Page:Émile Faguet - L'Art de lire.djvu/131

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certainement mieux incliner de ce dernier côté et, si vous êtes ainsi partagé, je vous dirai : Considérez le « plaisir de la critique » comme le plus grand ennemi et le plus dangereux de la lecture et faites-lui bonne guerre. Le « plaisir de la critique », dans le sens où l’entend La Bruyère, est juste aussi funeste à la lecture que l’esprit critique dans le sens moderne du mot lui est utile.

Amour-propre, passions diverses, timidité, esprit de mécontentement, tels sont les principaux ennemis de la lecture, à ne compter que ceux que nous portons en nous. On voit qu’ils sont nombreux, et l’on a vu qu’ils sont assez terribles. Il faut se tenir en garde contre eux, si l’on ne veut pas se préparer une vieillesse triste, puisque les livres sont nos derniers amis, et qui ne nous trompent pas, et qui ne nous reprochent pas de vieillir.