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Page:Œuvres complètes d’Apulée (éd. Garnier), tome 2, 1883.djvu/81

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XXIII. Qu'un navire, se disait-il, soit solide, habilement fait, bien établi au-dedans, au-dehors orné d'élégantes peintures ; qu'il ait un gouvernail bien mobile, de solides amarres, un mât élevé ; que la hune en soit remarquable, les voiles, brillantes ; enfin tout l'équipement, aussi commode à la manoeuvre que flatteur pour le coup d'oeil ; si ce navire n'est pas dirigé par un pilote, ou s'il l'est par la tempête, combien facilement, avec tous ces superbes appareils, il ira s'engloutir dans les abîmes ou se briser contre les écueils ! Voyez encore les médecins quand ils entrent chez un malade pour une visite. Aucun d'eux, parce qu'il voit dans la maison de superbes balustres, des lambris couverts d'or, des troupeaux d'enfants et d'adolescents d'une rare beauté debout autour du lit dans l'appartement, aucun d'eux donne-t-il pour cela bon espoir au malade ? Non ; mais lorsqu'après s'être assis à son chevet, avoir pris sa main, l'avoir tâtée, avoir étudié les pulsations et leurs intervalles, le médecin y trouve du désordre et de l'irrégularité, il lui déclare que son état est dangereux. Ce richard est condamné à la diète : de la journée, dans sa maison où règne l'opulence, il ne reçoit pas un morceau de pain ; cependant que tous ses serviteurs se divertissent et font bombance. Et à cela sa condition ne saurait rien faire.

Chapitre 24