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Dix-septieme

le temps fait toute la richeſſe. Si chacun, diſait-elle, a le droit de faire attendre un ouvrier dans ſon anti-chambre, & de lui faire perdre ſon temps, comment ce pauvre homme fera-t-il donc pour ſe tirer d’afaire & gagner ſa vie ? Il en perd déja aſſez en courant continuellement d’un bout de Paris à l’autre ; ſi l’on ſe permet encore de le faire attendre, il ſera bien à plaindre. Ceux qui commettent cette injuſtice, continuait-elle, ne prétendent pas pour cela payer plus cher ou être plus mal ſervis que les autres. Que reſte-t-il donc à l’ouvrier à qui l’on prend tous les jours un quart ou la moitié de ſa journée ? Le ſeul parti, de regagner le temps perdu fair la viteſſe & la négligence du travail ; la néceſſité par conſéquent de faire mal. Car la dépendance où le pauvre eſt du riche & l’ouvrier de celui qui l’emploie, lui interdit toute