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Page:Élisée Reclus - Évolution et révolution, 1891.djvu/14

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sacreurs accourent de l’Orient ou de l’Occident, et le désert se fait à la place des cités immenses. Ainsi moururent l’Assyrie et l’Égypte, ainsi s’effondra la Perse, et quand font l’Empire romain appartint à quelques grands propriétaires, le barbare eut bientôt remplacé le prolétaire asservi.


Mais il n’est pas un événement qui ne soit double, à la fois un phénomène de mort et un phénomène de renouveau, c’est-à-dire la résultante complexe d’évolutions de décadence et de progrès. Ainsi cette destruction de l’Empire romain est un ensemble de révolutions correspondant à toute une série d’évolutions dont les unes ont été funestes et les autres heureuses. Certes, ce fut un grand soulagement pour les opprimés que la ruine de cette formidable machine d’écrasement qui pesait sur le monde ; ce fut aussi une heureuse étape dans l’histoire de l’Humanité que cette entrée violente de tous les peuples du nord dans le monde de la civilisation, mais à despotisme succéda despotisme, d’une religion morte poussèrent les rejetons d’une religion nouvelle, et pendant un millier d’années, une nuit d’ignorance et de sottise propagée par les moines se répandit sur la terre.

De même, les autres mouvements historiques se présentent sous deux faces, suivant les mille éléments qui les composent et dont les conséquences multiples se montrent dans les révolutions politiques et sociales. L’exemple même de la Révolution qui mit un terme au moyen-âge et à ta nuit de la pensée, nous montre comment deux révolutions peuvent s’accomplir à la fois, l’une cause de décadence et l’autre de progrès. La période de la