Ornithologie du Canada, 1ère partie/La Barge marbrée

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Atelier typographique de J. T. Brousseau (p. 379-381).

LA BARGE MARBRÉE.[1]
(Great-marbled Godwit.)


Ce bel oiseau arrive sur nos plages à la fin d’août, période où il émigre des terres du nord, après la ponte. À la Floride, ces oiseaux se montrent quelquefois en grands nombres, tandis que nous n’en avons remarqué que de rares individus en Canada. D’un naturel défiant, les Barges marbrées, fort ressemblantes aux Corbigeaux, ne se laissent que rarement approcher par le chasseur : si néanmoins, ce dernier réussit à faire une victime, le reste de la bande tournoie au-dessus de l’endroit où le blessé se débat et le disciple de St. Hubert est souvent assez heureux pour tirer un second coup de fusil dans la bande. Pendant l’hiver, ces oiseaux s’attroupent en bandes à la Floride.

Nous avons souvent nous-même tué au fusil des Barges, sur les grèves de l’Île-aux-Grues, mais elles y étaient alors isolées et une à une. Quand elles vont aux vivres, elles enfoncent leur long bec tout entier dans la vase, à la manière de la Bécassine et de la Bécasse ; elles recherchent avidement certains insectes aquatiques ; quelquefois cet oiseau s’aventurera, jusqu’à ce que son plumage entier touche l’onde et lorsque l’eau devient trop profonde, l’oiseau se dressera sur ses jambes, secouera ses ailes et fera un dernier effort pour obtenir le mets qu’il convoite, puis contraint par le flot de s’envoler, il revient au rivage et recommence le même manège. Vers le milieu du jour, en certaines localités, les Barges se réuniront en une grande bande, sur un banc de sable, où elles passent des heures entières à lisser leurs plumes ; cela fait, plusieurs individus restent immobiles, plongés dans la méditation, et se tenant sur une patte. Tout à coup, la silencieuse cohorte déploie ses ailes vers le ciel, fait retentir sa voix plaintive, prend son essor, puis se divise en plusieurs groupes, lesquels vont s’établir sur d’autres points en quête de nourriture. Les Barges affectionnent surtout les marécages salés sur la rive de l’océan.

Le mâle a le bec long de six pouces à peu près, un peu recourbé en remontant à son extrémité, laquelle est noire, mais à sa base, le bec est noirâtre-brun ; l’iris est brun ; les pieds, bleu-gris ; la tête et le cou, jaunâtre-gris clair ; la poitrine n’est pas mouchetée ; le haut de la tête est strié de noirâtre-brun, comme le derrière du cou, mais plus pâle ; le reste du plumage en dessus est tacheté et barré de brun noirâtre et de jaune grisâtre. Les primaires sont brun noirâtre, ainsi que la frange extérieure des trois premières pennes ; les franges des autres primaires et celles des secondaires sont jaunâtres, toutes plus ou moins mélangées de foncé. La poitrine et l’abdomen sont jaune roussâtre.

Dimensions, 16 × 28 .


  1. No. 547. — Limosa fedoa. — Baird.
    Limosa fedoa.Audubon.