Page:Étrennes aux fouteurs, 1793.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 94 )


jouiſſance ; il eſt heureux, parce qu’il n’a pas fait d’efforts pour le devenir. Mais il eſt un terme à la volupté, comme il en eſt un aux douleurs !

Blaiſe fatigué du poids de ſa félicité s’endort au ſein des plaiſirs. La nature n’eſt pas infaillible, elle eſt chez tous les hommes bien au-deſſous des deſirs ; mais l’art vient à l’appui de ſa foibleſſe ; Blaiſe a beſoin d’un expédient qui laiſſe jouir ſon amante de la douce illuſion des ſens ; il emploie ce merveilleux ſecret, & prolonge ainſi, par un ſtratagême innocent, la douce erreur d’une ſenſation délicieuſe : Iſabelle ferme ſes beaux yeux, & ſe prête autant qu’il eſt poſſible à la douceur d’un ſonge qui reſſemble tant à la réalité ; & cherchant à ſe tromper ſoi-même, parvient à faire croire à ſon amant, qu’elle n’eſt pas inſtruite de la ruſe.

Philemon éveillé par un léger bruit, vient avec Beaucis ſon épouſe à l’appartement de leur fille, il voit la porte entr’ouverte, & témoignant ſa ſurpriſe, Beaucis croit le raſſurer en lui montrant la clef. — Vous avez la clef, lui dit-il, mais il a trouvé la ſerrure.