Page:Éluard - Une leçon de morale, 1949.djvu/96

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Elle était celle qui révèle les ruines
Et l’oubli des ruines et l’oubli des deuils
Vivante et nue elle réglait ma renaissance
J’avais besoin de tout savoir de son désastre

Pour au déclin des nuits retrouver égoïste
L’aube basse et la fleur tressaillante du jour
Sur le vaste horizon des quatre saisons fortes
Où l’homme multiplie son image en ses fils.

Au bien :

Elle était lente elle brassait soleil et neige
Majestueusement
Elle brassait son corps mêlé à d’autres corps
Comme on brasse un amant

Elle était tendre et douce elle donnait ses mains
Comme un oiseau son chant
Elle s’ouvrait sur un baiser et s’en allait
En quête du beau temps

Elle était forte et n’avait pas de temps à perdre
En soucis en tourments
Elle unissait la nudité des pierres fines
Au rire des enfants