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L’après-dîné, quand le prieur avait réparé ses forces, qu’un bon vin vieux avait répandu la chaleur dans ses veines, les yeux brillans de luxure il se livrait à la gaîté la plus licencieuse ; Eléonor rougissait, perdait contenance ; et quoique ces joyeux propos lui rappelassent les momens délicieux du couvent, les charmes du souvenir étaient effacés par l’embarras de la conversation.

Ce n’était pas encore là le moment où le beau novice courait le plus de danger. Le soir, lorsqu’il rentrait dans sa cellule, pour dormir, ou rêver aux religieuses, au Sylphe, le prieur trouvait toujours le moyen de l’accompagner. Il n’avait plus alors l’air luxurieux de l’après-dîné. « Mon pauvre Eléonor, lui disait-il, en le tenant par le bras, tâchez un peu de secouer votre tristesse. Ce séjour