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Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 2.djvu/414

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MONSIEUR LE MARQUIS

point de phrases, point de gestes ; c’est vrai tout cela… Simple, et courageuse… elle ne s’évanouira pas… vous verrez qu’elle aura la force de ne pas se trouver mal… et puis quand elle sera seule, elle pleurera à en mourir. J’aime ça… c’est très-bien… voilà la femme vraie… Quelle attitude ravissante ! Cette main qui retient son cœur est charmante, il faudra que j’indique ce geste à madame Dorval.

Et M. Dulac mettait sa vanité à contempler avec un sang-froid diabolique le drame qu’il avait arrangé. Il aida madame de Pontanges à se relever. Comme elle tremblait, la pauvre femme !

— Y a-t-il longtemps que vous êtes marié ? demanda-t-elle à M. de Marny.

— J’ai reçu votre lettre le jour de mon mariage, et je suis parti…

Il y avait de l’amour dans cette réponse et dans la voix de Lionel ; Laurence eut pitié de lui. Son indignation s’apaisa, elle pleura.

— Hélas ! dit-elle avec une douceur pleine de générosité, c’est ma faute, je vous ai écrit trop tard…

— Oh ! ne me haïssez pas ! s’écria Lionel en la suppliant à genoux ; je suis si malheureux !…

Laurence jeta les yeux sur lui ; il faisait mal à regarder : la colère, l’amour, la douleur, avaient bouleversé ses traits ; il avait l’air d’un homme qui va mourir… il était impossible de ne pas lui pardonner.

Madame de Pontanges lui tendit la main, il la mouilla de ses larmes.

— Pauvre Lionel ! dit Laurence ; quel bonheur vous avez détruit ! Que deviendrai-je, moi ?… et vous ?… Est-elle aimable sa femme ? ajouta-t-elle en se tournant vers M. Dulac, les yeux rouges de pleurs ; l’aime-t-elle ?

— Vous la connaissez, répondit Ferdinand, que cette scène commençait à attendrir ; c’est mademoiselle Clémentine Bélin.

Madame de Pontanges tressaillit. Oh ! oui, je la connais, dit-elle, je l’ai vue plusieurs fois… elle est belle, elle m’a déplu… Ah ! j’avais deviné cela…