Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/208

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se reposent un instant, tandis que l’artillerie vomit des projectiles meurtriers contre l’ennemi, dont ils achèvent ensuite facilement la déroute. Ils ont une foule de ruses semblables, car dans les stratagèmes et dans l’usage des machines de guerre aucun peuple ne les surpasse. Ils établissent leurs camps à la manière des Romains et dressent leurs tentes, les entourent de palissades et de fossés avec une célérité surprenante. Des chefs particuliers président aux travaux, aux machines, au service des canons. Tous les soldats savent se servir de la houe et de la hache. Cinq, huit ou dix généraux, experts dans l’art des stratagèmes et des évolutions, commandent aux diverses parties de l’armée les mouvements qu’ils sont convenus d’exécuter à l’avance. Ils conduisent d’ordinaire avec eux une troupe d’enfants à cheval, afin de les habituer à la vue du sang répandu, comme les louveteaux et les lionceaux ; mais au moment d’un grand danger, on les place à l’écart, ainsi que les femmes armées. Après la bataille, ces femmes et ces enfants félicitent les guerriers et pansent les blessés, et les réconfortent avec des caresses et de douces paroles, qui produisent un effet merveilleux. Les combattants, voulant se montrer courageux aux yeux de leurs femmes et de leurs enfants, tentent d’incroyables efforts, et l’amour leur fait remporter la victoire. Celui qui monte le premier à l’assaut reçoit une couronne de gazon, aux applaudissements des femmes et des enfants ; celui qui sauve la vie à un compagnon d’armes en reçoit une de chêne ; celui qui tue un tyran en consacre les dépouilles opimes au temple, et le Soleil lui donne un surnom rappelant son action. D’autres couronnes sont également distribuées. Chaque cavalier porte une lance et deux pistolets d’un fort calibre et dont le canon va se rétré-