Outamaro/Livres en couleur

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Charpentier (p. 177-187).

LIVRES EN COULEUR[1]

La nature argentée (la neige) Yéhon Guin sékai.

La neige au Japon, en ce pays de monticules et d’arbres pittoresques, est pour les poètes, un motif d’inspiration.

Et là, l’admiration de la neige descend des classes lettrées au peuple. Hayashi cite ce mot d’une servante, craignant de tacher le beau tapis du sol, et s’écriant un matin : « Ah ! la nouvelle neige ! ce marc de thé, où le jetterai-je ? »

Et la pièce de vers de la maîtresse de Yositsûne, connue sous le titre : Les Traces des pas dans la neige, ct qui dit : Je pense amoureusement aux vestiges de l’homme qui a pénétré dans la montagne de Miyosino, en se frayant un chemin au milieu de la neige qu’il foulait des pieds, c’est curieux de la rapprocher cette poésie amoureuse sur l’amant exilé, du propos charmant de cette autre servante : « Oh de grâce, madame, ce matin, ne m’envoyez pas au marché, le petit chien a fleuri la cour avec ses pattes. Je ne voudrais pas effacer cette délicate peinture avec mes gros sabots de la campagne ! »

Ce livre, à la suite d’un concours de poésies, ouvert à certaines époques de chaque année, et où ces poésies sont éditées en un volume, était illustré par Outamaro, de six impressions en couleur sur le même thème, que celui proposé aux poètes : La neige.


L’Admiration folle de la Lune. Yéhon Kiôghétsubô.

Livre in-quarto, illustré de cinq planches doubles, publié en 1789.


Poésies japonaises sur la promenade du printemps. Yéhon Waka Yébisu.

Livre in-quarto, illustré de cinq planches doubles, publié sans date.


Le nuage des fleurs de cerisier. Yéhon Hanano-Kumo.

Livre in quarto, publié sans date.


Fleurs des quatre saisons. Yéhon Shiki-nohana.

Compositions représentant des femmes, avec des fleurs à la première et dernière page des volumes : des fleurs jaunes de Kirià japonica pour l’hiver, des narcisses pour le printemps, des iris pour l’été ; des chrysanthèmes pour l’automne.

Dans ce volume, une charmante impression représente un intérieur pendant un orage, où l’on voit un homme fermant les volets de bois, un enfant pleurant, une femme dans la pénombre verte d’une moustiquaire se bouchant de peur les oreilles : impression dont Outamaro a repris certains détails pour sa grande planche de l’Averse.

Livre en deux volumes, publié en 1801.


Figure de Fughen. Fughenzô (en sanscrit Samanta Chadra) déesse boudhique de la classe Bodhisatawa. Fughen se traduit en sage universel.

Cette déesse est adorée au Japon parallèlement avec Manju Manjushiri-satawa, et dans son illustration de ce livre, Outamaro fait allusion à la beauté vertueuse de la femme.

Un livre in-quarto, illustré de cinq planches doubles, publié en 1770.

De cette déesse Fughen, représentée sur un éléphant, M. Gonse possède une petite image en couleur, qu’il croit faire partie d’un livre inconnu.


Annuaire des Maisons Vertes. Seirô-Yéhon Nenjû Ghiô-ji.

Livre imprimé avec la collaboration de Kikumaro, d’Hidemaro, de Takimaro avec un texte de Jipensha Ikkou, et publié par l’éditeur Kazousaya Tûsouké, en l’année 1804.


Un petit livre, composé de la réunion de dix images de femmes à mi-corps.

Un petit livre composé de la réunion de dix images de femmes en buste, montrées dans tous les détails de leurs toilettes.

Un petit livre portant le cachet de Wakai, où sont figurées les occupations journalières de la vie des femmes au Japon, et en des groupements en pied de deux femmes, ou d’une femme avec un enfant.

Ce livre ainsi que les deux autres, et qui font tous les trois, partie des raretés bibliographiques, possédées par M. Gillot, semblent être de la bonne impression et du beau tirage du commencement du siècle.

Enfin un petit livre de la collection de M. Duret, ayant pour titre : Les Mœurs des femmes selon leur état, et représentant :

1o — Une danseuse ancienne ; 2o — Une maîtresse de koto ; 3o — Une poétesse ; 4o — Une courtisane ; 5o — Une nourrice ; 6o — Une schinzô (apprentie-courtisane) ; 7o — Une messagère d’une princesse ; 8o — Une veuve ; 9o — Une coiffeuse ; 10o — Une doctoresse ; 11o — Une tireuse de flèches et vendeuse d’arcs ; 12o — Une paysanne ; 13o — Une marchande de bûches ; 14o — Une danseuse sacrée, niko ; 15o — Une marchande ; 16o — Une shiokumi (celle qui recueille l’eau de mer pour le sel).

Un charmant exemplaire d’un petit volume du temps du grand dessin d’Outamaro, et à la sobre coloration.


Dans la série des livres en couleur appartenant spécialement à l’histoire naturelle, on connaît :


Souvenirs de la marée basse. Shiohi-no-tsuto :

Poésies sur les coquillages par les membres d’une Société littéraire.

Livre d’un format grand in-octavo, et contenant indépendamment de la planche frontispice représentant une promenade au bord de la mer, et de la dernière planche représentant le jeu de Kai-awassé, six planches doubles de coquillages.

Livre publié vers 1780.


Les insectes choisis. Yéhon Mushi-yérahi :

Livre ayant plusieurs éditions, dont les dernières sont tout à fait inférieures aux premières, et dont les éditions les plus complètes renferment 15 planches.

Livre publié en 1788, et ayant en tête une préface de Toriyama Sékiyen.


Les cent crieurs (Concours de poésies sur les oiseaux). Yéhon Momotidori, livre publié par Tsutaya Jûzabrô.

M. Gonse possède deux éditions de ce livre.

La première édition contient huit compositions à double feuille.

La seconde édition en deux volumes, renferme quinze compositions, dans l’ordre suivant :

Premier volume.

1. Hibou sommeillant sur un vieux tronc d’arbre, près de plusieurs rouges-gorges. — 2. Poules d’eau et grues. — 3. Bec-figue et passereau, sur une branche fleurie de chrysanthème blanc. — 4. Pigeons, au milieu de feuilles momichi et d’aiguilles de pins, jonchant la terre. — 5. Chouette et geai, sur une branche de prunier mort. — 6. Martin pêcheur sur une tige de roseau, et canards mandarins. — 7. Aigle et émouchet, sur une branche de prunier fleuri.

Deuxième volume.

— 8. Mésanges, sur une branche de pêcher en fleurs. — 9. Cailles et râle de genêt, au milieu des joncs. —  10. Gros bec et pivert, sur un tronc de pin. — 11. Faisan ordinaire, poule faisane et bergeronnette, au milieu des rochers. — 12. Faisan de la Chine, et hirondelle volant à tire d’aile. — 13. Verdiers, sur des brindilles de bambous. — 14. Roitelet, sur une branche de genêt fleuri, et hérons, dans les roseaux. — 15. Coq et poule.


Suite des cents crieurs. Yéhon Momotidori Kôhen :

Ne serait-ce pas le second volume, regardé comme la seconde édition de Yéhon Momotidori ?


Un livre à joindre aux cent crieurs, est ce livre que possède seul à Paris, M. Gonse, et dont on n’est pas sûr, que le nombre de dix planches soit le nombre des planches de l’ouvrage complet. Il porte pour titre : Copies d’oiseaux étrangers par un fonctionnaire de Nagasaki, pour être présentées au shogun.

1. Perruche à longue queue. — 2. Sansonnet, dans les branches d’un cerisier en fleurs. — 3. Fauvette, au milieu de pivoines. — 4. Hochequeue, parmi des fleurs d’eau. — 5. Faisans de la Chine argenté, coq et poule. — 6. Perdrix grise d’Europe. — 7. Loriot picorant des nèfles du Japon. — 8. Rouge-gorge, sur une branche de momichi. — 9. Geai, sur une branche de camélia fleuri. — 10. Gelinotte.

En outre de ces séries, il existerait dans un format dépassant le format des « cent crieurs » une suite de grands oiseaux dont M. Gonse possède une impression représentant un faucon sur un branche de prunier en fleurs, et dont M. Bing possède une grande cigogne, toute droite dressée sur une branche de sapin, à côté d’un nid où il y a sept petits, poussant des cris d’alarme, devant un danger inconnu.

À ces livres sur les coquilles, les insectes, les oiseaux, joignons ces fragments de livres tenant un peu à la botanique.

M. Gillot possède les planches séparées d’un livre, qui vraisemblablement est un des nombreux livres faits là-bas, pour la composition de bouquets et leur arrangement dans les vases : talent d’agrément, qui fait, au Japon, partie de l’éducation d’une jeune fille distinguée.

Ces planches tirées en noir avec quelques avares colorations jaunes, sont au nombre de sept. Elles sont toutes signées d’Outamaro.

Quatre autres planches plus grandes, et d’une impression précieuse, venues du Japon dans un lot d’Outamaro, et qui lui sont attribuées, mais d’un dessin et d’une coloration un peu chinoises, me semblent d’une attribution douteuse.

Parmi les planches décoratives, empruntées par Outamaro à l’histoire naturelle, citons encore des planches de la collection particulière de M. Bing, d’un grand style, dans une tonalité un peu archaïque.

Ce sont deux impressions : l’une, où à côté d’une plante de la mer se traînent deux crabes, l’autre, où se voit une tige de chrysanthème, au pied entouré d’une botte de paille de riz, appuyée sur une bêche japonaise.

Et encore deux planches d’une série dont nous ne devons avoir en France que des impressions isolées, et dont la seconde a été tirée sur papier ordinaire et sur crépon. La première représente deux caisses de fleurs superposées, au dessus d’un puits japonais ; la seconde représente un crapaud tenant dans sa gueule un vase en forme d’une feuille de lotus à demi déroulé, dans lequel est une tige d’arbuste aux fleurs jaunes et violettes.

Je retrouve enfin pendant l’impression des épreuves, deux planches de cette série ; Tune, c’est une tortue portant, dans un vase semblable à celui du crapaud, un bouquet de chrysanthèmes ; l’autre, c’est un dieu Yébisu, tenant au-dessus de ses deux mains, dans un vase de sparterie, une branche de cerisier en fleur.


Donnons maintenant les quelques planches en couleur isolées, publiées par Outamaro dans les ouvrages illustrés par ses confrères.

Dans Otoko-foumi-outa, Recueil de poésies légères illustré par plusieurs artistes, et renfermant une si belle planche d’Hokousai, Outamaro a dessiné l’intérieur d’une maison de thé, où dans une pièce décorée d’un paravent, représentant le Fuzi-yama, est préparée une collation, au milieu de femmes, dont l’une porte un oiseau dans une cage.

Dans Haru-no-iro. Couleur du printemps, un livre de Kioka (poésies légères) illustré par divers artistes, et qui a paru en 1794, Outamaro a dessiné une feuille, représentant un repasseur de miroirs.

Dans le Haigu-rakou-rhitou-tsou. Portraits des acteurs de Yédo par Toyokouni et son élève Kounimasa (1789–1793). Outamaro, en outre du frontispice, composé avec les accessoires de la danse de Nô, a dessiné la petite planche représentant un acteur, assis qui fume, en regardant la sortie de trois femmes du théâtre.

  1. Je classe dans cette série les albums grands ou petits, qui ont un texte, un avant-propos, une préface.