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Page:Éginhard - Vie de Charlemagne, trad. Halphen, 1923.djvu/91

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RAPPORTS DE CHARLEMAGNE AVEC LES SIENS

ne s’éleva jamais entre eux le moindre dissentiment, sauf lorsqu’il divorça d’avec la fille du roi Didier qu’elle l’avait engagé à prendre pour femme. Elle finit par mourir après le décès d’Hildegarde[1], ayant déjà pu voir dans la maison de son fils trois petits-fils et autant de petites-filles. Il la fit inhumer en grande pompe dans la basilique de Saint-Denis, où repose aussi son père.

Il n’avait qu’une sœur, nommée Gile, vouée à la vie religieuse depuis sa jeunesse et qu’il entoura de la même affection que sa mère. Elle mourut peu d’années avant lui dans le monastère[2] où sa vie s’était écoulée.

[19.] Il voulut[3] que ses enfants, les garçons comme les filles, fussent d’abord initiés aux arts libéraux, à l’étude desquels il s’appliquait lui-même ; puis à ses fils, l’âge venu, il fit apprendre à monter à cheval, suivant la coutume franque, à manier les armes et à chasser ; quant à ses filles, pour leur éviter de s’engourdir dans l’oisiveté, il les fit exercer au travail de la laine ainsi qu’au maniement de la quenouille et du fuseau et leur fit enseigner tout ce qui peut former une honnête femme.

De tous ses enfants, il ne perdit que deux fils et une fille[4] : Charles, l’aîné[5] ; Pépin, qu’il avait fait roi d’Italie[6] ; enfin

  1. Le 12 juillet 783. Voir Annales royales, 2e rédaction, éd. Kurze, p. 67, où la mort d’Hildegarde (30 avril 783) est notée quelques lignes plus haut.
  2. Le monastère de Chelles, dont elle était abbesse. Gile était une des correspondantes d’Alcuin et nous avons conservé quelques-unes des lettres qu’il lui adressa.
  3. Ce qui suit est inspiré de ce que Suétone (Vie d’Auguste, lxiv) dit de l’éducation donnée par Auguste à ses enfants et petits-enfants : « Filiam et neptes ita instituit ut etiam lanificio assuefaceret vetaretque loqui aut agere quicquam nisi propalam » (ce dernier détail répondant à l’expression « atque ad omnem honestatem erudiri jussit » d’Éginhard) ; « nepotes et litteras et natare aliaque rudimenta per se plerumque docuit ». Suétone nous montre aussi — et Éginhard s’en est souvenu — presque chacun des empereurs romains (Auguste en particulier) consacrant leurs premières années à l’étude des « arts libéraux » (« Studia liberalia ab aetate prima », Vie d’Auguste, lxxxiv, 1 ; cf. Vies de Claude, iii, 1 ; de Néron, lii ; de Galba, v, 1).
  4. À corriger avec ce qui a été dit précédemment, p. 57, n. 2.
  5. Mort le 4 décembre 811. Voir Annales royales, ann. 811, éd. Kurze, p. 135.
  6. Mort le 8 juillet 810. Voir ibid., p. 132. Charlemagne l’avait fait roi d’Italie en 781. Voir ibid., p. 56 et 57.