SECONDE PARTIE.
I.
UN DÉPIT.
— Quoi !… Lionel se marie ?… c’est impossible… Ferdinand, mon cher, tu m’en imposes !
M. Bonnasseau tutoyait volontiers quand il était ému ; il fallait lui dire vous plusieurs fois pour le ramener à l’ordre.
— C’est comme je vous le dis. Je pars dans une heure pour Boismont, où se fait la noce. Mais comment n’êtes-vous pas mieux instruit, vous ? C’est madame d’Auray qui a fait ce mariage.
— Madame d’Auray ! elle ne m’en a rien dit, s’écria Melchior Bonnasseau.
— C’est une surprise qu’elle vous ménage.
— Quelle dissimulation ! hier encore je lui parlais de M. de Marny…
— Ah ! mon cher, les femmes sont si perfides !
— Si celle-là ne me trompe jamais que comme cela, je lui pardonnerai, dit en riant Melchior. Mais comment Marny a-t-il consenti à ce mariage ? Et sa passion pour madame de Pontanges ?…
— Elle est plus violente que jamais ; il en perd la tête.
— Et il se marie ?…
— Précisément.
— Alors il ne l’aime plus ?
— Au contraire.
— Ah !… mais qu’est-ce que tout cela veut dire ? Il l’aime plus que jamais, et il épouse une autre ? cela n’a pas de nom !…