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VÊPRES TRAGIQUES


II


Or vers les heures vespérales
Elle allait solitaire, aux bois.
Elle rêvait des cathédrales
Et des cloches dans les beffrois ;

           Ah ! lon lan laire,

Elle rêvait des cathédrales,
Puis tout à coup, en de fous râles
S’élevait tout au loin sa voix :
« Je veux trouver les cloches, cloches,
           Je veux trouver les cloches
Et je les aurai dans mes mains ; »

Ah ! lon lan laire et lon lan la.


III


Une aube triste, aux routes croches,
On la trouva dans un fossé.
Dans la nuit du retour des cloches
L’idiote avait trépassé ;

           Ah ! lon lan laire,

Dans la nuit du retour des cloches,
À leurs métalliques approches,
Son rêve d’or fut exaucé :
Un ange mit les cloches, cloches,
           Lui mit toutes les cloches,
Là-haut, lui mit toutes aux mains ;

Ah ! lon lan laire et lon lan la.