Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/25

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et de trous à droite, il produisit la symphonie musicale par la combinaison des sons aigus et des sons graves. Pour en venir à son fils Marsyas, dont le talent musical rivalisait avec celui de son père, c'était du reste un Phrygien, un Barbare ; sa face repoussante était celle d'une bête fauve, et se hérissait d'une barbe sale ; toute sa personne n'était que soies et que poils. Eh bien ! on rapporte (audace inconcevable !) qu'il entra en lice avec Apollon. C'était Thersite le disputant à Nirée, un rustre à un savant, une brute à un dieu. Les Muses avec Minerve poussèrent l'ironie jusqu'à se constituer les juges, voulant se moquer de la grossièreté de ce monstre et aussi le punir de sa stupidité. Mais Marsyas, et c'est le trait le plus caractéristique de la sottise, ne remarquant pas qu'on se moquait de lui, commença, avant de jouer de la flûte, par débiter en un jargon barbare une foule d'absurdités sur lui-même et sur Apollon. Il se louait d'avoir la chevelure rejetée en arrière et la barbe sale ; d'avoir la poitrine velue ; d'être musicien de profession et de n'avoir pas de fortune. Au contraire, accusation bizarre ! il reprochait à Apollon les mérites opposés : d'être Apollon, de n'avoir pas les cheveux coupés, d'être agréable de visage, d'avoir la peau douce, de posséder une foule de talents divers et une fortune opulente : “Et d'abord, disait-il, ses cheveux arrangés en bandeaux et en boucles se déploient