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Page:Éginhard - Vie de Charlemagne, trad. Halphen, 1923.djvu/73

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GUERRE CONTRE LES AVARS

cieuses conquises par la force des armes, qu’on ne se tromperait guère en disant que ce fut une juste reprise de ce que les Huns avaient injustement enlevé aux autres peuples[1].

Du côté des Francs, deux seulement des grands périrent : Éric, duc de Frioul, tombé en Liburnie, près de la cité maritime de Tersatto, dans une embuscade préparée par les habitants de cette place, et Gérold, gouverneur de Bavière[2], frappé en Pannonie de la main d’un inconnu, avec deux hommes qui l’escortaient seuls, au moment où, rangeant son armée en bataille, il chevauchait pour exhorter les siens avant d’engager un combat contre les Huns. Le reste de cette guerre s’écoula presque sans pertes du côté franc et eut l’issue la plus heureuse, quoique, à raison de l’effort à fournir, elle ait demandé beaucoup de temps.

C’est après son achèvement que celle de Saxe reçut une conclusion en rapport avec sa longue durée ; et quant à celles qui éclatèrent ensuite contre les Bohémiens et contre les Linons, elles furent vite terminées toutes deux sous la conduite de Charles le Jeune[3].

[14.] La dernière guerre fut dirigée contre les Normands nommés Danois, qui, après s’être d’abord livrés à la piraterie, venaient, avec des flottes plus nombreuses, dévaster les côtes de la Gaule et de la Germanie[4]. Leur roi Godefrid

  1. L’enchaînement des idées laisse à désirer.
  2. Éginhard utilise ici — en la complétant — une note des Annales royales, 2e rédaction, ann. 799 : « Accepit etiam (rex) tristem nuntium de Geroldi et Erici interitu, quorum alter, Geroldus videlicet, Baioariae praefectus, commisso cum Hunis proelio cecidit, alter vero, id est Ericus post multa proelia et insignes victorias apud Tharsaticam Liburniae civitatem insidiis oppidanorum interceptus atque interfectus est » (éd. Kurze, p. 109). Sous l’année 796 (p. 99), l’annaliste avait donné à Éric son titre de « duc de Frioul » (dux Forojuliensis). — Mais, en copiant le texte de l’annaliste, Éginhard n’a pas vu que l’assassinat d’Éric était sans rapport aucun avec la guerre avare. C’est pousser un peu loin la distraction.
  3. Ceci est un résumé des Annales royales, ann. 805 et 808, éd. Kurze, p. 120 et 125. Au reste ces mêmes Annales prouvent que la campagne de 808 contre les Linons fut assez peu décisive pour qu’il ait fallu revenir à la charge dès 811 (ibid., p. 135).
  4. Ce chapitre a été écrit à l’aide des années 804, 808 et 810 des Annales royales, dont plusieurs expressions ont été reprises par Éginhard (ann. 808 : « … Abodritorum duas partes sibi vectigales fecisset… » ; ann. 810 : « … vanissima spe victoriae inflatus, acie se cum imperatore congredi velle jactabat… Godofridum regem a quodam suo satellite interfectum… narratur. »)