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Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/247

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seront modérés à l'égard des autres, retenus à l'égard d'eux-mêmes.

Chapitre 28

Selon Platon, il y a quatre classes de coupables : la première, celle des hommes constitués en haute dignité ; la deuxième, celle des membres d'un gouvernement oligarchique ; la troisième, celle des démocrates ; la dernière, celle des tyrans. Les premiers se montrent lorsque les plus sages citoyens étant bannis de la ville par des magistrats séditieux, le pouvoir est déféré à ceux qui n'ont que la force matérielle, lorsque ceux qui pourraient gouverner au nom de la persuasion n'occupent plus le pouvoir et l'ont résigné entre des mains turbulentes et brutales. L'oligarchie existe lorsqu'une majorité d'hommes sans ressources et sans aveu se met à la discrétion de quelques riches, se livre à eux corps et âmes, et qu'ainsi la souveraine puissance devient l'apanage non pas d'hommes éclairés mais de quelques parvenus opulents. La démocratie se constitue lorsque la multitude indigente prévaut sur la fortune des riches et que le peuple a pu faire proclamer cette devise, “chances égales pour tous d'arriver aux honneurs.” Enfin le pouvoir tyrannique se développe lorsqu'un homme, s'affranchissant avec audace des entraves de la légitimité, envahit par une agression non moins audacieuse l'empire désormais sans lois, établit pour unique code que la multitude entière des citoyens obéira à ses désirs, à ses caprices, et ne met plus de bornes aux hommages qu'il prétend exiger.