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Page:Œuvres Complètes de M. Le Vicomte de Chateaubriand, éd. Pourrat, tome 18, 1836.djvu/327

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désagréable ? Je ne le crois pas : la gloire est pour un vieil homme ce que sont les diamants pour une vieille femme : ils la parent, et ne peuvent l’embellir.

Les plaisirs de notre jeunesse, reproduits par notre mémoire, ressemblent à des ruines vues au flambeau.

Il est un âge où quelques mois ajoutés à la vie suffisent pour développer des facultés jusque alors ensevelies dans un cœur à demi fermé : on se couche enfant, on se réveille homme.

Si quelques heures font une grande différence dans le cœur de l’homme, faut-il s’en étonner ? il n’y a qu’une minute de la vie à la mort.

Les peines sont dans l’ordre des destinées : ceux qui, cherchant à les oublier, s’occupent de l’avenir, ne songent pas qu’ils ne verront point cet avenir. Chacun en mourant remet le poids de la vie à un autre ; à chaque sépulture, il y a un homme qui reçoit le fardeau de la main de l’homme qui se va reposer : le nouveau messager porte à son tour ce fardeau jusqu’à la tombe prochaine.

Tous les hommes se flattent ; nous avons tous à la bouche cette phrase banale : Il y a bien loin d’aujourd’hui à telle époque. — Bien loin ! et la vie, combien dure-t-elle ?