Page:Érasme, Bonneau - La Civilité puérile, 1877.djvu/163

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suspendu des deux mains, les pouces en-dessus, de façon à cacher la place de l'aine. Serrer un livre ou son bonnet sous l'aisselle passe pour être d'un enfant élevé. Une timidité modeste sied bien : celle qui colore agréablement le visage, non celle qui rend tout hébété.

Que les regards soient tournés vers la personne à qui on parle, mais des regards calmes, francs, ne dénotant ni effronterie ni méchanceté. Fixer ses yeux à terre, comme fait le catoblépas[1] , laisse soupçonner une mauvaise conscience ; regarder quelqu'un de travers, c'est lui montrer de l'aversion.

Virer la tête de côté et d'autre est une preuve de légèreté. Il est indécent de faire prendre à sa physionomie toutes

  1. Le Catoblépas est, d'après Pline (Hist. nat., VIII, chap. XXII), un taureau d'Afrique dont la tête contient une si grande quantité de poison, qu'il est obligé de la pencher constamment vers le sol ; heureusement pour ceux qu'il rencontre, car un seul de ses regards tuerait un homme. Elien en dit à peu près autant {Hist. animalium. livre VII). Ce terrible animal n'a jamais existé que dans la vive imagination des Anciens.