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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 2.djvu/367

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DE PONTANGES.

elle se sentait ébranlée jusqu’au fond de l’âme. Tant d’agitations l’épuisaient ; la présence de l’austère curé seule parvenait à la calmer, il lui rendait des moments de courage ; lui, qu’elle avait vu si sévère quand Lionel était là, quand elle était heureuse… maintenant il était doux et triste ; il ne disait rien, mais on sentait qu’il prenait en pitié cette âme malade ; et sa compassion tacite adoucissait l’amertume du sacrifice qu’il approuvait. Laurence supportait encore les occupations de la journée ; mais le soir, le soir… toute sa vie passée se ranimait ; la joie perdue lui apparaissait avec toute la cruauté d’un adieu… le souvenir de ses jours de bonheur revenait brûler sa pensée ; ces paroles si tendres, ces prières coupables qui l’avaient offensée, elle croyait les entendre encore ; ces caresses passionnées qui l’avaient révoltée comme une injure, elle se les rappelait avec délices ; et dans ses vertiges d’amour elle sentait battre son cœur sous la main qu’elle avait repoussée. Ce pauvre cœur était dans un état de fièvre continuelle ; quelquefois ses battements irréguliers devenaient insupportables et la suffoquaient ; le bruit d’une porte qu’on ouvrait, d’une voiture qui passait ; comme une détonation faisait tressaillir, tout son être ; sa tête semblait se briser à tout moment, ses pensées semblaient se perdre emportées dans un tourbillon ; et, comme Mazeppa, entraînée par une course trop rapide, haletante, épuisée, il lui tardait de tomber pour s’arrêter. La chute était moins horrible que la fuite, le remords moins pénible que le combat.

Enfin elle perdit la tête ; et dans un moment de délire, oubliant sa religion, ses principes, ses préjugés même, elle écrivit cette lettre :

« Je suis trop malheureuse… Si vous souffrez autant que moi, revenez ! »

Et il revint.


XXXII.

FAIBLESSE.


Il revint… oh ! quelle joie ! Si vous l’aviez vu quand il entra dans cette maison d’où il se croyait banni pour toujours ! si