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étude historique

Tour, se distingua au premier rang. En 1360, il eut l’honneur d’être l’un des otages envoyés en Angleterre pour l’élargissement du royal prisonnier du traître Denis de Morbecque.

Puis, ce furent les compagnons, les routiers anglais et Français qui apparurent en Auvergne et couvrirent nos campagnes, se faisant un jeu de tous les excès, votant, massacrant, blasphémant, n’épargnant ni les vieillards, ni les enfants, ni les monastères, ni les églises, marquant leur route avec du sang et des cendres, ravageant les plus humbles villages pour le seul plaisir de la destruction.

On prêcha une croisade contre les grandes compagnies. Le pape Urbain V les excommunia en 1365. Dans toutes les églises on fit des prières publiques pour demander au ciel la délivrance de ce fléau ; des hymnes furent composés à la même intention[1].

Les Allemands et les Brabançons fournissaient la plupart des recrues à ces bandes qui reçurent de la terreur populaire les plus étranges qualifications : Mange-bacon, croquants, retondeurs, tard-venus, mauvais garçons, guetteurs de chemins.

Dans ces temps d’accablement suprême, le tiers-état, on ne saurait trop le répéter, déploya un admirable patriotisme et prit la plus large part à la défense du sol natal. La foule des plébéiens ressentit vivement la honte de l’invasion, et le vilain des villes et des campagnes fut le premier à accourir pour la défense de la patrie.

Les milices communales, qui avaient jadis à Bouvines arrêté la grande invasion germanique, se montrèrent héroïques et prouvèrent d’une manière éclatante qu’elles n’avaient pas déchu de leur antique vaillance. Le peuple, pour repousser l’étranger, ne marchanda ni son argent, ni son sang ; les états des provinces firent d’immenses sacrifices pécuniaires, tout en provoquant des levées considérables de défenseurs.

Lorsqu’après le traité de Troyes, la Fronce eut été livrée

  1. Rynaldus, Annales ecclésiast., t. XXVI, p. 110. — Lebœuf, t. III, p. 458.