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II
ÉMILE JAVELLE

quittèrent Saint-Étienne, pour s’établir à Paris. Il fut placé, au sortir de l’école enfantine, dans un établissement des frères de la Doctrine chrétienne. « J’y appris de bonne heure à lire, dit-il, sinon bien, du moins avec correction et clarté, et j’attribue à un excellent Choix de lectures qu’on nous mit entre les mains le meilleur fond de style que je puis avoir aujourd’hui. Je reçus des bons frères d’excellentes directions morales, et bien que, depuis, mes convictions se soient beaucoup éloignées des leurs, je ne pense jamais à eux sans reconnaissance. »

La mort de Mme Javelle amena quelques changements dans la vie de l’enfant, devenu un garçon de dix ans. Le père voyageait pour une fabrique de Bâle, et ne faisait que de rares apparitions à la maison. Le jeune Émile fut placé chez ses grands parents maternels, dont il devint bientôt l’enfant gâté, surtout de la grand’mère

Il faut remonter jusqu’à cette époque lointaine pour trouver les premiers signes qu’il ait donnés de sa vocation future d’alpiniste et de grimpeur. Émile Javelle possédait un oncle, botaniste instruit, qui avait herborisé dans quelques parties des Alpes : au Mont-Pelvoux, au Viso, à Chamonix, au St-Bernard. Le bon oncle, qui contribuait aussi à gâter son neveu, ne manquait pas de s’informer des notes rapportées de l’école, et la récompense, pour peu qu’elles fussent favorables, ne se faisait pas attendre. Parfois c’était une des récompenses les plus désirées il allait cher-