Madame de Pontanges — entre le prince de Loïsberg et le spirituel Ferdinand Dulac — lui paraissait ravissante.
Je vous l’assure, en vérité, il était impossible de n’être pas amoureux d’une femme encadrée de la sorte.
Lionel quitta le bras de mademoiselle Bélin. Il vint saluer madame de Pontanges et Ferdinand Dulac, qu’il connaissait.
— Venez-vous voir danser, madame ? lui demanda-t-il.
— J’attends que ma tante nous ait rejoints.
— La voici, dit Lionel en allant au-devant de madame Ermangard de l’air le plus gracieux du monde.
— Qu’avez-vous fait de Clorinde ? demanda Laurence.
— Je l’ai confiée, reprit madame Ermangard, à quelqu’un qui se charge de la ramener chez vous.
— Eh bien, dit madame de Pontanges, allons voir le bal.
Je vous donne en cent à deviner ce que fit alors Lionel pour avoir le droit de suivre madame de Pontanges. — Il offrit son bras — à la tante !!!
Ce qui fit rire aux éclats mesdemoiselles Bélin. — Mais qu’importe ; riez, petites folles, il n’est plus question de vous ; vous n’êtes que des élégantes ! il lui faut des grandes dames maintenant.
Comme madame de Pontanges allait entrer dans la salle de bal, elle rencontra la dame de ces lieux, la duchesse de Champigny.
— Bonjour, chère belle, s’écria celle-ci ; qu’il y a longtemps qu’on ne vous a vue ! Est-ce que vous voulez entrer là dedans ? c’est un gouffre, n’y allez pas. Venez plutôt avec nous prendre des glaces dans le salon. Vous retournerez à Pontanges quand la lune sera levée. Il y a des siècles que vous n’êtes venue chez moi !
Voyant que Laurence hésitait :
— Madame Ermangard et monsieur voudront bien vous accompagner, je l’espère, ajouta la duchesse en regardant Lionel ; — que je ne sépare personne ! dit-elle en souriant.
Lionel obéit à cette invitation ; il suivit la duchesse et madame de Pontanges, et entra avec elles dans la cour du château.
Madame d’Auray, le voyant disparaître avec la duchesse de Champigny, qu’il ne connaissait pas, ne put cacher son étonnement, et l’on remarqua sa mauvaise humeur tout le reste de la soirée.