ment se moque de la morale de l’esprit, qui est sans règles. Car le jugement est celui à qui appartient le sentiment, comme les sciences appartiennent à l’esprit. La finesse est la part du jugement, la géométrie est celle de l’esprit.
Se moquer de la philosophie, c’est vraiment philosopher.
Toutes les fausses beautés que nous blâmons en Cicéron ont des admirateurs, et en grand nombre.
Il y a beaucoup de gens qui entendent le sermon de la même manière qu’ils entendent vêpres.
Les rivières sont des chemins qui marchent, et qui portent où l’on veut aller.
Deux visages semblables, dont aucun ne fait rire en particulier, font rire ensemble par leur ressemblance.
Probabilité. — Ils ont quelques principes ; mais ils en abusent. Or, l’abus des vérités doit être autant puni que l’introduction du mensonge.
Je ne puis pardonner à Descartes.
Les principales forces des pyrrhoniens, je laisse les moindres, sont que nous n’avons aucune certitude de la vérité de ces principes. hors la foi et la révélation, sinon en ce que nous les sentons naturellement en nous : or, ce sentiment naturel n’est pas une preuve convaincante de leur vérité, puisque n’y ayant point de certitude, hors la foi, si l’homme est créé par un Dieu bon, par un démon méchant, ou à l’aventure, il est en doute si ces principes nous sont donnés ou véritables, ou faux, ou incertains, selon notre origine. De plus, que personne n’a d’assurance, hors de la foi, s’il veille ou s’il dort, vu que durant le sommeil on croit veiller aussi fermement que nous faisons ; on croit voir les espaces, les figures, les mouvemens ; on sent couler le temps, on le mesure, et enfin on agit de même qu’éveillé ; de sorte que, la moitié de la vie se passant en sommeil, par notre propre aveu, où, quoi qu’il nous en paroisse, nous n’avons aucune idée du vrai, tous nos sentimens étant alors des illusions, qui sait si cette autre moitié de la vie où nous pen-
- ↑ Article 1 de la seconde partie, dans Bossut.