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Page:Étude militaire, géographique, historique et politique sur l'Afghanistan.pdf/79

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fance, l’humeur belliqueuse développée par les courses dans les déserts et dans les montagnes, l’habitude de se suffire à soi-même, la vigueur corporelle toujours maintenue en haleine par un exercice constant et salutaire, en font des soldats redoutables, éminemment propres aux guerres d’embuscade, habiles à surprendre l’ennemi, à se dérober à sa poursuite, à le harceler de jour et de nuit, à le fatiguer par des attaques incessantes.

L’organisation actuelle de l’armée régulière afghane remonte à quelques années seulement. C’est en 1869, à la suite d’un voyage qu’il fit dans l’Inde anglaise, que Schere-Ali se décida à entreprendre une série de réformes qui n’ont pas tardé à faire de ses troupes une force respectable.

Aujourd’hui l’armée régulière afghane se divise en trois catégories : l’armée active, sa réserve ou defteri, et une sorte d’armée territoriale ou deuxième réserve (ouloussi).

L’armée active comprend 57 régiments d’infanterie, 16 régiments de cavalerie[1] et un certain nombre de batteries de campagne et de batteries de place ; elle se recrute par voie de tirage au sort et à l’aide d’engagements volontaires.

Le defteri ou première réserve, dont l’effectif semble pouvoir être évalué au dixième de la population mâle valide, fournit une milice répartie entre les trois armes, soumise à des exercices périodiques et qui doit être prête à marcher au premier signal. Les hommes du defteri sont immatriculés par district et perçoivent, même en temps de paix, une petite rémunération en espèces, qui est remplacée dans certaines parties du pays par des avantages particuliers, tels que le droit d’usance des canaux ou des allocations de denrées.

La deuxième réserve n’est destinée à être appelée que dans des cas exceptionnels ; c’est la levée en masse de tous les hommes valides.

Des fonderies de canons, des manufactures d’armes, des capsuleries ont été créées depuis dix ans ; des magasins d’habillement, des arsenaux ont été construits et mis promptement en état de répondre à tous les besoins.

L’émir est le chef suprême de l’armée ; les officiers généraux sont très-peu nombreux, ils portent le titre de serdar ; aujourd’hui on les désigne aussi sous le nom de djernal qui n’est que le titre anglais corrompu. Les souverains de l’Afghanistan ont quelquefois conféré le titre de serdar-serdaran (serdar des serdars) a des officiers gé-

  1. Ces renseignements remontent déjà à quelques années, mais il y a lieu de croire que Schere-Ali, loin de laisser affaiblir son armée, avait dû employer ces derniers temps à en perfectionner l’organisation.