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mémoires olympiques

rallié et enthousiaste, il me déclara que ç’allait être « le plus splendide ensemble d’exploits sportifs que le monde aurait vu ».

Le monde regardait-il ?… Pas encore. J’eus cet été-là, en écoutant à Bayreuth les passionnants accent wagnériens, la possibilité de mettre au point mes impressions et de scruter en paix les horizons olympiques. La musique et le sport ont toujours été pour moi les plus parfaits « isoloirs », les plus féconds instruments de réflexion et de vision en même temps que de puissants incitants à la persévérance et comme des « massages de la volonté ». En somme, après difficulté et périls, tous soucis immédiats se trouvaient écartés. La iiie Olympiade serait célébrée avec pompe. Une escouade avertie en avait la responsabilité. Elle ferait beaucoup de fautes sans doute, mais il n’y avait à redouter de sa part aucun des avatars de sa devancière de 1900. Le chiffre olympique, la présence du chef de l’État, l’autorité du C.I.O. dont la liste figurerait en tête du programme quotidien… tout cela nous était assuré. Le point noir, c’est que les Américains s’imaginaient une attirance bien supérieure à ce qu’il fallait prévoir. Notamment, ils comptaient sur les « princes » (il y en avait alors trois) ainsi que sur les moindres seigneurs faisant partie du C.I.O. Ils offraient une belle salle pour nos séances. J’étais bien résolu, sans le leur laisser deviner, à décliner l’invitation. Nous eussions été six ou sept autour d’une table préparée pour trente. Et l’on aurait dit : « Eh ! quoi ! ce n’est que cela, ce Comité qui fait tant d’embarras ! ». Non. Le C.I.O. se réunirait en effet en 1904, car l’heure était venue de le « sortir », et il était maintenant bon à montrer, mais ce serait à Londres, dans le vieux palais du Lord Mayor, à Mansion-House, sous le