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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/534

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1676sœur[1] en a été très-affligée. Voilà tout ce que je sais. La femme de l’ami a fort pleuré. On a dit sourdement qu’elle iroit au voyage si son mari y alloit : tout ceci se démêlera[2].

Adieu, ma très-chère et très-parfaitement aimée : je jouis à pleines voiles de l’aimable espérance. Ne faites rien qui puisse troubler notre joie, et ne changez point de sentiment, quand il est question de me donner une bonne marque de votre amitié ; je vous embrasse tendrement. La Saint-Géran a la fièvre : elle en est aussi étonnée que je le fus aux Rochers ; car elle n’a jamais été malade, non plus que moi en ce temps-là.


558. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Paris, vendredi 17e juillet.

ENFIN c’en est fait, la Brinvilliers est en l’air[3] : son pauvre petit corps a été jeté, après l’exécution, dans un

  1. La marquise de Thianges. (Note de Perrin.)
  2. « Que si son mari partoit, elle seroit du voyage : tout ceci se démêlera dans peu. » (Édition de 1754.)
  3. LETTRE 558 (revue sur une ancienne copie). 1. Elle fut déclarée atteinte et convaincue, par arrêt du 16 juillet 1676, d’avoir fait empoisonner maître Dreux d’Aubray son père, Antoine d’Aubray, lieutenant civil, et N. d’Aubray, conseiller au parlement, ses deux frères, et d’avoir attenté à la vie de Thérèse d’Aubray, sa sœur. Elle fut condamnée à faire amende honorable devant la principale porte de l’église de Paris, nu-pieds, la corde au cou, et à avoir ensuite la tête tranchée en place de Grève (le vendredi 17), son corps brûlé et ses cendres jetées au vent. (Note de l’édition de 1818.) — Le vendredi 17, « à sept heures du soir, elle sortit de la Conciergerie, sans habits et avec une chemisette seulement sur sa chemise, et fut menée devant Notre-Dame, où elle fit amende honorable, et de là en Grève, accompagnée de M. Pirrot, docteur en théologie, qui lui aida à monter sur l’échafaud. » (Gazette d’Amsterdam du 28 juillet 1676.)