Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/39

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de mes talents votre précieux témoignage ! Non, par le ciel ! que je manque d'éloges ; car, établie depuis longtemps, ma gloire est parvenue depuis ceux qui vous ont précédé jusqu'à vous, toujours pure, toujours florissante. Mais c'est que je place au-dessus de tous les suffrages ceux de l'homme à qui j'accorde les miens à si juste titre. C'est un sentiment naturel de faire marcher l'amitié de pair avec l'estime, et d'ambitionner les éloges de ceux qu'on aime. Or, je professe pour vous le plus vif attachement. Si je ne dois rien à l'homme privé, comme personnage public toute ma reconnaissance vous est acquise. Il est vrai, je n'ai rien obtenu de vous, ne vous ayant jamais rien demandé ; mais la philosophie m'a appris à chérir non seulement ceux qui me font du bien, mais encore ceux qui viendraient à me faire du mal ; à écouter la voix de la justice plus que celle de mon intérêt ; à préférer l'utilité de tous à la mienne en particulier. Aussi, tandis que la plupart aiment les résultats de votre bonté, moi j'en aime la ferveur ; et cette sympathie, j'ai commencé à la ressentir en voyant le système qui préside à vos rapports avec les habitants de la province. Tous, en effet, doivent tendrement vous chérir : ceux qui ont eu affaire à vous, à cause de vos bienfaits ; les autres, à cause de l'exemple même ; car, si vos bienfaits ont été efficaces pour plusieurs, vos exemples ont été salutaires pour tous. Qui n'aimerait à apprendre de vous par quelle modération