Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/236

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Tous les gens de bien doivent être amis entre eux, même sans se connaître beaucoup ; et c'est l'ascendant de supériorité qui rapproche leur conduite et leurs principes, qui doit établir entre eux cette amitié ; car les pareils ne se contrarient jamais, et conséquemment entre les gens de bien seuls existe réellement une amitié digne de ce nom. La sagesse garantit la vigueur de l'adolescence à celui qui tout en aimant le bien se sera senti particulièrement porté à la pratique des bons principes par la pureté de son âme ; et il n'y aura pas de difformités corporelles qui puissent exclure ces honorables penchants : car, quand l'âme s'est fait chérir pour elle-même, l'homme tout entier devient aimable, et quand c'est le corps seul qui est désiré, c'est la partie la moins noble de l'être qui se trouve aimée. On est donc fondé en raison à croire que celui qui a la connaissance du bien aspire à ce qui est analogue au bien ; car celui-là seul est enflammé de bons désirs, qui voit ce bien avec les yeux de l'âme : c'est même là ce qui s'appelle être sage, attendu qu'ignorer les vrais biens, c'est les détester ; et, nécessairement, c'est aussi ne pas aimer la vertu. La conséquence ne saurait manquer : un homme qui déteste la vertu laisse prédominer en lui l'amour des voluptés honteuses. Le sage au contraire est tel que la perspective d'un plaisir, quelque vif qu'il doive être, ne le déterminera point à agir s'il ne voit pas pour sa plus belle récompense une satisfaction honorable à