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les nombres n’en restent pas moins incorruptibles. Quelle éducation prévaudra ? Celle d’après laquelle deux et deux font toujours quatre, et qui prétend que rien ne se crée de rien, ou bien l’ancienne éducation dont il reste partout des traces, et d’après laquelle tout sort du néant et trois personnes n’en font qu’une ?

Il est vrai : l’école primaire n’est pas tout il ne suffit pas d’entrevoir la science, il faut pouvoir se dévouer à l’étude. Aussi l’éducation socialiste demande-t-elle que l’école soit en permanence pour tous les hommes, et qu’après avoir reçu des « clartés de tout » dans les établissements publics, chacun de nous puisse se développer intégralement, en proportion de ses forces intellectuelles, dans la vie qu’il aura librement choisie. Mais avec ou sans écoles, toute grande conquête de la science finit par entrer dans le domaine public. Les savants de profession ont à faire pendant de longs siècles le travail de recherches et de suppositions, ils ont à se débattre au milieu des erreurs et des faussetés ; mais quand la vérité est enfin connue, souvent malgré eux et grâce à quelques révolutionnaires conspués, elle se révèle dans tout son état, simple et claire. Tous la comprennent sans effort ; il semble qu’on l’ait toujours connue. Jadis les savants s’imaginaient que le ciel était une coupole ronde, un toit de métal, — que sais-je ? — une série de voûtes trois, sept, neuf, treize même ayant chacune leurs processions d’astres, leurs lois différentes, leur régime particulier et leurs troupes d’anges et d’archanges pour les garder. Mais depuis que tous ces cieux superposés dont parlent la Bible et le Talmud ont été démolis, il n’est pas un enfant nul ne sache que l’espace est libre, infini autour