Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soit par l’ambition qu’ils ont de parvenir aux grandes dignités, ils seraient bien plus saints ; auraient moins d’attachement pour la propriété et plus de charité envers tous.

L’HOSPITALIER.

C’est ce que semble dire Saint Augustin. Mais l’amitié n’est donc rien chez ces gens-là, puisqu’ils ne peuvent se rendre de mutuels services ?

LE GÉNOIS.

Il y a plus, aucun d’eux ne peut recevoir de présent d’un autre, tout ce dont ils ont besoin leur étant donné par la communauté. Les magistrats empêchent qu’aucun n’ait plus qu’il ne mérite, mais rien de nécessaire n’est refusé à personne. L’amitié se fait connaître par les services qu’ils se rendent à la guerre ou en cas de maladie, ou bien encore dans l’étude des sciences, où ils s’aident de leur lumières réciproques, de leurs soins, de leurs éloges. S’ils se font des présents, c’est sur le nécessaire qu’ils les prélèvent. Ceux du même âge s’appellent frères entre eux ; ceux qui ont plus de vingt-deux ans sont appelés pères par ceux qui sont plus jeunes, et leur donnent le nom de fils. Les magistrats veillent rigoureusement à ce que personne n’enfreigne cette loi.

L’HOSPITALIER.

Quels sont leurs magistrats ?