Aller au contenu

Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 92 —

même qu’il était loin de voir avec déplaisir la prépondérance de l’Angleterre dans cette contrée, puisqu’elle pouvait par son influence utilement agir sur les décisions de Schere-Ali et calmer ses ambitions.

Mais de nouvelles difficultés surgirent ; on ne put s’entendre sur la question de savoir quelles étaient exactement les limites des possessions de l’émir, et l’expédition des Russes à Khiva rompit définitivement les négociations.

Telle était la situation en 1876 ; à cette époque, lord Lytton fut nommé vice-roi de l’Inde anglaise, et le ministère préoccupé des nouvelles reçues du Turkestan, ainsi que des relations intimes qui s’établissaient entre le général Kauffmann et Schere-Ali, donna pour instruction au vice roi d’offrir à l’émir l’appui et la protection qu’il avait sollicités auparavant du gouvernement de l’Inde, mais en y joignant la condition que Schere-Ali ouvrirait à un ou plusieurs agents anglais l’accès de différentes localités de son territoire, à l’exception de Caboul, sans que du reste ces agents pussent contrarier en rien l’action de son gouvernement. Cette démarche n’aboutit qu’à un échec.

Une conférence réunie à Peschawar n’eut aucun résultat ; le langage et la conduite que Schere-Ali y fit tenir par son ambassadeur furent de plus en plus hautains et agressifs, et cet ambassadeur étant mort subitement, les pourparlers furent abandonnés sans chances de pouvoir jamais reprendre. Le cabinet anglais se résolut alors à attendre les événements tout en restant dans une vigilante réserve.

Cependant le général Kauffmann continuait à étendre la domination russe vers le sud du Turkestan ; sa marche était rapide, ses succès étaient brillants et de nature à frapper l’esprit des populations de l’Asie centrale, en leur montrant la puissance de la Russie.

Le bruit se répandit même bientôt que le général Kauffmann avait fait agréer un représentant de son gouvernement par Schere-Ali, et que l’émir avait reçu avec ostentation une ambassade du czar en un moment où une rupture paraissait imminente entre l’Angleterre et la Russie.

Le cabinet de Londres s’émut de cette nouvelle et ordonna alors au vice-roi de l’empire anglais des Indes d’envoyer aussitôt un ambassadeur à Caboul, avec une escorte suffisante pour le préserver contre toute tentative (août 1878).

S’il fallait en croire cependant les journaux russes, le but de la mission envoyée par leur gouvernement était simplement de nouer de nouvelles relations commerciales avec l’Afghanistan, et tout au plus de remercier Schere-Ali de la neutralité observée par lui dans