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Conversation.

il arriva que la petite d’Orville, de mauvaiſe humeur comme de coutume, répondit une impertinence à ſa couſine. Le pere & la mere, après l’avoir obligée à demander excuſe à Pauline, l’envoyerent dans ſa chambre. Il fallait paſſer par le ſallon pour y aller. Un homme & deux femmes qui achevaient une partie de jeu y étaient reſtés. La petite d’Orville qui le ſavait, n’oſa jamais paſſer devant eux ; elle s’aſſit en dehors ſur les marches du perron, & ne remuait pas de peur d’être apperçue. En effet, ceux qui étaient dans le ſallon ne la ſoupçonnaient pas d’être ſi près. Ils parlaient d’elle. Quelle différence, diſait une de ces dames, de Pauline à la petite d’Orville ! Pauline eſt douce, ſenſible, prévenante, remplie de talens ; elle eſt d’un caractere charmant. La petite d’Orville eſt mauſſade, méchante ; elle