Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/377

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rence aux plaisirs des sens, c’est qu’ils sont comme un remède aux douleurs et aux chagrins ; c’est aussi que leur vivacité même les fait rechercher par. ceux qui sont incapables d’en goûter d’autres. D’un autre côté, les mêmes choses ne peuvent pas toujours nous plaire, parce que notre nature n’est pas simple. Il n’y a qu’un être dont la nature serait entièrement simple, pour qui la même activité purement contemplative pût toujours être la source des plus vifs plaisirs.





I. IL nous reste à présent à faire voir, en reprenant de nouveau notre sujet tout entier, qu’il y a, dans les habitudes morales, trois sortes d’écueils à éviter, le vice, l’intempérance, la férocité[1]. On voit assez, du premier coup d’œil, ce qui est opposé ou contraire aux deux premiers ; car nous appelons l’un vertu, et l’autre tempérance : mais on ne peut opposer à la férocité qu’une vertu héroïque au-dessus de l’humanité, et qui a quelque chose de divin, comme s’exprime Homère, lorsqu’il fait dire à Priam, en parlant d’Hector, qu’il était d’une valeur excessive, et qu’il semblait plutôt « être le fils d’un dieu, que celui d’un simple mortel[2]. » Tellement que, si, comme on le prétend, les hommes

  1. Voyez M. M. l. 2, c. 4.
  2. Voyez l’Iliade d’Homère, ch. xxiv, vs. 255. Voyez aussi le chap. Ier du livre Ier de la Politique d’Aristote, où se trouve la même observation sur la nature humaine considérée comme intermédiaire, pour ainsi dire, entre celle des dieux et des animaux.