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Ne me demandez plus, cher Lecteur, quelle est la cause de la puissance de l’église, ce ne sont aucunes de celles que vous aviez imaginées ; sa puissance est presque toute terrestre, elle tient au sol, & vous avez vu si elle y est bien enracinée. La Philosophie lui a coupé une aîle, Louis XV & Daguesseau ont entamé l’autre, mais la fortune a empêché qu’on ne la lui arrachât : moins heureuse à Vienne, Joseph II les lui rogne de si près, qu’on assure que désormais, dans ses États, elle ne pourra plus voler[1].

Le Clergé n’est probablement pas en France le 20e. de sa population ; (en effet, l’État seroit trop mal-ordonné si sur vingt habitans il lui falloit un célibataire ministre de l’Évangile) : mais quand ce vaste Corps de Prêtres seroit le 20e. des François, quoiqu’on puisse croire qu’il en est au plus le 40e. (ce qui le porteroit à 600,000 individus), il n’en résulteroit pas moins que, dans le partage des biens du Royaume, il seroit hors de toute proportion de lui en avoir laissé recevoir ou prendre près d’un tiers.

  1. N’est-il pas très-singulier que ce soit en 1785 que le Clergé de France refuse de reconnoître le Roi pour Seigneur suzerain de ses biens, qu’il prétende n’être le vassal de personne, & avoir des vassaux. Le Roi même n’a pas pour ses propriétés cette magnifique prétention ; & cette cause du Clergé trouve des Avocats au dix-huitième siècle ! ô pauvres Welches !
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