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Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/77

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vince ou du district, soit par la ville ou la tribu. Pris en corps, on les désigne sous les noms d’ulémas ou savants. En général ils se font remarquer par leur intelligence et leur savoir. En dehors de leurs fonctions de prêtres ou d’instituteurs, ils sont chargés, comme dans tous les pays musulmans, de seconder les juges pour l’interprétation de la loi.

On n’a aucune donnée certaine pour déterminer avec quelque précision le revenu public ; on a cru pouvoir l’estimer à une trentaine de millions.

D’après M. Perrin, ce revenu se serait élevé jusqu’à trois crores de roupies[1] ou 75 millions de francs, pendant la période de paix qui a régné en Afghanistan au commencement de ce siècle. Cet argent est produit par un impôt foncier, par le rendement des domaines de l’état ou par les taxes des douanes. Le plus souvent l’impôt est payé directement à l’état par le hakem, qui prend alors à ferme le gouvernement de sa province. Le trésor renfermait aussi, paraît-il, une collection de joyaux excessivement riche et remarquable.

Dans les parties des pays afghans qui ne sont pas placées sous la domination immédiate de l’émir, l’autorité centrale n’agit, avons-nous dit déjà, que par l’intermédiaire du chef de la tribu ou de la réunion de tribus (oulouss, communauté de tribus).

« Le gouvernement intérieur d’un oulouss est entre les mains d’un khan et de l’assemblée des chefs. Ces assemblées portent le nom de djirga.

« Le khan préside le principal djirga, composé des chefs des principales branches de l’oulouss. Chacun d’eux tient son propre djirga, composé des chefs de divisions ; ces derniers font de même, et les membres du plus petit djirga connaissent le sentiment de leurs subordonnés, ou sont en mesure de leur faire adopter les leurs.

« Dans les cas de peu d’importance, ou en certaines occasions, le khan agit sans consulter le djirga principal, qui, quelquefois aussi, émet une opinion sans consulter les djirgas inférieurs ; mais, dans les circonstances délicates, rien ne se décide sans que l’opinion de toute la tribu soit connue.

« Ce système éprouve assez souvent des modifications, mais on peut le considérer comme le type du gouvernement général des tribus.

« Dans toutes les tribus, l’objet de l’attachement des Afghans est plutôt la communauté que le chef ; si, dans leur pensée, l’idée d’une magistrature instituée pour l’intérêt général se trouve, à

  1. La roupie vaut environ 2 fr. 50. — 100,000 roupies font un lack, et 100 lacks font un crore.