Page:Œuvres choisies de Thomas Campanella.djvu/237

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de faux héros et de faux saints, qui, pour soutenir la position qu’ils se sont faite, renoncent continuellement à leur individualité. Ils concluent de cet état de choses qu’une grande perturbation a dû avoir lieu parmi les hommes par un accident inconnu. D’abord, ils inclinèrent à penser, avec Platon, qu’autrefois les astres faisaient leur révolutions, de ce que nous appelons aujourd’hui occident, à ce point du ciel que nous nommons Orient, puis que leur cours avait changé. Ils pensèrent aussi qu’il était possible que Dieu permit qu’une divinité inférieure réglât les choses d’ici-bas ; mais ils repoussèrent ensuite cette assertion comme erronée. Ils regardent comme plus absurde encore l’opinion de ceux qui prétendent que Saturne, ayant régné d’abord selon la vraie sagesse, Jupiter altéra ce premier règne, et ainsi de suite des autres planètes, bien qu’ils croient que les âges du monde sont réglés par la série des planètes, et que les choses varient infiniment tous les mille ou seize cents ans, par les mutations des apsides.


Ils pensent que nôtre âge est soumis à l’influence de Mercure, quoiqu’il soit contrarié par de grandes conjonctions, et que le retour des anomalies ait une puissance fatale. Ils envient les chrétiens qui se contentent d’attribuer au seul péché d’Adam une aussi grande perturbation, et ils disent que les peines des fautes paternelles doivent retomber sur les enfants, mais non les fautes elles-mêmes. Ils affirment aussi que les péchés des fils remontent à leurs pères, qui n’ont pas suivi les lois de la génération ou ont négligé leur éducation et leur instruction ; c’est pourquoi ils donnent tous