Page:Émilie Toulongeon - Lettres de la Vendée, 1801, I.djvu/88

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avec les scélérats qui le pilloient, ma mère, qui se soutenoit à peine, nous força d’entrer dans une maison de villageois ; ces bonnes gens prirent pitié de nous, et proposèrent à mon frère de le conduire où il voudroit ; ma mère, au milieu de son effroi, ne pensoit qu’à ses enfans ; elle ne me voyoit pas sans frémir, courant les chemins, exposée à tous les hasards de mon sexe et de mon âge ; l’idée de sa Clémence lui venoit sans cesse. — ô ! si je pouvois vous y envoyer, nous disoit-elle, mon courage renaîtroit, je me résignerois en la providence ; mais ma Louise, mes enfans, qu’allez-vous devenir ? — Ses pleurs, alors, s’ouvrirent un passage ; notre père étoit appuyé la main sur le visage, je vis qu’il pleuroit aussi; cette vue acheva de me faire perdre