ, p ; 36.
  241. A. Richard, Abyssinie, 2, p 373.
  242. Peters, Reise, Botanik, p. 546.
  243. Bojer, Hortus mauritianus, p. 565.
  244. Baker, Flora of Mauritius and Seychelles, p. 436.
  245. Thwaites, Enum. plant. Ceylonæ,
  246. Seemann, dans Transactions of the linnæan Society, 22, p. 337, pl. 61.
  247. Kæmpfer, Amægn. Japon.
  248. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical works, p. 13 et 45.
  249. Franchet et. Savatier, Enum. plant. Jap., I, p. 61.
  250. Fortune, Three years wandering in China, 1 vol. in-8o.
  251. Fontanier, Bulletin soc. d’acclimatation, 1870, p. 88.
  252. Loureiro, Fl. cochinch., p. 414.
  253. Griffith, Reports ; Wallich, cité par sir J. Hooker, Flora of brit. India, I, p. 293.
  254. Anderson, cité par sir J. Hooker.
  255. The colonies and India, d’après le Gardener’s Chronicle, 1880, I, p. 659.
  256. Discours au congrès bot. de Londres, en 1866.
  257. Flora, 1868, p. 64.
  258. Planchon, dans Hooker, Journal of botany, vol. 7, p. 165.
  259. Heer, Die Pflanzen der Pfahlbauten, in-4o Zurich, 1865, p. 35 ; Ueber den Flachs und die Flachskultur, in-4o Zurich, 1872.
  260. Loret, Observations critiques sur plusieurs plantes montpelliéraines dans la Revue des sc. nat, 1875.
  261. Boissier, Flora orient., 1, p. 851. C’est le L. usitatissimum de Kotschy, n° 164.
  262. Boissier, ibid. ; Hohenh., Enum. Talysch, p. 168.
  263. Steven, Verzeichniss der auf der taurischen Halbinseln wildwachsenden Pflanzen, Moscou, 1857, p. 91.
  264. Heer, Ub. d. Flachs, p. 17 et 22.
  265. Jordan, cité dans Walpers, Annal., vol. 2, et dans Heer, l. c., p. 22.
  266. Ball, Spicilegium fl. marocc., p. 380.
  267. Munby, Catal., éd. 2, p. 7.
  268. Robif, d’après Cosson, Bull, Soc. bot. de Fr., 1875, p. 46.
  269. Planchon. l. c., Bentham, Handbook of brit. fl. éd. 4, p. 89.
  270. Planchon, l. c.
  271. Boissier, Fl. or., 1, p. 861.
  272. A. de Candolle, Géogr. bot, raisonnée, p. 833.
  273. Thomson, Annals of philos., juin 1834 ; Dutrochet, Larrey et Costaz, Comptes rendus de l’Acad. des sc., Paris, 1837, sem. 1, p. 739 ; Unger, Bot. Stretfzüge, 4, d. 62.
  274. On a traduit d’autres mots hébreux par lin, mais celui-ci est le plus certain. Voir Hamilton, La botanique de la Bible, Nice, 1871, p. 58.
  275. Piddington, Index Ind. plants ; Roxburgh, Fl. ind., éd. 1832, 2, p. 110. Le nom Matusee (prononcez Matousi) indiqué par Piddington, appartient à d’autres plantes, d’après Ad. Pictet, Origines indo-europ., éd. 2, vol. 1, p. 396.
  276. Heer, Die Pflanzen der Pfahlbauten, br, in-4o, Zurich, 1865, p. 35 ; Ueber den Flachs und die Flachscultur in Altherthum, br. in-4o, Zurich, 1872.
  277. Bertoloni, Flora ital., 4, p. 612.
  278. Nous avons vu qu’il avance vers le nord-ouest de l’Europe, mais il manque au nord des Alpes. Peut-être l’ancien climat de la Suisse était-il plus égal qu’à présent, avec plus de neiges pour abriter les gantes vivaces.
  279. Mittheil. anthropol. Gesellschaft, Wien. vol. 6, p. 122, 161 ; Ahhandt. Wien. Akad., 84, p. 488.
  280. Sordelli, Sulle piante della torbiera e della stazione preistorica della Lagozza, p. 37 et 51, imprimé à la suite de Castelfiranco, Notizie all. stazione lacustre della Lagozza, in-8o, Atti della Soc. ital. sc. nat., 1880.
  281. La poule a été introduite d’Asie en Grèce dans le VIe siècle avant J.-C, d’après Heer, Ueb. d. Flachs, p. 25.
  282. Ces découvertes dans les tourbières de Lagozza et autres lieux, en Italie, montrent à quel point M. V. Hehn (Kulturpfl., éd. 3, 1877, p. 524) s’est trompé en supposant les lacustres suisses des Helvétiens rapprochés du temps de César. Les hommes de la même civilisation qu’eux au midi des Alpes étaient évidemment plus anciens que la république romaine, peut-être plus que les Ligures.
  283. Ad. Pictet, Origines indo-europ., éd. 2, vol. 1, p. 396.
  284. Van Eys, Dict. basque-français, 1876 ; Gèze, Éléments de grammaire basque suivis d’un vocabulaire, Bayonne, 1873 ; Salaberry, Mots basques navarrais, Bayonne, 1856 ; Lécluse, Vocabul. français basque, 1826.
  285. Ad. Pictet, l. c.
  286. Nemnich, Polygl. Lexicon d. Naturgesch., 2, p. 420 ; Rafn, Danmark flora, 2, p 390.
  287. Nemnich, ibid.
  288. Nemnich, ibid.
  289. Nemnich, ibid.
  290. Fick, Vergl. Worterbuch Ind. germ. 2e éd., 1, p. 722. Le même fait venir le nom Lina du latin Linum, mais ce nom remonte plus haut, étant commun à plusieurs langues aryennes européennes.
  291. Plinius, l. 19, cap. 1 : Vere satum æstate vellitur.
  292. Unger, Botanische Streifzüge, 1866. n° 7, p. 15.
  293. A. Braun, Die Pflanzenreste des Egyptischen Museums in Berlin, in-8o, 1817, p. 4.
  294. Rosellini, pl. 35 et 36, cité par Unger, Bot. Streifzüge, n° 4, p. 62.
  295. W Schimper, Ascherson, Boissier, Schweinfurth, cités dans Al. Braun, l. c. p. 4.
  296. Heer, Ueb. d. Flachs, p. 26.
  297. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, éd. 2 Paris, 1878, p. 13 et suivantes.
  298. Journal of the royal asiatic soc., vol. 13 p. 271, cité dans Heer, l. c, p. 6.
  299. Maspero, p. 213 et suivantes.
  300. Les textes grecs sont cités surtout dans Lenz, Botanik der Alten Griechen und Rœmer, p. 672 ; Hehn, Culturpflanzen und Hausthiere, éd. 3, p. 144.
  301. Ad. Pictet, l. c.
  302. Dictionnaire français— berbère, 1 vol. in-8o, 1844.
  303. Rumphius, Amboin., vol. 5, p. 212 ; Roxburgh, Fl. indica, 2, p. 581 Loureiro, Fl. cochinch., 1, p. 408, etc., etc.
  304. Blume, Bijdragen, 1, p. 110.
  305. Zollinger, n° 1698 et 2761.
  306. Thwaites, Enum. Zeylan., p. 31.
  307. Edgeworth, Linnæan Soc. journ., IX.
  308. Masters, dans Hooker, Fl. ind., 1, p. 397.
  309. Loureiro, Fl. cochinch., 1, p. 408.
  310. Franchet et Savatier, Enum., 1, p. 66.
  311. Rosenmüller, Bibl. Naturgeschichte.
  312. Von Heldreich, Die Nutzpflanzen Griechenlands, p. 53.
  313. Masters, dans Hooker, Fl. brit. India, 1, p. 397 ; Aitchison, Catal. Punjab, p. 23 ; Roxburgh, Fl. ind., 2, p. 581.
  314. Piddingdon, Index.
  315. Schwemfurth, Beiträge z. Fl. Æthiop., p. 264.
  316. Grisebach, Flora of british India, p. 97.
  317. Bosc, Dictionn. d’agric., au mot Sumac.
  318. Les conditions et procédés de culture du Sumac ont fait l’objet d’un mémoire important de M. Inzenga, traduit dans le Bulletin de la Société d’acclimatation de février 1877. Dans les Transactions of the bot. Soc. of Edinburgh, 9, p. 341, on peut voir l’extrait d’un premier mémoire de l’auteur sur le même sujet.
  319. Ledebour, Fl. ross., 1, p. 509 ; Boissier, Fl. orient., 2, p. 4.
  320. Nemnich, Polygl. Lextcon, 2, p. 1156 ; Ainslie, Mat. med. ind., 1, p. 414.
  321. Fraas, Syn. fl. class., p. 85.
  322. Forskal, Flora ægypto-arab., p. 65 ; Riehard, Tentamen fl. abyss., 1, p. 134, t. 30 ; Botta, Archives du Muséum, 9, p. 73.
  323. Hochstetter, dans Flora, 1841, p. 663.
  324. Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 263 ; Oliver, Flora of tropical Africa, 1, p. 364.
  325. Aug. de Saint-Hilaire, Mém. du Muséum, 9, p. 351, Ann. sc. nat., 3o série, 14, p. 52 ; Hooker, London journal of botany, 1, p. 34 ; de Martius, Flora brasiliensis, vol. II, part. 1, p. 119.
  326. Martinet, dans le Bull. de la Soc. d’acclimatation, 1871, p. 449.
  327. En particulier dans le résumé très bien fait du Dr Gosse, intitulé : Monographie de l’Erytroxylon Coca, br. in-8o, 1861 (tirée à part des Mém. de l’Acad. de Bruxelles, vol. 131.
  328. Hooker, Companion to the Bot. mag., 2, p. 25.
  329. Peyritsch, dans Flora brasil., fasc. 81, p. 156.
  330. Hooker l. c.
  331. Triana et Planchon. dans Ann. sc. vol., sér. 4, vol. 18, p. 338.
  332. Gosse, Monogr., p. 13.
  333. Roxburgh, Flora indica. 3, p. 379.
  334. Wight, Icones, t. 365 ; Royle, Ill. Himal., t. 195 ; Baker, dans Flora of british India, 2, p. 98 ; Brandis, Forest flora, p. 136.
  335. Guillemin, Perrottet et Richard, Flora Seneg. tentamen, p. 178.
  336. Richard, Tentamen fl. abyss., 1, 184 ; Oliver, Fl. of trop. Africa, 2, p. 97 ; Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 256.
  337. Unger, Pflanzen d. alten Ægyptens, p. 66 ; Pickering, Chronol. arrang. p. 443.
  338. Reynier, Économie des Juifs, p. 439 ; des Égyptiens, p. 354.
  339. Hemandez, Thes., p. 108.
  340. Fortune, n° 32.
  341. Aitchison, Catal. of Punjab, etc., p. 60 ; Boissier, Fl. or., 2, p. 744.
  342. Roxburgh, Fl. ind., 2, p. 258.
  343. Thwaites, Enum. Ceyl., p. 122.
  344. Clarke, dans Hooker, Fl. brit. India, 2, p. 573.
  345. Rumphius, Amb., 4, p. 42.
  346. Grisebach, Fl. brit. W. Ind., 1, p. 271.
  347. Oliver, Fl. of trop. Africa, 2, p. 483.
  348. Piddington, Index to plants of India.
  349. Dioscorides, 1, cap. 124 ; Lenz, Bot. d. Alterk., p. 177.
  350. Tiedemann, Geschichte des Tabacks in-8o, 1854. Pour le Brésil, voir Martius, Beiträge zur Ethnographie und Sprachkunde Amerikas, 1, p. 719.
  351. Tiedemann, p. 17, pl. 1.
  352. Les dessins de ces pipes sont reproduits dans l’ouvrage récent de M. de Nadaillac, Les premiers hommes et les temps préhistoriques, vol. 2. p. 45 et 48.
  353. Tiedemann, p. 38, 39.
  354. Martius, Syst, mat. med. bras., p. 120 ; Fl. bras., vol. X, p. 191.
  355. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 849.
  356. Flückiger et Hanbury, Histoire des drogues d’origine végétale, traduction en français, 1878, yol. 2, p. 150.
  357. L’un d’eux est classé sous le nom de Nicot. fruticosa, qui, selon moi, est la même espèce, à taille élevée, mais non ligneuse, comme le nom le ferait croire. Le N. auriculata Bertero est aussi le Tabacum, d’après mes échantillons authentiques.
  358. Hayne, Arzneikunde Gewachse, vol. 12, t. 41 ; Miller, Gardener’s dict., figures, t. 186, f. 1.
  359. La capsule est tantôt plus courte que le calice et tantôt plus longue, sur le même individu, dans les échantillons de M. André.
  360. Voir les figures de N. rustica dans Plée, Types de familles naturelles de France, Solanées ; Bulliard, Herbier de France, t. 289.
  361. Asa Gray, Synoptical flora of N. A. (1878), p. 241.
  362. Martin de Moussy, Descript. de la rép. Argentine, 1, p. 196.
  363. Bulliard, l. c.
  364. Cæsalpinus, lib. VIII, cap. 44 ; Bauhin, Hist., 3, p. 630.
  365. Tiedemann, Geschichte des Tabaks (1854), p. 208. Deux ans auparavant, Volz, Beiträge zur Culturgeschichte, avait réuni déjà un très grand nombre de faits sur l’introduction du Tabac dans divers pays.
  366. D’après un auteur anonyme indien, cité par Tiedemann, p. 229.
  367. Tiedemann, p. 234.
  368. Rumphius, Herb. Amboin., 5, p. 225.
  369. Raffles, Description of Java, p. 85.
  370. Thunberg, Flora japonica, p. 91.
  371. Klemm, cité dans Tiedemann, p. 256.
  372. Stanislas Julien, dans de Candolle, Géographie bot. rais., p. 851 ; Bretschneider, Study and value of chinese botanical works, p. 17.
  373. Piddington, Index.
  374. Forskal, p. 63.
  375. Lehmann, Historia Nicotinarum, p. 18. L’expression de suffruticosa est une exagération appliquée aux Tabacs, qui sont toujours annuels. J’ai déjà dit que le N. suffruticosa des auteurs est le N. Tabacum.
  376. Link et Otto, Icones plant. rar. horti ber., in-4, p. 63, t. 32. Sendtner, dans Flora brasil., vol. 10, p. 167, décrit la même plante de Sello, à ce qu’il semble, d’après des échantillons envoyés par ce voyageur, et Grisebach, Symbolæ fl. argent., p. 243, mentionne le N. alata dans la province d’Entrerios de la république Argentine.
  377. Bertero, dans Prodr., XII, sect. 1, p. 568.
  378. Thwaites, Enum. Zeylanis. p. 252 ; Brandis, Forets flora of India, p. 375.
  379. Flückiger et Hanbury, Histoire des drogues d’origine végétale, trad. franç.2, p. 224 ; Porter, The tropical agriculturist, p. 568.
  380. Brandis, l. c. Griesebach, Fl. of brit. W. India islands, p. 179.
  381. Comte de Malartic, Journal d’agric. pratique, 7 déc. 1871, 1872, v. 2, n° 31 ; de La Rogue, ibid., n. 29, Bull. Soc. d’acclimat., juillet 1872, p. 463 ; Vilmorin, Bon jardinier, 1880, part. 1, p. 700 ; Vetillart, Études sur les fibres végét. textiles, p. 99, pl. 2.
  382. Loureiro, Flora cochinch., 2, p. 683.
  383. Bentham, Flora Hongkong, p. 331.
  384. Franchet et Savatier, Enum. plant. Jap., 1, p. 439.
  385. Blanco, Flora de Filip., éd. 2, p. 484.
  386. Rumphius, Amboin., 5, p. 214.
  387. Roxburgh, Fl. ind., 3, p. 590.
  388. Miquel, Sumatra, éd. allem., p. 170.
  389. Bretschneider, Value of chinese botanical works, p. 5, 10, 48.
  390. Roxburgh, Flora indica, éd. 2, vol. 3, p. 772.
  391. Piddington, Index.
  392. Roxburgh, ibid.
  393. Reynier, Économie des Celtes, p. 448 ; Legonidec, Dictionn. bas-breton.
  394. J. Humbert, autrefois professeur d’arabe à Genève, m’a indiqué Kannab, Kon-mab, Hon-nab, Hen-nab, Kanedir, selon les localités.
  395. Athénée, cité par Hehn, Culturpflanzen, p. 168.
  396. Rosenmüller, Handb. bibl. Alterk.
  397. Forskal, Flora ; Delile, Flore d’Égypte.
  398. Reynier, Économie des Arabes, p. 434.
  399. Heer, Ueber d. Flachs, p. 25.
  400. Sordelli, Notizie sull. staz. di Lagozza, 1880.
  401. Vol. XVI, sectio 1, p. 30.
  402. De Bunge, Bull. Soc. bot, de Fr., 1860, p. 30.
  403. Ledebour, Flora rossica, 3, p. 634.
  404. M. de Bunge a trouvé le Chanvre dans le nord de la Chine, mais dans des décombres (Enum., n° 338).
  405. Seringe, Description et culture des Mûriers.
  406. Bureau, dans de Candolle, Prodromus, 17, p. 238.
  407. Brandis, The forest flora of north-west and central India, 1874, p. 408. Cette variété a le fruit noir, comme le Morus nigra.
  408. Bureau, l. c., d’après des échantillons de divers vovageurs.
  409. Bretschneider, Study and value of chinese bot. works, p. 12.
  410. Ce nom est dans le Pent-sao, d’après Ritter, Erdkunde, 17, p. 489.
  411. D’après Platt, Zeitschrift d. Gesellsch. Erdkunde, 1871, p. 162, la culture remonte à 4000 ans avant J.-C.
  412. Franchet et Savatier, Enumeratio plantarum Japoniæ, 1, p, 433.
  413. Ant. Targioni, Cenni storici sulla introd. di varie piante nell agricolt. toscana, p. 188.
  414. Boissier, Flora orient., 4, p. 1153.
  415. Buhse, Aufzählung der Transcaucasien und Persien Pflanzen, p. 203.
  416. Ledebour, Fl. ross., 3, p. 643.
  417. Steven, Verzeichniss d. taurisch. Halbinn, p. 313 ; Heldreich, Pflanzen des attischen Ebene, p. 508 ; Bertoloni, Fl. ital., 10, p. 177 ; Carnel, Fl. Toscana, p. 171.
  418. Bureau, l. c.
  419. Roxburgh, Fl. ind. ; Piddington, Index.
  420. Reichenbach a publié de bonnes figures des deux espèces dans ses Icones floræ germ., t. 657 et 658.
  421. Fraas, Synopsis fl. class., p. 236 ; Lenz, Botanik d. alten Griechen und Rœmer, p. 419 ; Kitter, Erdkunde, 17, p. 482 ; Hehn, Culturpflanzen, éd. 3, p. 336, sans parler d’auteurs plus anciens.
  422. Boissier, Flora orient., 4, p. 1153 (publiée en 1879).
  423. Ledebour, Fl. ross., 3, p. 641.
  424. Steven, Verzeichniss d. taurischen Halbins. Fflanzen, p. 313.
  425. Tchihatcheff, traduction de Grisebach, Végétation du globe, 1, p. 424.
  426. Heldreich. Nutzpflanzen Griechenlands, p. 19.
  427. Bertoloni, Flora ital., 10, p. 179 ; Visiani, Fl. dalmat., 1, p. 220 ; Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 1, p. 250.
  428. De Humboldt, Nouvelle-Espagne, éd. 2, p. 487.
  429. De Humboldt, dans Kuntn, Nova Genera, 1, p. 297.
  430. Grisebach, Flora of brit. W. India, p. 582.
  431. Alph. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 739 ; H. Hoffmann, dans Regel, Gartenflora, 1875, p. 70.
  432. K. Ritter, Ueber die geographische Verbreitung des Zuckerrohrs, 1840, in-4, 108 pag. (d’après Pritzel, Thes. lit. bot.) ; Die cultur des Zuckerrohrs, Saccharum, in Asien, Geogr. Verbreitung, etc., etc., in-8o, 64 pages, sans date. C’est une monographie pleine d’érudition et de jugement, digne de la belle époque de la science allemande, lorsque les ouvrages anglais ou français étaient cités par tous les auteurs, avec le même soin que les allemands.
  433. Kunth, Enumeratio plantarum (1838), vol. 1, p. 474. Il n’existe pas de travail descriptif moins ancien pour la famille des Graminées, ni pour le genre Saccharum.
  434. Miquel, Flora India batavæ (1855) vol., 3, p. 511.
  435. Aitchison, Catalogue of Punjab and Sindh plants, 1869, p. 173.
  436. Thwaites, Enum. Ceyloniæ.
  437. Crawfurd, Indian archip., 1, p. 475.
  438. Forster, Planta esculentæ.
  439. Vieillard, Ann. des sc. nat., série 4, vol. 16, p. 32.
  440. Loureiro, Fl. Cochinch., éd. 2, vol. 1, p. 66.
  441. Forskal, Fl. Ægypto-arabica, p, 103.
  442. Macfadyen, On the botanical characters of the sugar cane, dans Hooker Bot. miscell. I, p. 101 ; Maycock, Fl. Barbad., p. 50.
  443. Rumphius, Amboin, vol. 5, p. 186.
  444. Hahn, n° 480.
  445. Schacht, Madeira und Teneriffe, t. 1.
  446. Tussac (de), Flore des Antilles, 1, p. 153, pl. 23.
  447. Piddington, Index.
  448. Bretschneider, On the study and value of chinese botan. works, etc.. p. 45-47.
  449. Voir les citations de Strabon, Dioscoride, Pline, etc., dans Lenz, Botanik der Griechen und Rœmer, 1859, p. 267 ; Fingerhut, dans Flora, 1839, vol. 2, p. 529 ; et beaucoup d’autres auteurs.
  450. Rosenmüller, Handbuch bibl. Alterk.
  451. Calendrier rural de Harib, écrit dans le Xe siècle pour l’Espagne, traduit par Dureau de La Malle, dans sa Climatologie de l’Italie et de l’Andalousie, p. 71.
  452. Von Buch, Canar. Inseln.
  453. Piso, Brésil, p. 49.
  454. Humboldt, Nouv.-Espagne, éd. 2, vol. 3, p. 34.
  455. Notices statistiq. sur les colonies françaises, 1, p. 207, 29, 83.
  456. Macfadyen, dans Hooker, Miscell., 1, p. 101 ; Maycock, Fl. Barbad., p. 50.