Page:Éluard - Une leçon de morale, 1949.djvu/124

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Amère empoisonnée la nuit se glisse en moi
Ma bouche se corrompt aux baisers du néant

Je n’ai mal nulle part et je sais que c’est mal
Mon corps est labouré mon désastre est certain

La nuit ronge le fruit et la nuit m’assassine.

II

Signal la fumée au soleil
Mon cœur dégèle
Parole un seul essaim d’abeilles
Mon cœur si mort revient au monde

Magique même la vermine
Dans mes dix doigts
Peuplé l’hiver fertile et blanc
Dans mes yeux agrandis d’extases

Les nuits apprennent à marcher
L’aube bégaie
La vie rivale est réarmée
Je sors du berceau du tombeau

Larmes mes larmes me réchauffent
Mes pieds avancent