Page:Émile Faguet - L'Art de lire.djvu/52

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n’aurait pas écrit autrement ; il semble avoir dicté la mimique mot à mot et c’est-à-dire geste par geste :

N’allons pas plus avant, demeurons, chère Œnone,

Phèdre n’a fait que quelques pas sur le théâtre et s’arrête, fatiguée, presque épuisée ; l’arrêt doit être brusque, une des mains de la reine cramponnée au bras de sa nourrice :

Je ne me soutiens plus, ma force m’abandonne ;

Toute une attitude lassée, déprimée ; une sorte d’écroulement du corps.

Mes yeux sont éblouis du jour que je revoi ;

Évidemment une main s’élève pour protéger les yeux que la lumière du soleil blesse et meurtrit.

Et mes genoux tremblants se dérobent sous moi.

D’une démarche chancelante, elle cherche un siège que, nécessairement, d’une main, la nourrice approche d’elle, tandis que de l’autre elle continue de la soutenir. Tout est réglé dans le plus petit détail par le texte même.

Phèdre s’assied, avec un « hélas ! » qui n’est que le « Ah ! » d’accablement que nous poussons en nous asseyant ou en nous couchant après une grande fatigue.

Que ces vains ornements, que ces voiles me pèsent !

Quelle importune main, en formant tous ces nœuds,

A pris soin sur mon front d’assembler mes cheveux !

La main glisse sur le péplum, esquisse le geste de