collines ; toute la nature semblait se reposer sous le soleil d’un jour d’automne. À l’horizon, un beau ciel d’azur marbré de taches blanches comme des perles. Rien dans cette scène n’était merveilleux, mais tout vous charmait. Lorsque la trappe fut de nouveau franchie, j’eus peine à descendre l’échelle. Les mansardes me semblaient si sombres, comparées à ce ciel bleu, à ces bosquets, à ces pâturages, à ces vertes collines dont le château était le centre, à toute cette scène enfin éclairée par les rayons du soleil et que je venais de contempler avec bonheur !
Mme Fairfax resta en arrière pour fermer la trappe. À force de tâter, je trouvai la porte qui conduisait hors des mansardes, et je me mis à descendre le sombre petit escalier. J’errai quelque temps dans le passage qui séparait les chambres de devant des chambres de derrière du troisième étage. Il était étroit, bas et obscur, n’ayant qu’une seule fenêtre pour l’éclairer. En voyant ces deux rangées de petites portes noires et fermées, on eût dit un corridor du château de quelque Barbe-Bleue.
Au moment où je passais, un éclat de rire vint frapper mes oreilles ; c’était un rire étrange, clair, et n’indiquant nullement la joie. Je m’arrêtai ; le bruit cessa quelques instants, puis recommença plus fort : car le premier éclat, bien que distinct, avait été très faible ; cette fois c’était un accès bruyant qui semblait trouver un écho dans chacune des chambres solitaires, quoiqu’il ne partît certainement que d’une seule, dont j’aurais pu montrer la porte sans me tromper.
« Madame Fairfax, m’écriai-je, car à ce moment elle descendait l’escalier, avez-vous entendu ce bruyant éclat de rire ? d’où peut-il venir ?
— C’est probablement une des servantes, répondit-elle ; peut-être Grace Poole.
— L’avez-vous entendue ? demandai-je de nouveau.
— Oui ; et je l’entends bien souvent ; elle coud dans l’une de ces chambres. Quelquefois Leah est avec elle ; quand elles sont ensemble, elles font souvent du bruit. »
Le rire fut répété et se termina par un étrange murmure.
« Grace ! » s’écria Mme Fairfax.
Je ne m’attendais pas à voir apparaître quelqu’un, car ce rire était tragique et surnaturel ; jamais je n’en ai entendu de semblable. Heureusement qu’il était midi, qu’aucune des circonstances indispensables à l’apparition des revenants n’avait accompagné ce bruit, et que si le lieu ni l’heure ne pouvaient exciter la crainte ; sans cela une terreur superstitieuse se serait