de jouer ce qu’on ne sait pas ?
Pour moi, je vous déclare que je ne me souviens pas d’un mot de mon personnage.
Je sais bien qu’il me faudra souffler le mien d’un bout à l’autre.
Et moi, je me prépare fort à tenir mon rôle à la main.
Et moi aussi.
Pour moi, je n’ai pas grand’chose à dire.
Ni moi non plus ; mais avec cela je ne répondrais pas de ne point manquer.
J’en voudrais être quitte pour dix pistoles.
Et moi, pour vingt bons coups de fouet, je vous assure.
Vous voilà tous bien malades, d’avoir un méchant rôle à jouer, et que feriez-vous donc si vous étiez en ma place ?
Qui, vous ? Vous n’êtes pas à plaindre ; car, ayant fait la pièce, vous n’avez pas peur d’y manquer.
Et n’ai-je à craindre que le manquement de mémoire ? Ne comptez-vous pour rien l’inquiétude d’un succès qui ne regarde que moi seul ? Et pensez-vous que ce soit une petite affaire que d’exposer quelque chose de comique devant une assemblée comme celle-ci, que d’entreprendre de faire rire des personnes qui nous impriment le respect et ne rient que quand ils veulent ? Est-il auteur qui ne doive trembler lorsqu’il en vient à cette épreuve ? Et n’est-ce pas à moi de dire que je voudrais en être quitte pour toutes les choses du monde ?
Si cela vous faisait trembler, vous prendriez mieux vos précautions,