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Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/37

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un baudrier avec des broderies à la Babylonienne, parsemé des plus riches couleurs : dans ce travail également, personne ne l'avait aidé. Il avait pour se couvrir un pallium blanc, jeté autour de ses épaules, et il est certain que ce pallium était aussi son ouvrage. C'était encore lui qui s'était façonné les pantoufles qui couvraient ses pieds, ainsi que l'anneau d'or de sa main gauche, qui avait un cachet très élégant, et qu'il montrait avec affectation ; lui-même avait arrondi le cercle de cet anneau, en avait scellé le chaton, en avait gravé la pierre. Je n'ai pas encore énuméré tout ce qu'il avait fait de ses propres mains ; et pourrais-je éprouver de la fatigue à énumérer ce qu'il n'éprouvait pas de honte à montrer avec ostentation ? Il se vanta dans une assemblée nombreuse de s'être fabriqué le vase à huile qu'il avait coutume de porter : c'était un flacon de forme lenticulaire, et arrondi sur les contours de manière à figurer une sphère aplatie. Il avait fait, pour servir de pendant au flacon, une charmante petite étrille, surmontée d'un manche vertical, et où circulaient intérieurement de petits tuyaux arrondis en forme de rigoles : de telle sorte que la main la retenait au moyen de cette poignée, et que la sueur s'écoulait le long des conduits. Or, comment ne pas louer un homme habile à tant de métiers, d'une telle magnificence dans ses créations, d'un savoir si universel, et qui rappelait Dédale par son adresse à façonner tant d'objets utiles ?