Page:Éléonore ou l’Heureuse personne, 1799.djvu/26

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Oh ! mes lecteurs, imaginez qu’un hasard propice vous a placés vers le pied du lit de la belle extasiée. Peignez-vous de longs cheveux châtains, ombrageant un sein allant, venant au gré d’une respiration entrecoupée, une bouche à demi-ouverte ; des yeux au ciel ; et ce balancement qui agite toutes les formes d’une innocente de vingt ans et demi ; enfin, imaginez tout ce que vous pouvez voir du lieu où je vous ai placé. De quel feu, de quels desirs vous seriez consumé ! Aucun homme n’était là, mais bien un Silphe. Un Silphe ? Vous riez. Ecoutez mon histoire.

Ce Sylphe donc, non moins sensible qu’un mortel brûlant d’amour, condense autour de son être l’air qui l’environne, se donne un corps ; et planant sur l’objet de ses desirs, approche sa bouche d’une autre qui semblait at-