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Page:Émile Faguet - L'Art de lire.djvu/69

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CHAPITRE V

LES POÈTES



Les poètes proprement dits, et par là j’entends les poètes épiques, les poètes élégiaques et les poètes lyriques, doivent être lus d’une façon un peu différente, comme du reste ces poètes en prose qui sont les grands orateurs, et ces autres poètes en prose qui, par le nombre de leur phrase, sont des musiciens. Ils doivent être lus d’abord tout bas et ensuite tout haut. D’abord tout bas, pour que l’on comprenne leur pensée ; car la plupart d’entre nous, par l’effet de l’habitude, ne comprennent guère qu’à moitié ce qu’ils lisent tout haut ; ensuite à haute voix, pour que l’oreille se rende compte du nombre et de l’harmonie, sans que, cette fois, l’esprit laisse échapper le sens, puisqu’il s’en sera préalablement rempli.

La lecture à haute voix ou plutôt à demi-voix, car il ne s’agit pas de déclamer, mais simplement d’appeler l’oreille à son secours pour se rendre compte, devra être dirigée de la façon suivante. Elle repose avant tout sur la ponctuation ; il faut tenir compte, ce que l’on fait si peu en lisant tout bas, des points, des virgules et des points et virgules ;