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Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/74

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Un chemin qui remonte la vallée du Kunar, de Djellalabad à Tchitral et Mastuji, un autre chemin partant de Gilgit dans la vallée de l’Indus (72° longitude est, 35°, 50’ latitude nord) et aboutissant au même point par le défilé de Karambar, permettent, en effet, d’atteindre la passe de Baroghil et de se diriger ensuite sur Khokand et les villes de la frontière de Chine, en traversant le plateau de Pamir.

Cette haute région paraît impraticable pour une armée, mais on peut tourner le plateau de Pamir et se rendre plus facilement de Khokand dans l’Inde, soit par Hissar, Faizabad et la passe de Nuksan qui débouche dans la vallée supérieure du Kunar entre Tchitral et Mastuji, soit en suivant le cours de l’Ab-i-Penjab depuis les environs de Kulab jusqu’au défilé de Baroghil.

Tel est l’ensemble général des voies de communication de l’Afghanistan.


VI

ORGANISATION INTÉRIEURE.

1° ORGANISATION SOCIALE ET POLITIQUE.

L’organisation sociale et politique de l’Afghanistan est une sorte de « féodalisme » compliqué d’éléments fédératifs.

En dehors des possessions immédiates de l’émir de Caboul, les pays afghans ne sont, en effet, qu’une réunion de petits états, principautés ou khanats, tribus ou clans, ayant chacun leur gouvernement spécial, despotique ou constitutionnel, républicain ou patriarcal, leur territoire bien défini, et ne se rattachant presque tous au pouvoir central que par la soumission de leur chef. Le plus souvent, ces petits états sont complétement indépendants les uns des autres ; quelquefois, cependant, ils se réunissent pour former des alliances ou des fraternités de tribus, fédérations éphémères, qui, nées des besoins du moment, disparaissent avec les causes qui les ont produites ou se transforment suivant la marche des événements : telles sont la ligue des Outmans, celle des Mohmunds, etc.

Le chef suprême des Afghans, le khan de Caboul, portait, il y a peu d’années encore, le titre de schah, comme les souverains de la Perse ; dans les actes publics et les traités diplomatiques, il était même qualifié, au commencement de ce siècle, de schah-dour-i-douran[1], souverain du monde des mondes. Aujourd’hui, il est revêtu de la dignité d’émir, émir-el-moumeneim, commandeur des croyants.

  1. Textuellement, souverain du rond des ronds.