Page:Études religieuses, historiques et littéraires, volume 69, septembre-décembre 1896.djvu/393

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révolter tout sens chrétien, c’est de présenter dans une luciférienne le type de toutes les vertus, une sainte à faire pâlir les Cécile et les Agnès ; c’est de mettre cette virginité immaculée que Diana nous vante en elle-même, avec une effronterie dégoûtante, sous la protection… du démon de l’impudicité en personne, d’Asmodée, son amoureux ; de raconter, sans doute en preuve de cette innocence, les déclarations d’amour d’Asmodée, ses baisers respectueux et les voyages aériens que fit Diana dans les bras du jeune daimon, voyages qui lui laissent toujours le plus exquis parfum de rose. Tels sont les récits dédiés aux jeunes filles de France, aux sœurs de Jeanne d’Arc.

Plus répugnante encore, s’il est possible, est l’histoire que Diana nous raconte de sa rivale Sophia Walder (aussi inconnue d’ailleurs que Diana elle-même). Dans cette vie, les daimons et les daimones — car on les distingue par une égale insulte au bon sens et à la foi — jouent un rôle plus hideux. La chaste Diana nous raconte avec une complaisance marquée comment Sophia n’est pas fille de Walder, dont elle porte le nom, mais d’un démon, peut-être de celui qui sera son époux ; comment très probablement « elle a tété du lait de diable » (Mémoires, p. 293), Bitru ayant remplacé sa mère enlevée par Lucifer ; comment enfin Bitru se l’est réservée et lui a conféré tous ses pouvoirs magiques. Aussi peut-elle « se fluidifier à volonté et passer à travers des murailles blindées d’acier » ; mais l’exercice, dit-elle, est très fatigant.

Le type de Sophia Walder est tracé par le faussaire avec une prédilection marquée : il lui réserve certainement un grand rôle. Pourquoi ne se convertirait-elle pas, elle aussi ? Quel succès et quels beaux revenus, si après les récits de Diana déjà épuisée, on pouvait publier les Mémoires de la Bisaïeule de l’Antéchrist convertie ! Qu’on lise les derniers numéros de l’ex-palladiste, et l’on verra la conversion de Sophia préparée comme celle de Diana l’avait été dans le Diable au dix-neuvième siècle.

Ajoutons que le faussaire des Mémoires n’a pas eu même la pudeur de changer son éditeur. Avant la conversion de Diana, M. Pierret publie le Palladium impie sous la rubrique Librairie palladiste : Diana se convertit, et c’est encore